Entre le pouvoir et la rue , un gouffre  

Avec les rues de France qui montrent le gouffre qui sépare désormais le pouvoir de Macron du camp du peuple et des syndicats , la feuille de route du président français remise à sa cheffe de gouvernement est certainement promise à la déroute !

A l'heure où le Conseil Constitutionnel doit rendre son verdict le 14 avril en ce qui concerne la validation ou non du texte de réforme des retraites adopté par un 49.3 , la réunion tant attendue entre la première ministre et l'intersyndicale a tourné court et a carrément accouché d'une souris .

Les syndicats ont ainsi interrompu leur réunion à Matignon, Elisabeth Borne ayant répondu qu'elle n'avait pas l'intention de retirer la réforme des retraites ." Il n'y a aucune autre issue démocratique que d'abandonner la réforme des retraites ,!" , affirment  cependant les centrales syndicales.

Guerre des nerfs et bataille des chiffres 

Ce jeudi 6 avril était un nouveau jour de grève, de manifestations et de blocages , le onzième depuis le début de la mobilisation.

Avec tout un cortège de blocages , dont principalement ceux des raffineries et des aéroports, et une démultiplication des mouvements de mises à l'arrêt vers d'autres secteurs, le gouffre ne cesse de se creuser entre le pouvoir et la rue  !

Avec comme toile de fond la bataille des chiffres et la guerre des nerfs alors que Gérard Darmanin comptait le nombre de blessés parmi les CRS , des scènes de chaos et d'insurrection ! 

Une douzième journée est annoncée le 13 avril alors que les crispations entre l’exécutif et les syndicats atteignent leur paroxysme
.Une semaine avant la rencontre ratée entre Elisabeth Borne et l'intersyndicale, les députés de gauche avaient adressé une lettre au président français qui , dans un mépris certain , refusera de les rencontrer..

" votre refus d'entendre le peuple attise la colère et accentue la crise sociale. Dans une perspective de sortie de crise , nous vous demandons de nous rencontrer.!"

Après le passage en force avec l'utilisation du 49.3 pour faire adopter le projet de réforme des retraites sans l'approbation de l'Assemblée nationale, le président français et son gouvernement, faute de majorité, croyaient avoir fait le plus dur .

La France dans le chaos d' un pays en voie de délitement !

L'intersyndicale avait exigé une médiation, alors que Borne proposait d'autres voies , mais sans mettre la réforme en mode pause . Olivier Veran pour sa part, estime qu'il n'y a nul besoin de médiation car le gouvernement et les syndicats peuvent se parler directement.

Oui ,  mais messieurs dames qu'est-ce qui vous a empêché de le faire durant les deux mois précédents !? Macron n'a-t-il pas refusé de rencontrer ces syndicats !?

Alors qu' Elisabeth Borne poursuivait ses consultations avec les groupes parlementaires, dont certains ont refusé l'invitation, et avec l'intersyndicale qui était prête mais sous conditions , les manifestations se sont radicalisées .

Ce vendredi 7 avril, l'entourage d'Emmanuel Macron, pourtant en visite d'État en Chine, a rapidement réagi aux déclarations d'Élisabeth Borne, qui avait confié à plusieurs médias, sa volonté  " d'apaiser les choses " en pleine crise sur la réforme des retraites, en appelant notamment à « ne pas humilier les syndicats et respecter la période de convalescence ».

Si certains y ont vu un début de tension entre le président et la cheffe du gouvernement , Borne a certainement voulu montrer qu'elle pourrait être utile et avoir un rôle  pour l'après -réforme des retraites et qu'elle entend terminer son mandat coûte que coûte !

Les spéculations vont ainsi bon train concernant d'éventuelles fissures dans le clan de Macron alors que ces derniers espéraient plutôt en voir chez leurs opposants !

De la crise sociale qui s'est amplifiée depuis la crise sanitaire et puis encore plus avec l'inflation,  on est passé en France à une crise démocratique et carrément à une crise de régime chez la Macronie que l'opposition et une majorité des français décrivent comme déconnectée du peuple.

De son côté, jean Luc Mélenchon affirme que la France est en train de vivre la plus longue crise depuis Mai 68 et il n'a pas hésité à comparer Macron à Bolsonaro et Trump réunis !

Franchement, si voulez mon avis Mélenchon a fait un joli compliment à Macron car en comparaison ce dernier refuse de discuter avec les partis d'opposition et de rencontrer les syndicats.!

Avec les violences lors des manifestations, le torchon brûle désormais entre l'extrême gauche et les forces de l'ordre et accessoirement entre Mélenchon et le ministre de l'intérieur , Gérald Darmanin .

Autre fait significatif qui révèle la dérive autoritaire et antidémocratique du gouvernement français, ce sont les menaces à peine voilées de Darmanin .

En effet, les propos de Gérald Darmanin devant la commission des lois du Sénat, laissant entendre que les subventions de la Ligue des droits de l’homme pourraient être supprimées, s’inscrivent dans une offensive plus globale du gouvernement visant à mettre au pas les associations contestant sa politique.

 Par ailleurs , en nivelant  par le bas la politique dans cette cinquième république de tous les dangers , Macron aura réussi le pire car Marine Le Pen  n'a jamais été aussi haut dans les sondages et une large proportion de français déclarent lui être favorables lors de la prochaine présidentielle !

Pendant ce temps , Macron a repris son bâton de pèlerin comme il l'a fait à plusieurs reprises depuis le début de la crise .Cette fois, il s'est envolé en Chine pour rencontrer le président chinois en compagnie de Ursula von der Leyen .

Il était une fois un petit président d'un petit pays qui cherche à convaincre la grande puissance chinoise de ne pas trop s'allier avec la Russie !

Les plans de Macron sont pour le moment une feuille qui ne tient pas la route surtout s'il persiste dans son entêtement et son acharnement à œuvrer comme si l'Ukraine et la Chine c'était l'intérêt suprême de la France et des français !

Pour conclure, les mouvements sociaux peuvent-ils  s'essouffler du fait de l'inflation ou vont-ils plutôt accentuer les blocages ? 

Hafid Fassi Fihri