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Comme à l'accoutumée, le document communiqué, en la circonstance, livre les détails de ce Budget qui, aux yeux du HCP, est de nature à mieux appréhender l'évolution économique prévue en 2023 et d'en fixer des objectifs à appuyer par d’éventuelles mesures à programmer dans le cadre de la prochaine loi de Finances.
Et comme à l'accoutumée aussi, le déchiffrage des données, leur réelle portée et surtout leur contextualisation est l'œuvre du Haut Commissaire au Plan qui, égal à lui-même, livre le fond de sa pensée qui, des fois, pour ne pas dire souvent, fait tiquer plus d'un.
Cette fois, il s'agit essentiellement de morale et de règles de bonnes conduites.
Assurément, les concernés se reconnaîtront.
Solidarité et exemplarité morale des valeurs sûres
D'autant plus que, de l'avis de M. Lahlimi, "2022 et 2023 sont, quelque part, l'illustration de ce que nous aurons probablement à retrouver comme nature de questions que nous allons retrouver en embryon ou d'une façon plus éclatante dans la situation de 2022 et 2023".
Inflexion de la politique agricole au grand profit du petit fellah
Laquelle rupture "doit se faire par la montée en gamme et en vitesse de nos produits non-agricoles et par une inflexion de notre politique agricole. Nous avons beaucoup développé l'agriculture dite moderne et de grandes exploitations. Toujours est-il que dans le monde, tel qu'il est aujourd'hui, ou la sécurité alimentaire est devenue stratégique, il faut commencer à nous poser la question quant au devenir de l'exploitation familiale et au risque de dilapidation de ce patrimoine qui a fait ses preuves en termes de gestion de la rareté et de capacité d'intégration des cultures et de l'élevage."
Bref, tout un savoir-faire ancestral que " les jeunes ruraux qui aujourd'hui quittent leur famille et vont dans les villes ne peuvent reconduire".
Pour Lahlimi, "il faut que l'Etat opère une action résolue pour sauvegarder ce genre d'activité. Ce qui ne signifie nullement qu'il faut éliminer ou renoncer à l'agriculture dite moderne. Il faut plutôt se rendre compte que les grands agriculteurs se débrouillent bien et accumulent un taux de valeur ajoutée extrêmement élevé".
Opérationnalisation active des institutions de la morale publique
Comment se fait -il que le rendement ne suive pas ? S'interroge M. Lahlimi qui estime que "cela veut dire qu'il y a des dilapidations quelque part, , que c'est mal géré, que nous investissons là où il ne faut pas, qu'une bonne partie de ce que nous investissons fuit quelque part".
Ce qui fait redire au Haut Commissaire au Plan qu'il nous "faut un retour à l'exemplarité morale, qui est un des facteurs de production de premier niveau".
Et "qui dit exemplarité morale, dit lutte contre la corruption, lutte contre les cartels et ententes et l'opérationnalisation active des institutions de la morale publique.
Sans oublier l’allègement des procédures administratives, un problème qui au vu des structures en silo et/ou hiérarchiques de l'administration, ne peut être résolu par la seule numérisation digitalisation, ajoute M. Lahlimi, qui se déclare satisfait de l’adoption du projet de la loi-cadre formant Charte de l’Investissement qui permettra d’accroître l’attractivité de l’économie nationale.
Que d'effort perdu
Pire encore, M. Lahlimi révèle qu'en termes de réduction des inégalités, ces trois années ont effacé tous les gains réalisés entre 2000 et 2019. Soit dix-neuf années d'effort et de lutte contre les inégalités.
Les disparités que cache l'inflation
Les ménages ont perdu 6 %. Mais quand on ramène l'inflation au niveau de la consommation, les plus pauvre subissent une inflation de 7,5 % dans la mesure où leur consommation est essentiellement alimentaire. Les 20 % les plus pauvres rognent même sur leur alimentation pour financer les dépenses de télécoms et de santé. En revanche, l'impact sur les 20 % les plus riches a été très faible ou parfois en dessous de la moyenne nationale.
Les préalables au rattrapage
En plus du "cout de la sécurité du pays qui devra faire face à un contexte régional de plus en plus tendu et qui aura à subir les changements climatiques et les exodes qui vont avec".
De la morale à la rescousse
Pour ce faire, "nous attendons de nos gouvernants un langage de vérité" et de l'honnêteté de ceux qui procèdent à l'évaluation des politiques publiques conclut M. Lahlimi estimant qu'il "n'est plus acceptable de la part de nos gouvernants de dire, j'ai le pouvoir, j'ai le savoir".
A ce stade, M. Lahlimi renvoie à de "l'humilité qui passe par dire la vérité, accepter le débat, travailler dans la transparence dans la mesure où aucune réalité ne doit être cachée et avoir un sens de l'exemplarité morale de la part et des gouvernants et des gouvernés".