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Maroc 2024-2030 : L'histoire future des « Sept glorieuses »

Entretien avec M. Adnane Benchakroun, vice président du Think Tank AEI, sur la Préparation de la Coupe du Monde 2030 et les Projets de Développement au Maroc


Rédigé par La Rédaction le Dimanche 21 Janvier 2024

Bonjour et merci de nous rejoindre M.Benchakroun, vice président du Think Tank AEI, pour discuter des projets de développement ambitieux du Maroc en préparation de la Coupe du Monde 2030.



Le Maroc envisage d'investir massivement dans des projets d'infrastructure, de l'ordre de 180 à 200 Milliards de dollars, entre 2024 et 2030. Quelle est votre opinion sur cette stratégie ?

Bonjour, je suis ravi d'être ici. C'est une démarche ambitieuse. Investir 200 milliards de dollars entre 2024 et 2030 montre une volonté de transformation économique. Cependant, il est crucial que ces investissements soient bien planifiés et exécutés pour garantir un développement durable et inclusif.

Je pense que pour assurer les meilleurs retours d'investissement économiquement et socialement parlant ( emplois stable) pour un pays en voie d'émergence comme le Maroc, notamment dans le cadre de grands chantiers structurants comme les autoroutes, les ports, les aéroports, les gares mais aussi des hôpitaux etc., plusieurs stratégies doivent simultanément être adoptées.

Pour ma part, j'en citerai les 12 principales :
 
  1. Évaluer l'état actuel des infrastructures, y compris les stades, les transports, et l'hébergement, pour déterminer ce qui peut être amélioré ou nécessite une construction nouvelle.
  2. Établir des objectifs clairs et partagés est essentiel. Ces objectifs doivent être alignés avec les besoins nationaux et les attentes des parties prenantes, y compris la population locale, les investisseurs, et les organisations internationales.
  3. Prioriser les investissements de manière à maximiser les bénéfices pour la population locale et l'économie nationale.
  4. Une planification intégrée qui tient compte de tous les aspects du projet – économiques, sociaux, environnementaux, culturels – est cruciale. Cela implique de travailler en étroite collaboration avec divers ministères et agences gouvernementales, ainsi qu'avec des partenaires privés et des organisations non gouvernementales.
  5. Avant de lancer chaque projet, il est crucial de réaliser des études de faisabilité approfondies. Cela inclut l'analyse des coûts, des bénéfices, de l'impact environnemental et social, ainsi que des risques potentiels.
  6. Une gestion de projet efficace est essentielle pour respecter les délais et les budgets. Cela implique une bonne coordination entre les différentes parties prenantes et l'utilisation de méthodologies de gestion de projet éprouvées.
  7. Sécuriser le financement nécessaire, y compris l'exploration de partenariats public-privé et d'autres sources de financement peut aider à répartir les risques et à attirer des investissements privés.
  8. La transparence dans l'attribution des contrats et la gestion des fonds est cruciale. La lutte contre la corruption est un aspect important pour garantir que les fonds sont utilisés efficacement et pour les objectifs prévus.
  9. Être flexible et avoir un plan de gestion des risques solide peut aider à naviguer dans les défis imprévus qui surviennent souvent pendant la réalisation des grands projets.
  10. Construire des infrastructures qui répondent aux besoins réels du pays, plutôt que de se concentrer uniquement sur les exigences de l'événement.
  11. Apprendre des meilleures pratiques internationales et collaborer avec d'autres pays qui ont organisé avec succès de tels événements peut fournir des insights précieux.
  12. Assurer la convergence dans le cadre de la réalisation de ces grands projets d'infrastructure implique de coordonner efficacement divers éléments et parties prenantes pour atteindre des objectifs communs. 

Cependant, la réussite dépendra de la capacité du gouvernement à l'agilité permanente, à maintenir la transparence, à lutter contre la corruption, et à impliquer efficacement les parties prenantes.

Quels sont les principaux défis que le Maroc pourrait rencontrer dans la réalisation de ces projets ?

Le premier défi, et non des moindres, est de nature financière. Il est crucial d'assurer un financement stable et durable, ce qui implique de diversifier les sources de financement en adoptant une approche multifacette.

