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Par Dr Samir Belahsen
« Celui qui trahit une seule fois ses principes perd la pureté de sa relation avec la vie. Tricher avec soi-même, c'est renoncer à tout, à son film, à sa vie. »
Andreï Tarkovski
« N'écris rien dont tu aies à rougir dans les moments de suprême solitude. La mort plutôt que la tricherie ou le mensonge. »
Cioran
Andreï Tarkovski
« N'écris rien dont tu aies à rougir dans les moments de suprême solitude. La mort plutôt que la tricherie ou le mensonge. »
Cioran
Sur un plateau de télévision l’excellent journaliste Mohammed EL GAHS s’inquiétait, il y a déjà quelques années, de la banalisation de la tricherie. Il citait trois exemples :
Parmi les nombreuses occurrences possibles de la triche, on peut tricher dans le jeu, dans le sport, le scolaire, l’universitaire, les élections, les entreprises et même en amour.
Pourquoi on triche ?
On triche à tous les étages, à tous les niveaux et dans toutes les classes sociales.
C’est devenu un modèle alternatif ! Un système qui marche car l’offre rencontre la demande.
Un système accepté moralement et presque Halalisé car il rétablit une certaine égalité relative dans un environnement inégalitaire.
En attendant que l’égalité des chances, la méritocratie, l’équité fiscale et l’Etat de droit soient bien les valeurs de tout modèle de réussite, on rétablit les déséquilibres en trichant un peu, beaucoup, énormément…
La société n’attendra jamais Godot, elle s’adapte en continuant à critiquer ses propres dérives
Sur le plan juridique, certaines tricheries relèvent de la qualification de crime, d’autre relèvent de celle de délit ou de simples infractions et il y a des tricheries qui ne sont pas incriminées.
Quand il s’agit de contourner des règles écrites ou coutumières non reprises par une loi, la triche se trouve qualifiée de contravention à la déontologie, aux bonnes mœurs ou à l’éthique.
De petite tricherie en petits écarts on tombe dans la déviance, souvent pour l’avantage indu, parfois pour le plaisir d’être plus fort que la norme.
Il y en a qui se sont habitués à la tricherie, non seulement pour les avantages indus mais aussi pour le plaisir de tricher.
Bref, la morale sanctionne le tricheur au nom de la faute et la loi, quand elle le peut, au nom de la fraude.
Il y a bien entendu des tricheries plus graves que d’autres mais le pire c’est de banaliser la tricherie et d’en faire une preuve de débrouillardise sinon d’intelligence. Le non tricheur serait juste un incapable, un idiot qui ne se débrouille pas assez.
C’est la ruse qui prévaut.
Plus globalement l’éloignement des valeurs en usage des valeurs affichées est un vrai phénomène sociologique.
Dans la littérature on retrouve parfois une certaine apologie de la triche que l’on qualifie de ruse, le changement de vocabulaire conduit à une sorte d’indulgence.
Rappelons combien la ruse est intimement liée à la culture occidentale depuis l’Illiade et l’Odyssée. Certains aspects de ces deux récits paraissent plus proches de la triche que de la ruse en valorisant le détour au lieu de la voie droite. (C’est par la ruse qu’Ulysse triomphe du Cyclope ou que le Chat botté arrive à vaincre l’ogre.)
A noter que la Bible tout en invitant à la ruse appelle à la vigilance :
« Matthieu, 10, 17-25, il les invite à se montrer avisés comme les serpents, prudents, rusés de cette ruse que le sage sait déployer à bon escient, mais sans rien perdre de leur candeur, de leur innocence. »
Dans la littérature, la ruse- triche est souvent réservée aux personnages bons qui se défendent contre des plus forts qu’eux, c’est souvent un acte de résistance aux puissants injustes.
Même notre personnage phare Jouha, d’un récit à l’autre, il passe de la ruse à la tricherie.
C’est comme dans les comédies de Molière ; on dénonce l'ordre établi en jouant sur les défauts des puissants en faisant rire le public. Grâce à la ruse et parfois à la triche, les serviteurs arrivent à tromper leurs maîtres.
C’est ainsi qu’on finit par trouver le tricheur intelligent et sympathique et la tricherie légitime.
La triche est donc ancienne et presque universelle, mais l’évolution du libéralisme et de son corollaire culturel ont abouti à sa banalisation.
Pour lutter contre la triche, il faut d’abord lutter contre sa banalisation. Il faut codifier, contrôler et sanctionner, mais il faut surtout éviter qu’elle devienne un trait de notre culture.
