Par Jamal HAJJAM
Pendant longtemps passée sous silence, la participation marocaine à la seconde guerre mondiale et la contribution héroïque des combattants marocains (Goumiers des Tabors et autres Tirailleurs) à la libération de la France et à la défaite de l’Allemagne nazie, n’avait fini par s’imposer à la mémoire officielle et collective européenne, la française en tête, que plus de 50 années après la fin de la guerre.
Cependant, toutes les contributions décisives des combattants marocains, pour la majorité recrutés par le Protectorat français dans les montagnes et hauteurs du moyen et du grand Atlas, dans le cadre d’unités d’infanterie légères constituant le corps des redoutables Goumiers, d’abord supplétifs, puis réguliers, n’ont pas reçus le même traitement mémoriel.
L’on retient en effet volontiers, les hauts faits des Goumiers marocains qui s’étaient illustrés par leur bravoure et leur héroïsme lors des différentes campagnes menées entre 1942 et 1945. A commencer par celle de Tunisie (1942-1943) jusqu’à l’ultime campagne, celle d’Allemagne qui avait signé la fin de domination nazie en mai 1945, concomitamment avec l’écrasement par les forces soviétiques de l’armée nazie sur le front Est.
Les Goumiers Marocains s’étaient distingués auparavant par les campagnes de Sicile (1943), de Corse (1943), d’Italie (1943-1944) avec ses violentes batailles du Monte Cassino et du Garigliano couronnées par la libération de Rome, de l’Ile d’Elbe (juin 1944) et celle de France (1944-1945) marquée par la libération de Marseille et les rudes batailles des Vosges.
Parallèlement à ces efforts de guerre qui avaient, selon les chiffres officiels de l’armée française, coûté la vie à quelque 2700 goumiers et fait 7500 blessés sur un effectif global de 22000 hommes, il y a eu une autre grande illustration des combattants Marocains à l’occasion de deux débarquements décisifs et déterminants pour l’issue de la guerre. Les Tirailleurs Marocains au fameux Débarquement en Normandie le 6 juin 1944 (dont on vient de commémorer le 80ème anniversaire) et les Goumiers Marocains au non moins fameux Débarquement en Provence le 15 août 1944.
Le 6 juin 1944, les plages de Normandie furent investies par des milliers de soldats alliés décidés à reconquérir le territoire français occupé, parmi lesquels il y avait les Tirailleurs Marocains qui, selon les notes d’officiers français et les récits de soldats rapportés par les chroniques, avaient joué un rôle crucial dans les évènements ayant entouré cette opération.
Rassemblés au départ à Taza, au Maroc, ces Tirailleurs avaient pris place à bord des navires au départ des côtes méditerranéennes en direction des côtes normandes pour un voyage qui allait connaitre d’énormes difficultés puisque, une fois en mer, ils se sont retrouvés bloqués pendant un mois en plein océan. Cette période d'attente forcée a été particulièrement éprouvante pour ces soldats qui ont dû faire preuve d'une patience et d'une résilience remarquables face à l'incertitude de leur destin. Malgré tout, ils ont maintenu une détermination inébranlable et un engagement indéfectible, prêts à affronter les dangers qui les attendaient sur les plages normandes. A l’heure H du jour J du débarquement, les soldats marocains furent affectés à différentes tâches. Certains ont débarqué directement sur les plages où ils ont dû affronter un barrage intense de tirs ennemis, tandis que d'autres ont été parachutés derrière les lignes ennemies pour mener des opérations de sabotage et de renseignement. Leur présence et leurs manœuvres ont été vitales pour sécuriser les positions alliées et permettre l'avancée des troupes.
La participation active des soldats marocains à ce débarquement a laissé une empreinte indélébile dans l'Histoire de la seconde guerre mondiale et leurs courage et sacrifice ont contribué de manière significative à la réussite de l'opération, ouvrant ainsi la voie à la libération de la France et à la défaite du régime nazi.
Même chose pour les Goumiers et Tabors Marocains qui faisaient partie de l’«Armée d’Afrique» issue des pays africains colonisés par la France et dirigée par le général de Lattre de Tassigny sous le nom d'armée B.
Le 15 août 1944, peu après minuit, les premiers soldats des commandos de l’Armée d'Afrique ont investi la falaise du Cap Nègre et, le lendemain, l'armée B a débarqué à Cavalaire. Avec plusieurs jours d'avance sur le calendrier prévu, ils libérèrent Toulon le 27 août, avant de remonter la vallée du Rhône et de faire la jonction avec la 2ème Division blindée venue de Normandie.