D'abord, nous devons envisager de générer des recettes supplémentaires (élargissement de l'assiéste fiscale et integration de l'informel) , peut-être en optimisant aussi les niches fiscales existantes ou en identifiant de nouvelles opportunités économiques.

Nous devons explorer des options telles que les investissements étrangers, les partenariats public-privé, et même envisager l'émission d'obligations vertes pour soutenir des projets respectueux de l'environnement. 

Faire appel à des partenariats public-privé (PPP) qui pouront jouer également un rôle crucial, permettant de combiner l'efficacité du secteur privé avec les ressources et la portée du secteur public.
Des privatisations ciblées et judicieuses ne doivent pas etre un tabou et peuvent non seulement apporter des fonds supplémentaires mais aussi améliorer l'efficacité et la qualité des services.
Les financements innovants, tels que les instruments financiers spéciaux ou les fonds d'investissement thématiques, peuvent également être explorés pour soutenir des projets spécifiques.

Enfin, bien que l'augmentation du niveau de la dette puisse être une option, il est crucial de maintenir cette dette à un niveau soutenable pour éviter de compromettre la stabilité économique future du pays.

En parallèle, la gestion de projet représente un autre défi majeur, nécessitant une coordination efficace entre de nombreux acteurs, y compris les secteurs public et privé, ainsi que les communautés locales.
La gouvernance solide est essentielle ici pour assurer une répartition équitable des ressources et prévenir la corruption.

Enfin, nous devons faire face à des défis environnementaux et sociaux significatifs. Il est impératif de minimiser l'impact environnemental des projets et de veiller à ce qu'ils apportent des bénéfices concrets et tangibles à la population locale, en garantissant que les développements ne se fassent pas au détriment des communautés et de l'environnement.

Chacune de ces stratégies doit être mise en œuvre avec une planification minutieuse et une gouvernance rigoureuse pour maximiser leur efficacité et minimiser les risques associés.

Comment le Maroc peut-il maximiser les bénéfices économiques et sociaux de ces investissements ?

Pour maximiser les bénéfices économiques et sociaux des investissements en infrastructure, le Maroc doit prioriser la création d'emplois durables et le renforcement des compétences locales.

Cela signifie que les projets d'infrastructure ne doivent pas seulement être vus comme des constructions physiques, mais aussi comme des moteurs de développement économique local. Par exemple, la construction de nouvelles routes ou de systèmes de transport peut stimuler les industries locales en améliorant l'accès aux marchés et en réduisant les coûts logistiques.

En outre, il est essentiel d'investir dans l'éducation et la formation professionnelle. Cela implique non seulement de fournir une formation technique et professionnelle adaptée aux besoins spécifiques de ces projets, mais aussi de développer des compétences plus larges qui aideront à préparer la main-d'œuvre non seulement pour les emplois immédiats générés par les projets d'infrastructure, mais aussi pour les gérer comme des lieux de vie économique et social, les maintenir et pour les transformer en des opportunités économiques futures.

Enfin, pour assurer la durabilité de ces emplois, le Maroc doit également se concentrer sur le développement de secteurs économiques à forte valeur ajoutée, comme les technologies vertes, le tourisme durable, et les industries créatives. Ces secteurs peuvent offrir des opportunités d'emploi à long terme et contribuer à une croissance économique plus inclusive et diversifiée.

Quelle importance accordez-vous à la durabilité environnementale dans ces projets ?

La durabilité doit être un pilier central dans la planification et la réalisation de ses projets d'infrastructure au Maroc.

Il est impératif que chaque projet soit conçu avec une perspective environnementale forte, visant à minimiser son empreinte écologique. Cela signifie intégrer des technologies vertes dès la phase de conception. Par exemple, l'utilisation de matériaux de construction les plus écologiques possibles, la mise en place de systèmes d'énergie renouvelable comme le solaire ou l'éolien, et l'adoption de techniques de gestion de l'eau efficaces sont essentielles.

En outre, promouvoir l'efficacité énergétique est crucial non seulement pour réduire l'impact environnemental, mais aussi pour diminuer les coûts opérationnels à long terme.

Cela peut être réalisé en intégrant des normes de construction écoénergétiques, en utilisant des installations à faible consommation d'énergie, et en mettant en œuvre des systèmes de gestion intelligente de l'énergie dans les bâtiments et les infrastructures.

