Dimanche, plus de 59 millions d’Allemands étaient appelés à renouveler leur Parlement, le Bundestag. Un scrutin marqué par la pression de l’extrême droite, et dans lequel subsistent de nombreuses inconnues.  

Des enjeux en rapport avec l ’instabilité politique que vit l ’ Allemagne et la tempête géopolitique qui secoue le monde !
 

En novembre dernier, la coalition tripartite composée des sociaux démocrates du SPD, des Verts et des libéraux du FDP avait implosé et le chancelier Olaf Scholz avait convoqué des élections législatives anticipées qui ont eu lieu ce dimanche 23 en Allemagne.

Selon l'Office fédéral des statistiques, 59,2 millions d'Allemands ont le droit de vote. Vingt-neuf partis sont en lice. Selon les pronostics, la coalition actuelle du chancelier Olaf Scholz va perdre sa majorité.

Les conservateurs de la CDU/CSU et leur candidat à la chancellerie, Friedrich Merz, sont en tête des sondages. L'Alternative pour l'Allemagne (AFD), parti d'extrême droite, pourrait arriver en deuxième position.

À l'issue du scrutin, de nombreuses coalitions pourraient être possibles. Mais une chose est déjà sûre : en raison d'une réforme de la loi électorale, le Bundestag comptera, pour la première fois, à nouveau moins de députés. 

La droite, représentée par la CDU/CSU, est donnée favorite face au SPD social-démocrate du chancelier sortant Olaf Scholz. Mais pas sûr qu’elle parvienne à remporter une majorité absolue au Bundestag, notamment du fait du poids croissant de l’extrême droite.

Droite et gauche devront-elles une nouvelle fois former une coalition pour gouverner ? Les défis qui attendent le futur chancelier sont nombreux, dans un contexte international bousculé et une Union européenne en panne d’élan.

« Ces dernières années, l’Allemagne n’a pas assumé son rôle dans le moteur franco-allemand » résume  la politologue Daniela Schwarzer., membre du directoire de la fondation Bertelsmann, basée à Berlin ,  experte reconnue des questions européennes et internationales .

La droite allemande est ainsi donnée favorite face aux sociaux-démocrates,  lors d'un scrutin qui sera scruté avec attention et appréhension au sein de l'UE ! Il y a un vide à combler, depuis novembre, lorsque la coalition gouvernementale de l’actuel chancelier Olaf Scholz avait volé en éclats à Berlin.

Le divorce entre les sociaux-démocrates et les libéraux allemands s’est produit au plus mauvais moment : au lendemain, littéralement, de l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis.

L'Union européenne avait ainsi les yeux rivés sur les élections fédérales en Allemagne, pays "fédérateur" pour les 27 en quête de "stabilité" et s’ inquiètait donc, depuis plus de trois mois, pour la stabilité politique au sein de son plus grand Etat-membre.
 

Bruxelles aura donc les yeux braqués sur les résultats de l’élection, en espérant surtout que l’Allemagne renoue avec la stabilité politique vu  comment le vice-président américain J.D. Vance a un peu plus creusé le fossé avec les Européens il y a une semaine au sommet de Munich  et comment les européens ont été écartés des futures négociations pour la fin de la  guerre en Ukraine ! 

"Plus de stabilité sera bienvenue" !

L’ancien secrétaire général du Parlement européen, Klaus Welle, lui-même proche de la droite allemande, espère que l’Allemagne pourra vite reprendre son rôle moteur au niveau européen : "Bien sûr, il y a 27 États membres, ce n'est pas le seul qui décide  Mais l'Allemagne a, traditionnellement, le rôle du fédérateur. Plus de stabilité en Allemagne et en France sera bienvenue aussi pour l'intégration européenne."

Le retour de la stabilité en Allemagne est d’autant plus urgent face à Donald Trump. Le président américain met la pression sur les Européens avec ses droits de douane, alors que l’Allemagne s’est toujours très ouvertement affichée en faveur du libre-échange. Y compris sur les accords commerciaux comme celui avec le Mercosur, ce qui ne fait pas les affaires de la France.

Sur la question ukrainienne, le ministre allemand de la Défense sortant avait dit  , la semaine dernière,  tout le mal qu’il pensait des discussions entamées "trop tôt", selon lui, entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Il y a aussi les visées expansionnistes du nouveau président américain sur le Groenland.!

Autant de sujets majeurs qui rendent urgent, selon Yann Wernert, chercheur à l’Institut Jacques Delors à Berlin, le retour de la stabilité politique en Allemagne : "On voit qu'on est au milieu d'une tempête géopolitique, commerciale, économique... On n'a pas vraiment de voix allemande et c'est un problème au niveau européen."

Quel que soit le résultat de l’élection,  les Européens espèrent qu’il permettra la formation d’une coalition gouvernementale solide, capable de durer le plus longtemps possible.

Un débat politique dicté par l'extrême droite !

Depuis la fin de l’ère Merkel, les Allemands sont désorientés. L’intégration des réfugiés, la montée de l’extrême droite, le réarmement et la perspective d’une crise économique leur font perdre confiance.  

Mais ils ont peur de l’avenir. Face aux incertitudes politiques et économiques, ils craignent de tout perdre : leur job, leur protection sociale, leur sécurité, mais aussi la cohésion sociale dans un pays dont un quart de la population est issue de l’immigration .Le débat politique est dicté par l’extrême droite. 

« Il y a dans la campagne une surenchère de propositions sur le durcissement de la politique migratoire entre l’extrême droite, qui mène le jeu, et les conservateurs. Même le Parti social-démocrate (SPD) et les écologistes suivent le mouvement », déplore Werner Schiffauer.

 Le débat est d’autant plus malsain que l’Allemagne cherche à recruter pour faire face à la pénurie de la main-d’œuvre. Nous ne parlons pas assez des aspects positifs de l’immigration !.

En Allemagne, en outre ,  l’impossibilité de critiquer la politique israélienne fait le jeu de l’AFD , ouvertement soutenu par Elon Musk !

Un consensus partisan outre-Rhin confond la lutte contre l’antisémitisme et le soutien inconditionnel à l’État hébreu, fût-il dirigé par l’extrême droite. Il conduit à condamner au silence les voix dissidentes, y compris juives, et à conforter encore l’AfD, qui réussit à se présenter comme philosémite.
 

Une coalition gouvernementale pour retrouver la stabilité et recouvrer la confiance  , tel est le principal enjeu en rapport avec l ’instabilité politique que vit l ’ Allemagne et la tempête géopolitique qui secoue le monde !