Lors de ces deux débarquements, les combattants marocains, à l’instar de leurs homologues d’autres pays africains, ceux d’Afrique du nord en particulier, ont dû faire face à une résistance farouche de l'armée allemande et ont souvent été confrontés à des situations périlleuses. Malgré cela, leur bravoure et leur détermination ont été inébranlables. Leur connaissance du terrain montagneux et leur esprit combatif ont été des atouts précieux vers la victoire finale.
A signaler que bien que le Maroc se trouvait sous Protectorat français, la participation des Marocains aux côtés des troupes françaises et celles des Alliés n’a été possible que grâce au rangement, dès le début, du Maroc du Sultan Sidi Mohammed du côté du monde libre. SM Mohammed V avait d’ailleurs fait lire, le 3 septembre 1939 dans les mosquées, un appel conviant le peuple marocain à soutenir le peuple français dans sa lutte contre l’Allemagne nazie. Cet appel avait immédiatement fait son effet et de nombreux combattants marocains n’avaient pas hésité à se mobiliser aux côtés des troupes françaises en guerre contre le nazisme.
Le général de Gaulle n’a d’ailleurs pas hésité, le 18 juin 1945 après la libération, de faire du Sultan du Maroc Mohammed V, Compagnon de la Libération en reconnaissance du concours sans réserve apporté par le Maroc à la France.
Toutefois, cette reconnaissance n’avait pas été traduite pour ce qui est des droits d’après-guerre des combattants marocains et leurs ayant-droit. Bien que l’effort de guerre avait été déterminant et le tribut lourd, un décret promulgué au moment de la décolonisation a gelé les pensions des seuls ressortissants des anciennes colonies ayant servi dans l'armée française. De nombreux appels à l’équité n’ont pas aboutir et la situation était demeurée inchangée jusqu’à 2002, année où le gouvernement français a décidé de débloquer enfin, mais partiellement, la revalorisation de la pension de ces soldats «oubliés». Et encore. Celle-ci, calculée en fonction du niveau de vie du pays de résidence, est restée largement inférieure à celle des combattants français.
Il a fallu encore huit ans, soit en 2010, pour que le président Nicolas Sarkozy annonce l'alignement des pensions de tous les anciens combattants quels que soient leur nationalité et leur lieu de résidence.
Tout est donc bien qui finit bien ? Oui, pour le peu de survivants parmi eux, après de longues années de frustration et de souffrance…
Cependant, toutes les contributions décisives des combattants marocains, pour la majorité recrutés par le Protectorat français dans les montagnes et hauteurs du moyen et du grand Atlas, dans le cadre d’unités d’infanterie légères constituant le corps des redoutables Goumiers, d’abord supplétifs, puis réguliers, n’ont pas reçus le même traitement mémoriel.
L’on retient en effet volontiers, les hauts faits des Goumiers marocains qui s’étaient illustrés par leur bravoure et leur héroïsme lors des différentes campagnes menées entre 1942 et 1945. A commencer par celle de Tunisie (1942-1943) jusqu’à l’ultime campagne, celle d’Allemagne qui avait signé la fin de domination nazie en mai 1945, concomitamment avec l’écrasement par les forces soviétiques de l’armée nazie sur le front Est.
Les Goumiers Marocains s’étaient distingués auparavant par les campagnes de Sicile (1943), de Corse (1943), d’Italie (1943-1944) avec ses violentes batailles du Monte Cassino et du Garigliano couronnées par la libération de Rome, de l’Ile d’Elbe (juin 1944) et celle de France (1944-1945) marquée par la libération de Marseille et les rudes batailles des Vosges.
Parallèlement à ces efforts de guerre qui avaient, selon les chiffres officiels de l’armée française, coûté la vie à quelque 2700 goumiers et fait 7500 blessés sur un effectif global de 22000 hommes, il y a eu une autre grande illustration des combattants Marocains à l’occasion de deux débarquements décisifs et déterminants pour l’issue de la guerre. Les Tirailleurs Marocains au fameux Débarquement en Normandie le 6 juin 1944 (dont on vient de commémorer le 80ème anniversaire) et les Goumiers Marocains au non moins fameux Débarquement en Provence le 15 août 1944.
Le 6 juin 1944, les plages de Normandie furent investies par des milliers de soldats alliés décidés à reconquérir le territoire français occupé, parmi lesquels il y avait les Tirailleurs Marocains qui, selon les notes d’officiers français et les récits de soldats rapportés par les chroniques, avaient joué un rôle crucial dans les évènements ayant entouré cette opération.