Il faut donc dénoncer la triche. Il faut s’indigner !
Même quand c’est comique !
- Les élèves qui trichent et qui trouvent « normal » de tricher…
- Les prisonniers qui faisaient les boulevards…
- Les patrons qui ne respectaient pas les rudiments du droit du travail…
- Tous les conducteurs qui ne respectent pas le code de la route
- Ceux qui trichent en faisant la queue
- Ceux qui trichent sur des appels d’offres, dans les tribunaux, dans les commerces …
Parmi les nombreuses occurrences possibles de la triche, on peut tricher dans le jeu, dans le sport, le scolaire, l’universitaire, les élections, les entreprises et même en amour.
Pourquoi on triche ?
On triche à tous les étages, à tous les niveaux et dans toutes les classes sociales.
C’est devenu un modèle alternatif ! Un système qui marche car l’offre rencontre la demande.
Un système accepté moralement et presque Halalisé car il rétablit une certaine égalité relative dans un environnement inégalitaire.
En attendant que l’égalité des chances, la méritocratie, l’équité fiscale et l’Etat de droit soient bien les valeurs de tout modèle de réussite, on rétablit les déséquilibres en trichant un peu, beaucoup, énormément…
La société n’attendra jamais Godot, elle s’adapte en continuant à critiquer ses propres dérives
Sur le plan juridique, certaines tricheries relèvent de la qualification de crime, d’autre relèvent de celle de délit ou de simples infractions et il y a des tricheries qui ne sont pas incriminées.
Quand il s’agit de contourner des règles écrites ou coutumières non reprises par une loi, la triche se trouve qualifiée de contravention à la déontologie, aux bonnes mœurs ou à l’éthique.
De petite tricherie en petits écarts on tombe dans la déviance, souvent pour l’avantage indu, parfois pour le plaisir d’être plus fort que la norme.
Il y en a qui se sont habitués à la tricherie, non seulement pour les avantages indus mais aussi pour le plaisir de tricher.
Bref, la morale sanctionne le tricheur au nom de la faute et la loi, quand elle le peut, au nom de la fraude.
Il y a bien entendu des tricheries plus graves que d’autres mais le pire c’est de banaliser la tricherie et d’en faire une preuve de débrouillardise sinon d’intelligence. Le non tricheur serait juste un incapable, un idiot qui ne se débrouille pas assez.
C’est la ruse qui prévaut.
Plus globalement l’éloignement des valeurs en usage des valeurs affichées est un vrai phénomène sociologique.
Dans la littérature on retrouve parfois une certaine apologie de la triche que l’on qualifie de ruse, le changement de vocabulaire conduit à une sorte d’indulgence.
Rappelons combien la ruse est intimement liée à la culture occidentale depuis l’Illiade et l’Odyssée. Certains aspects de ces deux récits paraissent plus proches de la triche que de la ruse en valorisant le détour au lieu de la voie droite. (C’est par la ruse qu’Ulysse triomphe du Cyclope ou que le Chat botté arrive à vaincre l’ogre.)
A noter que la Bible tout en invitant à la ruse appelle à la vigilance :
« Matthieu, 10, 17-25, il les invite à se montrer avisés comme les serpents, prudents, rusés de cette ruse que le sage sait déployer à bon escient, mais sans rien perdre de leur candeur, de leur innocence. »
Dans la littérature, la ruse- triche est souvent réservée aux personnages bons qui se défendent contre des plus forts qu’eux, c’est souvent un acte de résistance aux puissants injustes.
Même notre personnage phare Jouha, d’un récit à l’autre, il passe de la ruse à la tricherie.
C’est comme dans les comédies de Molière ; on dénonce l'ordre établi en jouant sur les défauts des puissants en faisant rire le public. Grâce à la ruse et parfois à la triche, les serviteurs arrivent à tromper leurs maîtres.
C’est ainsi qu’on finit par trouver le tricheur intelligent et sympathique et la tricherie légitime.
La triche est donc ancienne et presque universelle, mais l’évolution du libéralisme et de son corollaire culturel ont abouti à sa banalisation.
Pour lutter contre la triche, il faut d’abord lutter contre sa banalisation. Il faut codifier, contrôler et sanctionner, mais il faut surtout éviter qu’elle devienne un trait de notre culture.
Il faut donc dénoncer la triche. Il faut s’indigner !
Même quand c’est comique !