Par Dr Anwar CHERKAOUI
Chaque feuille d’arbre pouvait me révéler les secrets de la vie, chaque étoile scintillante me murmurait des strophes oubliées.
Mais là, dans les méandres des mathématiques, un monde mystérieux s'ouvrait devant moi, un monde où deux termes, aussi énigmatiques qu'envoûtants, venaient troubler mon esprit rêveur : le sinus et le cosinus.
Ces courbes, semblables à des vagues invisibles, ondulaient sur le tableau noir comme les lignes du destin.
Elles semblaient me murmurer une mélodie mathématique, une symphonie silencieuse où chaque point, chaque angle, portait en lui une signification profonde.
Fasciné, je contemplais ces deux fonctions, comme on contemple l’horizon, avec une curiosité teintée de respect, cherchant à comprendre leur nature intime, leur danse éternelle sur le cercle trigonométrique.
Le sinus, ce compagnon discret, montait doucement vers les cieux pour redescendre avec une grâce infinie, tandis que le cosinus, fidèle allié, traçait son chemin d’un pas égal, toujours prêt à suivre son frère de près.
Ensemble, ils étaient les gardiens d'une harmonie cachée, d'une vérité mathématique qui, bien qu’elle échappât à l’entendement du jeune lycéen, éveillait en moi une fascination grandissante.
Bien que je ne fusse qu’un élève moyen en physique et en mathématiques, la beauté de ces deux fonctions trigonométriques, presque mystiques, insufflait en moi une passion inédite.
Je voyais dans leurs courbes l'élan de la vie elle-même, une pulsation secrète qui régissait non seulement le monde des nombres, mais aussi celui du cœur et de l'âme.
Sinus et cosinus, dans leur danse infinie, semblaient me révéler que derrière chaque chiffre, chaque formule, se cachait une vérité plus profonde, une connexion subtile entre l’homme et l’univers.
C'est ainsi que, sans même en comprendre la portée à ce moment-là, ces deux termes influencèrent mon parcours.
Ils furent les premiers pas d’un voyage qui m’a mené à la médecine, où j’ai trouvé d’autres courbes à déchiffrer, d’autres mystères à percer.
Le battement d'un cœur sur un électrocardiogramme, les oscillations d'une onde sonore dans un diagnostic par ultrasons, tout cela portait en lui l'écho du sinus et du cosinus, ces compagnons d’un autre temps, qui m’avaient accompagné sur la route de la science et de la vie.
Ainsi, ce jeune homme que j'étais, autrefois envoûté par deux simples fonctions mathématiques, devint médecin.
Et même dans la salle de radiologie, où chaque image révélait un fragment de l'invisible, je ne pus m'empêcher de penser que la médecine, en fin de compte, n'était rien d'autre que la continuation de cette quête initiale : la quête d’une harmonie secrète, où sinus et cosinus, science et poésie, vie et mort, se rejoignent dans une danse éternelle.