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Par Aziz Boucetta
Mais que constatons-nous dans cette belle ville, dite blanche, mais qui jaunit de plus en plus ? Une « palmiérisation » sauvage, soutenue, résolue, aussi coupable qu’irresponsable. Regardons le littoral casablancais et nous en conviendrons aussi. Des palmiers, encore des palmiers et toujours des palmiers, locaux ou d’origine américaine, comme les Washingtonia ou encore les Pritchardias. Sauf que les palmiers ne sont pas des arbres, mais s’apparentent à des plantes vertes.
Or, une ville a besoin d’arbres car ils sont un puissant moyen de purifier et de refroidir l’air, ce qui n’est pas un luxe dans une ville aussi humide. Pour dire les choses autrement, d’une manière plus crue, les arbres contribuent à sauver des vies humaines.
En effet, selon l’ONG Nature Conservancy qui a étudié les 250 plus grandes métropoles dans le monde, planter des arbres leur permet de sauver entre 11.000 et 37.000 vies par an, sans compter les maladies évitées car les arbres filtrent les particules contenues dans l’atmosphère, ainsi que bien d’autres polluants de l’air !! En outre, un arbre mature produit annuellement une centaine de kg d’oxygène par an, soit la moitié de la consommation annuelle d’un adulte…. Sans compter les ombres des arbres qui permettent de baisser la température ambiante, dans un pays plutôt chaud.
Or, regardons encore une fois Casablanca… Le sport favori des élus ou autres responsables est de sévèrement élaguer des arbres qui n’ont pourtant rien demandé à personne et qui assuraient, en plus des avantages sanitaires, une esthétique urbaine dont la métropole a bien besoin.
Prenons l’exemple de Rabat et on comprendra : des arbres plantés voici des dizaines d’années, qui ressemblent aujourd’hui à de véritables poèmes, avec leurs feuillages qui tanguent au gré des vents, dans un bruissement qui sonne comme une douce musique aux oreilles des passants et surtout des riverains.
Que coûterait-il donc à la mairie de Casablanca de s’intéresser à cette question ? Oh, il paraît qu’une commission a été mise sur pied pour réfléchir à la question, mais les commissions ad hoc ou autres comités Théodule, nous autres Marocains savons bien ce que c’est : des gens qui viennent, prennent place autour d’une table, consomment thés et friandises, causent et glosent, établissent un ou deux rapports… qui vont se joindre aux autres dans des tiroirs surpeuplés.
Au Canada, le Premier ministre Trudeau a annoncé la plantation de 2 milliards d’arbres à l’horizon 2030. Pourquoi la Ville de Casablanca ne prendrait-elle pas une décision similaire, imposant par exemple à tout promoteur immobilier (et Dieu sait qu’il y en a dans la ville) de planter un nombre déterminé d’arbres avant l’obtention de son permis d’habiter ? Et idem pour les particuliers qui construisent leur nid… Les espaces existent pourtant, en ville ou dans ses alentours.
On pourrait rétorquer que l’eau est rare, qu’il faut l’économiser, mieux l’utiliser etc… Alors commençons par les golfs, dont Casablanca abrite une bonne demi-dizaine, et qui nécessitent environ 2 à 3.000 m3 chaque jour, chacun !
Et réfléchissons, pour mieux comprendre les choses et sans accuser personne, au fait que le bois des arbres élagués ou abattus est vendu en bois de chauffe et que la plantation compulsive des palmiers doit bien faire le bonheur de quelqu’un…
La maire et ses pairs sont-ils bien conscients de tout cela ? Il semblerait que non puisque les arbres continuent d’être allégrement abattus, ou copieusement élagués, que les palmiers sont toujours aussi généreusement plantés et qu’aucune politique sérieuse de plantation d’arbres n’est annoncée.
Rédigé par Aziz Boucetta sur PanoraPost