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Par Farida Moha
Des perspectives qui passent pour l’Afrique par une capacité de prendre une place dans l’ordre mondial, une place notamment dans le G20 et dans le Conseil de sécurité des Nations Unies , et par la capacité de se faire respecter dans ses choix et d’initier la transformation de son économie sans prédateurs .
L’Afrique doit relever ses défis par elle-même et en se faisant confiance, tel est le mot d’ordre qui est entendu de Johannesburg à Dakar en passant par Dakhla.
Dakhla qui avec la nouvelle dynamique de la région Souss Massa et surtout le développement des provinces du sud a donné une nouvelle centralité au royaume. Le port de Dakhla Atlantique, futur hub régional, va en effet dans quelques années, repositionner toute la région sur les routes maritimes tout en assurant le développement économique, social et industriel de la région dans tous les secteurs productifs (pêche, agriculture, mines, énergie, tourisme, commerce, industrie manufacturière).
Il faut rappeler que Dakhla est plus proche de Dakar que Casablanca. Que le port de Dakhla étalé sur 1600 hectares englobera un parc industriel et logistique baptisé “West Africa Free Zone”, un port de commerce, un port de pêche et un chantier naval, en somme une bonne alternative au trafic terrestre pour les marchandises à destination de l’Afrique de l’Ouest.
Mettre fin à un paradoxe
Depuis près de deux décennies et sous l’égide de Sa Majesté le Roi, le Maroc a décidé de s’inscrire comme acteur clef dans une trajectoire africaine de transformation et de développement avec l’idée de créer une chaîne de valeur globale, économique, politique, culturelle, cultuelle. Pour ce faire , pour le développement inclusif et durable de l’Afrique , il nous faut mettre fin à un paradoxe .
L’Afrique accuse du retard malgré son énorme potentiel : récemment le président Macky Sall alors président de l’Union africaine rappelait ses potentialités en quelques chiffres .
L’Afrique dit-il c’est 30 millions de km2, 1,3 milliard d’habitants d’importantes réserves en eau et hydrocarbures , 60% de terres arables non exploitées du monde , 40% des réserves d’or,85à 95% des réserves des métaux du chrome et platine ,85% réserves de phosphates plus de 50% de réserves de cobalt et un tiers des réserves de bauxite dans le monde .
A Cela il faudrait ajouter une jeunesse très active qu’il faut former comme le fait le Maroc en accueillant prés de 20 000 étudiants africains dont près de la moitié boursier du Royaume
Mettre fin au paradoxe c’est transformer ce potentiel en richesses , en mettant fin au cercle vicieux de l’échange inégal qui fait de l’Afrique un réservoir de matières premières exploitées à bas cout et dont une partie est revendue aux pays africains à des prix exorbitants .
Cela passe par une politique de transformation industrielle et agroalimentaire dans une approche de politique intégrée et globale que le Maroc a inscrit dans sa coopération avec l’Afrique, avec l’idée d’un partenariat « win-win », porté par la devise « une Afrique qui fait confiance à l’Afrique ».Une coopération portée par plus de 1000 conventions signées lors des très nombreux déplacements du Souverain en Afrique .
Le Maroc en Afrique
Le Maroc considère que les enjeux de pays africains sur les questions majeures sont aussi ses propres enjeux (développement humain et inclusif, sécurité alimentaire, développement des infrastructures, migration…). L’expertise acquise dans des filières où il a montré ses capacités dans les domaines de l’énergie, agriculture, industrie, infrastructures routières portuaires, plateformes industrielles, centrales électriques .. lui sera fort utile pour travailler avec ses pairs africains. Autre atout de taille, son rôle de « hub » vers l’Afrique qui s’affirme au fil du temps et dans différents domaines, services nouvelles technologies, banques, industries, transport aérien…
Le Maroc a décloisonné son marché en ouvrant son économie à prés d’un milliard de consommateurs grâce à la signature des accords de libre-échange Il a renforcé des dernières années sa coopération économique avec l’Afrique : 42 % des flux d'investissements directs étrangers (IDE) marocains sont destinés à l'Afrique ; les opérateurs marocains dans les secteurs de la banque et de l'assurance sont présents dans 25 pays du continent ; et l'investissement des entreprises marocaines en terre africaine est plurisectoriel et concerne tous les secteurs finance , industrie , énergie , eau, transport , logement social , santé , éducation…
Le Maroc est le premier investisseur africain dans la zone de l’Afrique de l’Ouest et le deuxième investisseur en Afrique.
