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L’ostéoporose, une maladie chronique de l’os, de gravité sous-estimée chez les femmes


L’Ostéoporose, cette maladie chronique de l'os, expose à un risque élevé de fractures dont certaines peuvent être graves et ‘mortelles’ à terme.
Environ 40% des femmes, à partir de 65 ans, souffrent d’ostéoporose.
La proportion atteint jusqu’à 70% chez celles âgées de 80 ans avec également au moins 20 % des hommes à partir de 50 ans qui feront une fracture ostéoporotique.
Pour démêler le feu du vrai sur cette maladie, interview avec un spécialiste des maladies rhumatismales, Dr Rachid BAHIRI, professeur de rhumatologie à la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat et président de la société Marocaine de Rhumatologie (SMR).
Vous retrouverez également Pr Rachid BAHIRI dans l’émission Carrefour Santé de L’ODJ TV pour parler des différentes maladies rhumatismales, partocuierement celles qui sont handicapantes



Écouter le podcast en entier :


Interview du Dr Anwar CHERKAOUI avec Pr Rachid BAHIRI

Dr Anwar CHERKAOUI : quelle est la vraie définition de l’ostéoporose ?
 
Pr Rachid BAHIRI : L’ostéoporose est une maladie diffuse du squelette qui correspond à une baisse de la quantité (densité) de l’os mais également à une perte de ses qualités microarchitecturales avec une fragilité excessive et un risque conséquent accru de fractures inopinées.
Les personnes atteintes ont des os en général plus minces, plus poreux et donc plus fragiles.
Ces fractures osseuses concernent surtout la colonne, la hanche et le poignet mais aussi le bassin, l’épaule et les côtes.
 
Elle concerne surtout les femmes, une sur trois en moyenne mais pas que.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Est-ce que les personnes en surpoids présentent un risque plus important ?
 
Pr Rachid BAHIRI : Les femmes minces ou maigres, avec un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 19kg / m2, sont plus à risque de fracture ostéoporotique. 
Les personnes en surpoids et obèses sont moins touchées.
En revanche, les personnes obèses risquent de se briser la cheville, l’épaule et le tibia avec des chutes plus sévères.
 
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Est-ce que le tabagisme est un facteur favorisant l’ostéoporose ?
 
Pr Rachid BAHIRI : Dans l’évaluation de l’os de nos patientes, le tabac est également pris en compte puisqu’il est prouvé actuellement que fumer nuit à la santé de l’os.
Les os des fumeurs ont donc tendance à se fragiliser davantage parce que leur densité minérale est réduite.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Avec l’avancement dans l'âge, certaines femmes ont le dos courbé. On parle de tassement vertébral ?
 
Pr Rachid BAHIRI : Une femme peut présenter des fractures vertébrales (improprement appelées tassements, terme que les rhumatologues n’aiment pas). Quelque chose comme moins de 40 % de ces fractures sont responsables de tableaux de douleurs aigues.
Une bonne partie est silencieuse et indolore, susceptible plus tard d’occasionner une déformation (avec le classique dos courbé des femmes âgées) ainsi qu’une grosse gêne mécanique et fonctionnelle.
D’où la nécessité de se mesurer régulièrement la taille régulièrement après 50 ans. En effet, toute perte de plus de 4 cm par rapport à la taille qu’on faisait à 20 ans peut laisser craindre une fracture vertébrale.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Est ce que les fractures ostéoporotiques peuvent résulter d’un faux mouvement. 
 
Pr Rachid BAHIRI : A la différence des fractures traumatiques, provoquées par un choc important, les fractures d’ostéoporose peuvent survenir à la suite d’un effort minime, comme chuter de sa hauteur ou un simple faux mouvement
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Est-ce qu’on y a un lien entre la ménopause et le risque de perte osseuse ?
 
Pr Rachid BAHIRI : Certainement, une ménopause précoce est reliée à un risque plus élevé d’ostéoporose, car l’organisme féminin est privé plus tôt des œstrogènes protecteurs des os. Ces hormones régulent en effet de manière positive la balance entre les cellules qui fabriquent l’os (les ostéoblastes) et celles qui le détruisent ( les ostéoclastes). Faute d’œstrogènes, les ostéoclastes l’emportent et la perte osseuse s’accélère.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Est-ce que l’ostéoporose est intimement liée à l’avance dans l’âge ?
 
