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Nadia Fettah, Ministre de l’Économie et des Finances, a déroulé un discours lisse, prévisible, presque lyrique. Croissance projetée à 3,7 %, maîtrise des déficits, investissements… Autant de promesses que le peuple marocain a entendu mille fois, mais qu'il a rarement vu se concrétiser. Ironie du sort ? Plutôt une routine bien rodée.
La question reste : que cache cette belle vitrine d’équilibres budgétaires et de prévisions optimistes ? Car derrière les belles paroles se profile une réalité que personne ne veut vraiment dévoiler : un fossé toujours plus large entre les promesses du gouvernement et la vie quotidienne des citoyens.
Une mise en scène économique bien orchestrée
Soyons clairs, présenter une loi de finances, c’est un peu comme assister à une compétition de jonglerie. On s’extasie sur la technicité, mais personne ne se pose vraiment la question : où est la substance ? Un déficit "réduit", une inflation "maîtrisée", une croissance "encourageante".
C’est un ballet de termes macroéconomiques qui, au fond, ne change rien à la réalité vécue par le Marocain lambda, celui qui essaie encore de comprendre pourquoi son panier de courses a doublé en un an, pourquoi ses perspectives d’emploi restent aussi brumeuses que les prévisions météorologiques, et pourquoi l’accès aux services publics ressemble davantage à une chasse au trésor.
Ah, mais tout va bien ! Le gouvernement a promis des réformes. On les attend, ces réformes. Comme un passager en retard attend son train. Et pendant que l'attente se prolonge, les beaux discours se succèdent, les graphiques montent, les courbes s'inclinent dans la direction souhaitée. Après tout, la loi de finances n’est-elle pas, avant tout, un exercice de style, destiné à montrer que tout est sous contrôle ?
Le bilan d'un mandat ou l'art de repousser les limites de la patience
Alors, qu'a-t-il vraiment accompli ce gouvernement depuis qu’il est aux commandes ? Une croissance projetée à 3,7 % pour 2024, dites-vous ? Eh bien, nous avons vu cette pièce avant. En 2020, la pandémie a été le bouc émissaire parfait pour tout justifier. Et depuis ? Depuis, c’est un peu comme si le pays était coincé dans un marécage d’annonces et de promesses toujours différées.
Prenons par exemple la question de l'emploi des jeunes. Ce n’est pas un sujet brûlant, c’est un sujet en feu ! Les chiffres officiels parlent de programmes "ambitieux". Mais sur le terrain, les jeunes marocains se battent encore avec des contrats précaires, et une insertion professionnelle qui semble aussi accessible que le sommet du Toubkal pour un randonneur sans équipement.
L'éducation ? Parlons-en. La réforme de l'éducation devait être un pilier du mandat. Résultat ? Les infrastructures éducatives sont encore dignes du siècle passé. Et ne parlons même pas de la question de la formation des enseignants. Le bilan ? Quelques coups de pinceau sur une vieille toile.
Et la santé ? Le gouvernement nous a promis monts et merveilles avec la généralisation de la couverture médicale. Mais, étrangement, il est toujours aussi compliqué d’obtenir un rendez-vous chez le spécialiste, et les hôpitaux continuent de ressembler à des scènes de films catastrophes.
Ce gouvernement a fait de l'investissement son crédo, mais pour qui investit-il réellement ? Pour les entreprises déjà bien installées, ou pour ces milliers de petites entreprises qui luttent pour survivre chaque jour ? Le patronat se frotte les mains tandis que les TPE-PME scrutent, désabusées, les promesses non tenues.
En quête de réalités ?
Alors, quel sera le prochain acte de cette grande comédie politique ? Une nouvelle loi de finances, des prévisions optimistes, un gouvernement satisfait de ses réalisations. Et pendant ce temps, le peuple continue d’avancer lentement, face à une réalité qui semble bien loin des beaux discours. Oui, 2024 sera peut-être une année de croissance économique. Mais pour qui ? Certainement pas pour ceux qui attendent encore que les promesses descendent de leurs hauteurs pour toucher terre.