A lire ou à écouter en podcast :
Une petite définition s’invite autour de ce terme TPME : la Très petite et moyenne entreprise est une personne morale ayant :
Un CA chiffre d’affaires inférieur à 75 millions de DHs
Un effectif moins de 200 salariés.
Pour conforter bien notre enquête dans ce sens une étude menée par l’office marocaine de la très petite et moyenne entreprise OMTPME a fait ressortir que sur le plan géographique, l’axe Tanger-El Jadida a émergé en 2021 en tant que pilier, contribuant à hauteur de 59% au PIB national. Quant à la répartition sectorielle, le secteur tertiaire a regroupé 67,5% des entreprises, qui ont généré 52% du PIB, tandis que le secteur manufacturier, avec une part de 6,3%, a contribué à hauteur de 15% du PIB.
Il est à noter que la création d'entreprises de type TPME au Maroc se concentre majoritairement, à hauteur de plus des deux tiers, dans le secteur tertiaire, c’est-à-dire les services tandis que l'industrie connaît un recul notable. Cette situation, bien que paradoxale compte tenu de la prédominance du secteur tertiaire dans l'économie mondiale, notamment aux États-Unis, constitue un obstacle majeur à l'ambition du Maroc de devenir une puissance économique régionale comparable à la Turquie.
Afin d'atteindre cet objectif, le Royaume devrait s'engager résolument dans un développement industriel robuste, en particulier dans les secteurs stratégiques de l'énergie, la technologie de l’hydrogène vert, l’aéronautique et de la défense….
Pourtant, leur contribution au PIB reste limitée, et leur développement est freiné par de nombreux obstacles. Leur destin est donc un enjeu crucial pour l'économie nationale.
Un potentiel immense, mais des défis persistants
Les TPME marocaines possèdent un potentiel immense. Elles sont souvent innovantes, adaptables, flexibles et réactives aux besoins locaux. Elles contribuent à la création d'emplois, à la diversification de l'économie et à la dynamisation des régions.
Cependant, elles sont confrontées à des défis importants :
Ce que l’on peut reprocher à la TPME c’est qu’elles sont mal structurées, leur système de gouvernance demeure en grande partie archaïque qui continue de fonctionner souvent de manière traditionnelle dont le rôle de la famille au sein de l’entreprise reste omniprésent.
Dans cette même optique il est à relever qu’il existe une pénurie de compétence et de talents.
Un accès difficile ou voir limité au financement, ceci dit les banques marocaines restent réticentes à financer les TPME, notamment pour leur fonds de roulement. Le manque de garanties, la complexité des procédures et la perception de risque élevé expliquent cette frilosité.
Faible productivité : La productivité des TPME marocaines reste inférieure à celle des grandes entreprises, en raison d'un manque de formation, d'accès à la technologie et de ressources humaines qualifiées.
Manque d'accès aux marchés publics: Les procédures d'accès aux marchés publics sont souvent complexes et discriminatoires envers les TPME, qui peinent à répondre aux exigences administratives et financières.
Faible participation des femmes: La présence des femmes dans l'entrepreneuriat marocain reste faible, malgré des initiatives pour les encourager. Des freins culturels, sociaux et économiques persistent.
Des solutions pour un avenir plus prometteur
Pour que les TPME marocaines atteignent leur plein potentiel, il est crucial de mettre en place des solutions concrètes :
Simplifier l'accès aux marchés publics: Des procédures simplifiées, des critères d'attribution plus flexibles et des programmes de soutien spécifiques aux TPME pourraient favoriser leur participation aux marchés publics.
Promouvoir l'entrepreneuriat féminin:
L'entrepreneuriat féminin au Maroc a connu une progression notable, avec un nombre d'entreprises dirigées par des femmes atteignant 305 529 en 2022. Si les microentreprises affichent un taux de 16,7% de femmes à leur tête, cette proportion se réduit à 12,7% pour les grandes entreprises et à 12,3% pour les TPE.
Afin de stimuler le leadership féminin dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes, il serait judicieux de mettre en place des programmes de mentorat et de coaching dédiés aux femmes. Encourager la création d'incubateurs spécifiquement destinés à l'entrepreneuriat féminin, ainsi que des initiatives de financement adaptées à leurs besoins, pourrait constituer un levier puissant pour inciter les femmes à se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.
Libérer leur potentiel, c'est garantir un avenir de croissance durable et inclusive. Pour y parvenir, il faut s'attaquer aux obstacles qui les freinent. La lutte contre la fraude et la corruption est une priorité absolue. Une étude scientifique a d'ailleurs démontré que la corruption a un coût exorbitant pour le développement du pays, freinant sa croissance économique. La rente, qui continue de prospérer, représente également un danger majeur.
Enfin, la lutte contre l'économie informelle est un impératif pour réguler ce secteur mal structuré, car bien qu'elle offre des opportunités, elle pose des défis en matière de régulation et de protection des travailleurs et se livre à une concurrence déloyale aux TPE nouvellement crées. En intégrant ces acteurs dans le système formel, le Maroc pourrait non seulement améliorer la collecte des impôts, mais aussi garantir des droits et des protections aux travailleurs.
En somme, le développement des TPME est essentiel pour l'avenir économique du Maroc. En surmontant les obstacles et en adoptant des mesures proactives, le pays peut transformer ces entreprises en véritables moteurs de croissance.