« Oups, il n'y aura pas d'attaques faites par ces Houthis. Ils ne couleront plus jamais nos navires ! ». C’est ainsi que le président américain, Donald Trump, a commenté, le 4 avril sur le réseau Truth Social, la vidéo d’une frappe aérienne contre un regroupement d’individus au Yémen, désignés comme des combattants houthis.

La vidéo montre ces individus regroupés en un large cercle, ce que Trump a interprété comme étant une réunion « pour recevoir des instructions sur une attaque ». 

Difficile de s’imaginer que les combattants houthis, dont l’essentiel des infrastructures militaires sont profondément enfouies sous terre, se retrouver à découvert pour écouter des consignes sur d’éventuelles opérations contre la flotte américaine en Mer rouge.

Le plus probable est qu’il s’agissait d’un regroupement tribal, selon les traditions yéménites, les individus visés ne s’étant jamais imaginés être pris pour cibles.

L’armée américaine a bombardé les positions houthis, au Yémen, plus 930 fois, de 2023 à 2025, plus de 50 fois au cours des trois dernières semaines, afin de les dissuader de continuer à s’en prendre aux navires israéliens et à lancer, occasionnellement, des missiles et des drones contre Israël, en soutien aux Gazaouis.

Coût de ces frappes aériennes : 1 milliard de dollars révèle la chaîne américaine CNN, citant des sources bien informées sur le déroulement des opérations.

Selon les mêmes sources, les frappes aériennes américaines, aussi violentes soient-elles, ont eu peu d’impact sur les capacités militaires des Houthis, qui persistent à prendre les navires de guerre américains pour cibles.

Le président Trump n’y est pourtant pas allé de main morte, ces derniers temps. Bombardier stratégique B-2 Spirit, champion du monde dans sa catégorie, décollant de la base de Diego Garcia, dans le Pacifique, pour lancer des bombes anti-bunker de plusieurs tonnes sur les installations sous-terraines des Houthis, deux porte-avions mobilisés, le Harry Truman et le Carl Vinson, des missiles de croisière Tomahawks tirés par les destroyers de l’Us Navy, sans parler des chasseurs de dernière génération F35 et des drones MQ9 Reaper, que les Houthis parviennent à abattre avec des missiles air-air de l’ère soviétique bidouillés, avec l’aide d’ingénieurs iraniens, en missiles sol-air.

Si, comme l’explique de nombreux experts, les frappes aériennes contre les Houthis au Yémen sont autant de messages adressés aux Iraniens, l’effet est plutôt raté.

Comme le montre une autre vidéo ayant circulé sur les réseaux sociaux, un commerçant yéménite détourne à peine le regard quand une bombe explose pas très loin de sa boutique. Il sert son enfant contre lui pour l’apaiser, sans pour autant paraître apeuré. 

La stratégie « choc et effroi », faite de bombardements violents et massifs, ne marche pas sur des gens qui ne craignent pas la mort. En matière de résilience, les Houthis du Yémen n’ont rien à envier aux Talibans d’Afghanistan.

L’appui de l’Iran aux Houthis n’est, cependant, pas garanti dans la durée. Téhéran a déjà abandonné les combattants du Hezbollah et leur allié syrien, Bachar Al Assad, à leur sort. L’actuel président réformiste iranien, Massoud Pezechkian, n’hésiterait pas à en faire de même avec les Houthis s’il pouvait parvenir à un accord avec les Etats-Unis.

Les perturbations causées au trafic maritime par les Houthis en Mer rouge se traduisent par un recul de près du trois quart du trafic dans le canal de Suez, soit plus de 5 milliards de dollars de perte par an pour l’économie mondiale.

Comme les Américains n’ont nulle intention d’envoyer des bottes sur le terrain, ils n’ont d’autres choix que de continuer leurs couteuses frappes aériennes, dans l’espoir de briser la résistance des Houthis.

Le Commandement américain pour la zone Indopacifique (Indopacom) n’approuve pas, pour sa part, ces bombardements 24/7 sur les positions Houthis au Yémen, qui épuisent les stocks de missiles de longue portée de l’armée des Etats-Unis. 

Car la liste des cibles potentielles de l’armée américaine est plutôt longue et ne comprend pas que l’Iran, mais également la Chine, qui renforce aussi son arsenal de systèmes d’armement de haute technologie.

En attendant d’éventuels conflits des Etats-Unis en Asie de l’Ouest et/ou dans le Pacifique, ce sont des combattants en sandales yéménites qui donnent, actuellement, du fil à retordre à Donald Trump.