Rassemblés au départ à Taza, au Maroc, ces Tirailleurs avaient pris place à bord des navires au départ des côtes méditerranéennes en direction des côtes normandes pour un voyage qui allait connaitre d’énormes difficultés puisque, une fois en mer, ils se sont retrouvés bloqués pendant un mois en plein océan. Cette période d'attente forcée a été particulièrement éprouvante pour ces soldats qui ont dû faire preuve d'une patience et d'une résilience remarquables face à l'incertitude de leur destin. Malgré tout, ils ont maintenu une détermination inébranlable et un engagement indéfectible, prêts à affronter les dangers qui les attendaient sur les plages normandes. A l’heure H du jour J du débarquement, les soldats marocains furent affectés à différentes tâches. Certains ont débarqué directement sur les plages où ils ont dû affronter un barrage intense de tirs ennemis, tandis que d'autres ont été parachutés derrière les lignes ennemies pour mener des opérations de sabotage et de renseignement. Leur présence et leurs manœuvres ont été vitales pour sécuriser les positions alliées et permettre l'avancée des troupes.
La participation active des soldats marocains à ce débarquement a laissé une empreinte indélébile dans l'Histoire de la seconde guerre mondiale et leurs courage et sacrifice ont contribué de manière significative à la réussite de l'opération, ouvrant ainsi la voie à la libération de la France et à la défaite du régime nazi.
Même chose pour les Goumiers et Tabors Marocains qui faisaient partie de l’«Armée d’Afrique» issue des pays africains colonisés par la France et dirigée par le général de Lattre de Tassigny sous le nom d'armée B.
Le 15 août 1944, peu après minuit, les premiers soldats des commandos de l’Armée d'Afrique ont investi la falaise du Cap Nègre et, le lendemain, l'armée B a débarqué à Cavalaire. Avec plusieurs jours d'avance sur le calendrier prévu, ils libérèrent Toulon le 27 août, avant de remonter la vallée du Rhône et de faire la jonction avec la 2ème Division blindée venue de Normandie.
Lors de ces deux débarquements, les combattants marocains, à l’instar de leurs homologues d’autres pays africains, ceux d’Afrique du nord en particulier, ont dû faire face à une résistance farouche de l'armée allemande et ont souvent été confrontés à des situations périlleuses. Malgré cela, leur bravoure et leur détermination ont été inébranlables. Leur connaissance du terrain montagneux et leur esprit combatif ont été des atouts précieux vers la victoire finale.
A signaler que bien que le Maroc se trouvait sous Protectorat français, la participation des Marocains aux côtés des troupes françaises et celles des Alliés n’a été possible que grâce au rangement, dès le début, du Maroc du Sultan Sidi Mohammed du côté du monde libre. SM Mohammed V avait d’ailleurs fait lire, le 3 septembre 1939 dans les mosquées, un appel conviant le peuple marocain à soutenir le peuple français dans sa lutte contre l’Allemagne nazie. Cet appel avait immédiatement fait son effet et de nombreux combattants marocains n’avaient pas hésité à se mobiliser aux côtés des troupes françaises en guerre contre le nazisme.
Le général de Gaulle n’a d’ailleurs pas hésité, le 18 juin 1945 après la libération, de faire du Sultan du Maroc Mohammed V, Compagnon de la Libération en reconnaissance du concours sans réserve apporté par le Maroc à la France.
Toutefois, cette reconnaissance n’avait pas été traduite pour ce qui est des droits d’après-guerre des combattants marocains et leurs ayant-droit. Bien que l’effort de guerre avait été déterminant et le tribut lourd, un décret promulgué au moment de la décolonisation a gelé les pensions des seuls ressortissants des anciennes colonies ayant servi dans l'armée française. De nombreux appels à l’équité n’ont pas aboutir et la situation était demeurée inchangée jusqu’à 2002, année où le gouvernement français a décidé de débloquer enfin, mais partiellement, la revalorisation de la pension de ces soldats «oubliés». Et encore. Celle-ci, calculée en fonction du niveau de vie du pays de résidence, est restée largement inférieure à celle des combattants français.
Il a fallu encore huit ans, soit en 2010, pour que le président Nicolas Sarkozy annonce l'alignement des pensions de tous les anciens combattants quels que soient leur nationalité et leur lieu de résidence.
Tout est donc bien qui finit bien ? Oui, pour le peu de survivants parmi eux, après de longues années de frustration et de souffrance…