Un risque méconnu et minimisé
Dans l’imaginaire collectif, l’infarctus est souvent associé aux hommes d’âge mûr, amateurs de barbecue et de foot à la télé. Une image trompeuse, car les chiffres parlent d’eux-mêmes : en France, 200 femmes meurent chaque jour de maladies cardiovasculaires.
Le problème majeur ? Les symptômes diffèrent souvent de ceux observés chez les hommes. Pas forcément de douleur violente dans la poitrine ni de bras gauche engourdi en mode « alerte rouge ». Chez les femmes, les signes d’un infarctus sont souvent plus discrets : fatigue intense, essoufflement soudain, nausées, douleurs diffuses dans le dos ou la mâchoire. Faute de les reconnaître, beaucoup tardent à consulter, ce qui entraîne un retard de prise en charge fatal.
Conséquence dramatique : en moyenne, les femmes sont soignées 30 minutes plus tard que les hommes en cas de crise cardiaque. Pire encore, leur diagnostic est plus souvent erroné et elles reçoivent moins de traitements adaptés. Une inégalité médicale qui coûte des milliers de vies chaque année.
Des facteurs de risque encore sous-estimés
Plusieurs éléments favorisent le risque cardiovasculaire, certains bien connus, d’autres beaucoup moins :
- Tabac et alcool : la consommation féminine a explosé ces dernières décennies, avec des répercussions dramatiques sur le cœur.
- Stress et charge mentale : jongler entre travail, famille et responsabilités épuise le système cardiovasculaire à petit feu.
- Hypertension et diabète : deux « tueurs silencieux » qui augmentent considérablement le risque d’infarctus.
- Sédentarité : les femmes ont tendance à bouger moins que les hommes, ce qui fragilise leur cœur.
- Traitements hormonaux : certains contraceptifs et thérapies hormonales favorisent les thromboses et les AVC.
L’Académie de Médecine tire la sonnette d’alarme : ces dernières années, les infarctus chez les femmes non ménopausées ont bondi de 25 %. Une évolution inquiétante, en grande partie due à une méconnaissance des spécificités du cœur féminin et au retard systématique dans les diagnostics.
Une prise de conscience urgente
La bonne nouvelle ? Il est possible d’agir. L’Académie de Médecine recommande plusieurs mesures essentielles :
- Mieux former les professionnels de santé à identifier les symptômes féminins.
- Améliorer la prise en charge des urgences cardiaques pour éviter les discriminations médicales.
- Adapter les traitements aux spécificités des femmes.
- Lancer des campagnes de sensibilisation pour informer le grand public.
Et au quotidien, chaque femme peut aussi prendre les devants : surveiller sa tension, réduire son stress et surtout, ne jamais ignorer des signes inhabituels.
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité féminine, et pourtant, elles restent largement absentes du débat public. Il est temps de briser le silence et d’agir. Informer, prévenir, et surtout, écouter son cœur : voilà les clés pour sauver des vies.