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Billet d’humeur : Ping‑pong consulaire : quand Paris et Alger jouent sans filet


Rédigé par le Mercredi 16 Avril 2025

Un échange d’expulsions qui ravive les crispations franco‑algériennes
L’enlèvement d’un influenceur, mèche courte d’une crise annoncée
Entre sécurité nationale et mémoire coloniale, un dialogue toujours sous tension



Diplomatie express : retour à l’envoyeur en douze exemplaires

On croyait que le téléphone rouge, remis en service le 31 mars, allait enfin grésiller d’autre chose que des soupirs exaspérés. Las ! Paris et Alger se sont offert un joli échange de services : douze diplomates algériens priés de plier bagage ? Douze Français renvoyés aussitôt à leurs cartons. La diplomatie, c’est parfois un tournoi de ping‑pong où l’on confond balle en celluloïd et susceptibilité XXL : un smash, un contre‑smash, et voilà les ambassades transformées en vestiaires.

Le fond de l’affaire, pourtant, ressemble moins à un sport de raquette qu’à un polar de quai de gare : le rapt présumé d’un influenceur algérien sur sol français. Trois compatriotes, dont un employé consulaire, sont désormais mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste ». Paris hurle à l’enlèvement façon série Netflix ; Alger clame à l’« argumentaire vermoulu » et voit dans l’opération une cabale judiciaire cousue de fil blanc. Résultat : chacun campe derrière son drapeau, lorgnant le tableau d’affichage des vexations.

Plus ironique encore, cette brouille survient quinze petits jours après que MM. Macron et Tebboune se sont juré, la main sur le cœur (et sur les accords de coopération), de « reprendre le dialogue ». Visiblement, le dialogue n’a pas retrouvé le mot de passe du Wi‑Fi. Les conseillers diplomatiques, eux, font leurs valises en chronométrant le temps qu’il faudra pour rapatrier les chiens‑chaînes, les plantes vertes et les dossiers de visas déjà en souffrance.

La France invoque « sa sécurité nationale » ; l’Algérie dénonce « l’escalade ». À force d’escalader, on finit par camper sur la corniche, admirant le vide entre les deux rives. Sauf que ce vide pèse très lourd : près de cinq millions de binationaux, des échanges commerciaux stratégiques et une coopération migratoire fragile comme une porcelaine de Limoges. Chaque poussée de fièvre diplomatique se paye comptant – visas ralentis, projets gelés, mémoires historiques réveillées.

On sait, bien sûr, qu’un communiqué n’a jamais construit de pont ; il peut, en revanche, faire tomber un briquet dans un baril de ressentiment. Gageons que les deux capitales, après avoir joué aux chaises musicales avec leurs agents consulaires, devront tôt ou tard rallumer la machine à cafés tièdes et reprendre langue. Car, spoil : aucun pays ne gagne vraiment au bras de fer quand les poignées de main manquent. D’ici là, les observateurs comptent les points, les twittos affûtent leurs blagues, et les voyageurs prient pour que leurs passeports ne pâtissent pas d’un service après‑vente diplomatique en grève.

Diaspora sous pression

Pour les Franco‑Algériens, chaque crise est un mauvais remake : rendez‑vous consulaires reportés, démarches administratives ralenties, angoisse à la frontière.

Les associations d’étudiants redoutent déjà un automne sans visas, tandis que les entrepreneurs du BTP s’inquiètent pour leurs chantiers transméditerranéens. La dernière flambée, en 2021, avait amputé de près de 30 % les échanges aériens – et vidé les porte‑monnaie des familles contraintes de passer par Madrid ou Tunis.

Au‑delà des postures présidentielles, ce sont donc d’innombrables histoires personnelles qui se retrouvent suspendues à une formule magique : « consultations ». Souhaitons‑leur qu’elles soient courtes… et constructives.

France, Algérie, diplomatie, expulsion, crise, Macron, Tebboune, consulaires, enlèvement, relations






Mercredi 16 Avril 2025

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