La Chine est, actuellement, seule exposée à la guerre commerciale déclarée, le 2 avril, par Donald Trump. Le président américain a, en effet décidé, le 10 avril, une suspension, pour 90 jours, de la hausse des tarifs douaniers à l’ensemble des pays, à l’exception de la Chine.

« Compte tenu du manque de respect manifesté par la Chine envers les marchés mondiaux, j’augmente par la présente les droits de douane appliqués à la Chine par les États-Unis d'Amérique à 125 %, avec effet immédiat », a déclaré le président des Etats-Unis sur les réseaux sociaux. « À un moment donné, et espérons-le dans un avenir proche, la Chine comprendra que l’époque où elle arnaquait les États-Unis et d'autres pays n'est plus tenable ni acceptable », précise-t-il dans son style si peu diplomatique.

Pékin, décidée à « se battre jusqu’au bout », a aussitôt réagi en surtaxant les produits américains de 125%. Le président chinois, Xi Jinping, a, par ailleurs, appelé l’Union européenne à faire front commun contre le président Trump. 

Dans les pays de l’Ue, qui accusent déjà un déficit de près de 250 milliards de dollars dans ses échanges commerciaux avec la Chine, l’inquiétude est pourtant grande de voir déferler sur leurs marchés des voitures électriques chinoises privées d’accès sur le marché américain.

Partout, les valeurs boursières s’effondrent et le cours du baril de pétrole recule. Le Brent était côté, le 10 avril, juste un peu plus de 63 dollars, contre 74 dollars dix jours auparavant.
Tous les observateurs prévoient un ralentissement de l’économie mondiale, en conséquence de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

Le fait est que Pékin ne s’est pas contenté de surtaxer les produits américains en réaction à la décision de Donald Trump d’exclure la Chine de la pause de trois mois dans la hausse des tarifs douaniers. 

Se sachant la cible réelle des manœuvres de Washington, Pékin a allongé la liste des entreprises américaines classées « non fiables », c’est-à-dire qu’elles ne peuvent plus avoir d’activités en Chine.

Le coup le plus terrible assené par Pékin aux entreprises américaines demeure toutefois sa décision de renforcer le contrôle sur les exportations de 7 types de terres rares, indispensables aux industries de haute technologie, ce qui revient à en restreindre la vente aux Etats-Unis.

Début décembre 2024, la Chine avait déjà interdit l’exportation du gallium, du germanium et d’antimoine aux Etats-Unis. Pour rappel, la Chine contrôle plus de 80% du marché mondial des terres rares.

Avec un volume de 500 milliards de produits écoulés sur le marché américain, en 2024, les exportations de la Chine vers les Etats- Unis représentent 16% de ses ventes à l’étranger. 

Quant à l’approvisionnement en gaz naturel liquéfié, dont les Etats-Unis sont le premier exportateur mondial, la Chine a vite fait de trouver des fournisseurs alternatifs, l’Australie et le Canada se faisant un plaisir de compenser le GNL américain. 

La Chine avait, le 10 février, porté la taxe sur les importations de GNL américain à 15%, en réaction à une précédente hausse, le 4 avril, de 10% des droits de douanes sur les produits chinois par Washington.

Les Etats-Unis ont déjà sous-estimé la résilience de l’économie russe et ses capacités de production militaire dans son soutien à l’Ukraine en guerre. Une fois la défaite de cette dernière devenue évidente et inévitable, Washington s’est, comme d’habitude, contentée de faire brusquement marche arrière et laissée les pays européens se débrouiller avec le conflit contre la Russie.

Va-t-elle commettre la même erreur face à la Chine, avant de se rendre compte que l’ère unipolaire de l’hégémon américain est révolue à jamais ?