Le Maroc est dejà un hub pour la logistique ,pour les fonctions support. Avec Casa Finance City le Maroc devient un pôle -relais financier régional ..
Des partenariats public/privé et d’importants investissements marocains ont été opérés, avec succès, dans plusieurs pays africains couvrant les domaines de la finance , de la banque, de l’assurance, des télécommunications, de l’énergie, des infrastructures et des mines, de la cimenterie, de l’aménagement urbain et du logement social (projets de plusieurs milliers de logement sociaux), de l’agriculture et de l’élevage, du transport aérien et du commerce, de la santé, de la formation professionnelle.
Il reste que le continent doit affronter des défis colossaux mis en évidence par la guerre d’Ukraine :sécurité alimentaire , approvisionnement en énergie , création d’emplois pour les millions de jeunes qui viennent chaque année sur le marché , sécurité, changement climatique ,migration ..et en premier lieu croissance démographique avec une population qui se situerait autour de 2,5 milliards d’habitants en 2050 et qui pose avec acuité le problème de la sécurité alimentaire .
A ces problème agroalimentaire une entreprise comme celle de l’OCP apporte à son échelle des solutions en créant des filiales dans 14pays africains représentant toutes les zones .
L’OCP y déploie une approche globale , customisation des engrais, cartographie des sols, formation….
Avec le programme d’investissement 2023-2027 présenté devant le Souverain l’OCP anticipe ses besoins en ammoniac pour renforcer la politique des énergies renouvelables .
Le partenariat stratégique dans le domaine des engrais, signé entre le Maroc et le Gabon a une portée continentale en matière de sécurité alimentaire et se décline autour d’un projet d’intégration industrielle mais surtout la création d’une initiative fédératrice d’une action de développement agricole intégrée et novatrice qui aura un impact socio-économique profond sur toute la région.
Ainsi, Il y a 2 semaines Sa Majesté le Roi a remis un don de 2000tonnes de fertilisants au Gabon ; Concernant la question de la lutte contre les changements climatiques le Maroc reste engagé à l’instar de la quasi majorité des pays africains selon le principe de la « responsabilité commune mais différenciée » fondée sur une transition énergétique juste et équitable.
Pour l’Unité de l’Afrique
Une zone de libre échange qui en réglant les questions de convergence réglementaire préfigure différentes formes d’intégration (Union douanière, marché commun, union monétaire, union économique, association de coopération économique). Les défis sont à relever au niveau de l’infrastructure, du financement, du marché des capitaux. Les échanges ne peuvent s’intensifier sans une logistique appropriée. Autres points de vigilance, les questions de taux de change et des risques qui sont à travailler en développant les instruments de couverture contre le risque de change.
Le Maroc travaille sur une "chaine de valeur africaine" pour que les avantages comparatifs puissent jouer pleinement et permettre de faire face à la concurrence internationale qui devrait s’intensifier avec la création de cette zone. Une chaine de valeur africaine qui intègre les domaines cultuels avec notamment la restitution du patrimoine africain et sa protection.
Rabat capitale de la culture africaine, a abrité en novembre dernier une importante session du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine immatériel de l’UNESCO .Si elle est menée à terme la zone de libre échange pourrait achever la décolonisation, en affranchissant les pays africains des relations de dépendance vis-à-vis des anciennes tutelles. L’indépendance de l’Afrique prendra alors tout son sens avec une véritable décolonisation et une intégration que le Maroc appelle de tous ses vœux.
Rédigé par Farida Moha