Cela inclut la réduction des déchets de construction, le recyclage des matériaux, et l'utilisation de techniques qui réduisent l'impact sur les écosystèmes locaux. Par exemple, lors de la construction de nouvelles routes ou de bâtiments, il est important de considérer leur impact sur la biodiversité locale et de prendre des mesures pour le minimiser.

À moyen terme, ces approches ne se traduisent pas seulement par des économies financières, mais elles contribuent également à améliorer l'image internationale du Maroc.

Un engagement envers la durabilité attire des investissements étrangers, en particulier de la part d'entreprises et d'organisations qui valorisent les pratiques écologiques et responsables. Cela positionne le Maroc comme un leader dans le domaine du développement durable, un aspect de plus en plus crucial dans un monde où la conscience environnementale est en croissance.

Enfin, il est important de sensibiliser et d'impliquer la population locale dans ces initiatives de durabilité. Des campagnes d'éducation et de sensibilisation sur l'importance de la préservation de l'environnement, ainsi que l'encouragement à la participation communautaire dans les projets écologiques, peuvent renforcer l'engagement envers la durabilité à tous les niveaux de la société

Enfin, quelle est votre vision pour l'avenir du Maroc post-Coupe du Monde 2030 ?

En envisageant l'avenir post-investissements, je perçois enfin le scénario de réussite de notre fameux nouveau modèle de développement. 

Le scénario où le Maroc se transforme grâce à ces initiatives, devenant un exemple de croissance économique inclusive et durable. Ces investissements ne sont pas seulement des dépenses, mais des investissements stratégiques qui peuvent stimuler divers secteurs de l'économie, allant du tourisme à la technologie, en passant par l'industrie et les services.

C'est l'occasion de créer une économie diversifiée qui ne dépend pas excessivement d'un seul secteur ou d'une seule ressource. Cela implique de développer des industries à forte valeur ajoutée, comme les technologies de l'information, les énergies renouvelables, et le secteur manufacturier avancé. En diversifiant son économie, le Maroc peut devenir plus résilient face aux chocs économiques externes et créer une multitude d'opportunités pour sa population.

Mais attention, sans une population bien formée il sera dificile sinon impossible de reussir cette transformation.

L'investissement dans l'éducation et la formation professionnelle doit rester une priorité, en mettant l'accent sur les compétences qui seront demandées dans l'économie future, comme le numérique, la gestion, et l'entrepreneuriat. Cela inclut également l'amélioration de l'accès à l'éducation de qualité dans les zones rurales et défavorisées, garantissant que tous les Marocains, quel que soit leur lieu de résidence, ont la possibilité de contribuer et de bénéficier de la croissance économique.

Les infrastructures de classe mondiale, qu'il s'agisse de transports, de communications ou d'énergie, sont essentielles pour soutenir cette croissance. Des infrastructures modernes et efficaces peuvent attirer davantage d'investissements étrangers, améliorer la compétitivité des entreprises locales et faciliter l'accès aux marchés internationaux.

En réussissant ces projets, le Maroc peut également améliorer significativement la qualité de vie de ses citoyens. Cela se traduit par un meilleur accès aux services de santé, à l'éducation, à des emplois de qualité, et à un environnement plus propre et plus sûr. Une meilleure qualité de vie contribue à une société plus stable et plus heureuse, ce qui est bénéfique non seulement pour le Maroc mais aussi pour la région dans son ensemble.

Enfin, ces développements renforceront la position du Maroc sur la scène internationale. Un Maroc prospère et stable peut devenir un leader régional et un partenaire économique important pour d'autres pays. Cela peut ouvrir la voie à de nouvelles collaborations internationales, à des échanges culturels et à une influence accrue dans les affaires mondiales. En somme, ces investissements ont le potentiel de transformer le Maroc en un modèle de réussite économique et sociale, rayonnant bien au-delà de ses frontières.

Merci pour ces éclaircissements approfondis et votre vision pour l'avenir du Maroc.

C'est avec plaisir. J'espère que ces projets seront menés avec sagesse et prévoyance pour le bien de tous les Marocains conformement à la volonte Royale. Soit un décollage économique en ne laissant personne sur le bord de la route.

Tous les Marocains, toutes générations confondues, doivent se mobiler et être au RDV de l'histoire de nos        « Sept glorieuses ».





Dimanche 21 Janvier 2024

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