Pr Rachid BAHIRI : En général, la perte osseuse débute très lentement et insidieusement quelques années avant la ménopause et survient majoritairement et de manière accélérée pendant les dix années qui suivent. Donc, bien avant le grand âge.
De plus, certaines personnes peuvent souffrir d’ostéoporose plus tôt dans la vie. C’est le cas de celles qui vivent avec certaines maladies chroniques…….une pathologie inflammatoire (maladie de Crohn, bronchite chronique, asthme……, une maladie cœliaque ou endocrinienne (diabète, thyroïde, ovaires…..).
Sont également concernées les personnes qui prennent certains médicaments dont la cortisone (en cas de maladies inflammatoires justement, comme l’asthme ou la polyarthrite rhumatoïde) ou certaines antiépileptiques.
Donc certes, l’âge est un facteur prépondérant certes mais il y’a plein de facteurs qui influent sur la santé de notre os.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Est ce qu’il y a des prédispositions génétiques pour cette maladie chronique ?
 
Pr Rachid BAHIRI : Effectivement, le terrain génétique joue un rôle majeur. Parmi les questions qu’on pose systématiquement à nos patientes, c’est est-ce qu’il y’a des fractures ostéoporotiques dans votre entourage proche.
Cependant, quand l’ostéoporose survient plus rarement chez une personne jeune et sans cause évidente, il y’a certaines ostéoporoses juvéniles idiopathiques génétiques.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Est-ce que l’activité physique est essentielle pour la prévention des fractures liées à l’ostéoporose ?
 
Dr Rachid BAHIRI : Il est indispensable de discuter avec nos patients d’une activité physique régulière et adaptée. Elle fait partie à part entière de la prise en charge.
On privilégiera certaines activités notamment en plein air, le running, la marche nordique, la danse, le badminton, …
En revanche, chez des personnes fragiles multifracturées, il faut savoir bien doser la prescription de l’activité physique et qu’elle soit bien encadrée vu le grand risque de récidive fracturaire. Il faut lutter contre la kinésiophobie ( le peu de faire des activités physiques) qui s’installe chez ces personnes qui va les entraîner dans une spirale négative de sarcopénie (perte musculaire), perte de confiance et d’autonomie et donc chutes et fractures plus graves.
 
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Sur quoi se base le traitement de l’ostéoporose ?
 
Pr Rachid BAHIRI : Le traitement au long cours, sur plusieurs années, est indiqué de manière personnalisé au cas par et en fonction du risque fracturaire.
En outre, la décision de traiter tient compte de l’âge, des antécédents de fractures personnels ou familiales, des fractures de risque (faible activité physique, consommation cessible d’alcool....) et de la densité minérale de l’os.
On détermine cette dernière par une Ostéodensitometrie, qui est un examen utilisant des rayons X de faible intensité.
La réévaluation du traitement est régulière, chaque étant particulier.
Si le risque est élevé, le rhumatologue, ou le médecin généraliste, prescrit des médicaments anti-osteoporotiques, dont les plus courants sont les bisphosphonates
( mais aussi le raloxifène ou le dénosumab, et plus rarement le tériparatide dans les formes sévères.
A cela s’ajoutent des conseils nutritifs visant à éviter les carences en vitamine D et en calcium.
Pour les femmes dont le risque est faible, le rhumatologue donnera uniquement des conseils nutritifs avec surveillance régulière.
 
Dr Anwar CHERKAOUI : Existe-t-il des particularités de cette maladie dans notre contexte marocain ?
 
Pr Rachid BAHIRI : sur les 20 dernières années, plusieurs travaux scientifiques ont été consacrés à cette maladie dans notre pays et publiés dans de grandes revues. Maintenant, on cerne globalement le profil de cette maladie dans notre pays.
D’abord, on est touchés comme tout le monde et la prévalence des fractures ostéoporotiques dans notre population rejoint ce qui est publié ailleurs.

Ensuite, c’est une maladie qui reste très peu diagnostiquée, encore moins traitée et prise en charge.
Certains facteurs de risque sont aussi spécifiques de notre contexte comme le mode vestimentaire ( les femmes marocaines sont trop couvertes et donc ne profitent pas du soleil et par conséquent de la vitamine D), la multiparité ou encore plus graves, la prise en cachette de cortisone par des jeunes filles désirant arrondir leur silhouette.



 

Mardi 24 Janvier 2023



Rédigé par Rédaction le Mardi 24 Janvier 2023


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