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L'homme qui avait vu juste pour le Sahara marocain

La problématique d'avoir raison avant les autres est un concept fascinant qui soulève des questions sur la perception de la vérité et le jugement des événements passés


Rédigé par La Rédaction le Samedi 13 Mai 2023



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Par Jamal HAJJAM

Au delà de l’épisode d’Aix-Les-Bains au sujet duquel Allal El Fassi avait publiquement exprimé ses réserves estimant, à juste titre, que les négociations devaient porter sur la libération de l’ensemble du territoire national afin d’éviter une indépendance boiteuse, le Président de l’istiqlal s’était particulièrement illustré par ses positions engagées au sujet de Sakia Al Hamra et Oued Eddahab.

Le 7 mai 1974, à six jours de son décès, Allal El Fassi, quittant le Koweït pour Bucarest où il  succombera à une attaque cardiaque dans les bureaux du président roumain, lance un appel à la nation arabe pour qu'elle soutienne le peuple marocain dans sa lutte pour la récupération de ses territoires occupés par l'Espagne.

Par l'appel du Koweït, le "Zaïm" marquait fortement son action consacrée au parachèvement de l'intégrité territoriale qui avait commencé le 25 mars 1956 à Tanger, ville à partir de laquelle il adressa un message au Congrès constitutif de la Jeunesse Istiqlalienne qui se tenait à Fès et dans lequel il qualifiait justement l'indépendance du Maroc de boiteuse et fixait la priorité pour les Marocains dans la poursuite du combat pour la libération totale du pays et son unification.

Certains ont vu dans le combat de Allal El Fassi pour la récupération du Sahara un "égarement dans les sables et une poursuite vaine des mirages du désert". Mais, dans sa lutte à la fois contre le colonisateur et contre les défaitistes de l'intérieur, Allal El Fassi assumait le risque d'être seul et solitaire dans cette course de fond et de longue haleine, sans jamais démordre ni faillir à sa mission.

Dans la préface de "Bloc-notes du Sahara" dans lequel il a consigné une partie de ses écrits sur le Sahara, le leader de l'Istiqlal notera que son "appel au parachèvement de l'intégrité territoriale, a été considéré par d'aucuns, comme un dépassement de ce qui devait se produire, du fait que l'indépendance du Maroc était toute fraîche et que nous avons besoins de nous occuper de l'édification de ce que nous avons obtenu, avant de revendiquer ce qui relève encore de l'imaginaire (...)".

Mais, pour Allal El Fassi, le combat pour l'édification du pays et celui pour le parachèvement de l'unité territoriale étaient indissociables, et son action, même si elle ne devait pas aboutir dans l'immédiat, devrait servir de repère aux futures générations qui "peut-être, y décèleront une raison pour réaliser ce que notre génération a été incapable de concrétiser (...)".

Conscient que la libération du Sahara ne pouvait échapper à la pesanteur de la conjoncture sur les évènements et dépendait du degré de conscience, de maturité politique et d'engagement, Allal El Fassi consacrera la majorité de ses œuvres, déclarations, conférences, discours, causeries, etc. au développement de l'affaire du Sahara et à ses évolutions futures.

En mars 1956, il crée un hebdomadaire "Saharaâ Al Maghrib" (Sahara du Maroc) puis "Perspectives sahariennes" qui contiendront pas moins de 20 éditoriaux qu'il réunira par la suite dans deux livres : "Bloc-notes du Sahara", et "Défendre l'unité territoriale". Son action portera également l'empreinte d'un contrat permanent avec les populations des régions occupées et sera marquée par de multiples démarches officieuses, secrètes et publiques auprès de l'Espagne pour la dissuader de sa politique colonialiste.

Quand, en novembre 1968, le ministre espagnol des Affaires étrangères fait savoir à la Commission de décolonisation de l'ONU que son gouvernement était prêt  à rétrocéder l'enclave d'Ifni au Maroc, sans souffler  mot sur Sakia El Hamra et Oued Eddahab, Allal El Fassi clamera devant le Conseil national de son parti "nous n'abandonnerons jamais nos droits légitimes et notre devoir est d'essayer d'amener les Espagnols à rétrocéder nos territoires par la négociation. Si l'Espagne devait persister  à ne pas reconnaître nos revendications légitimes, nous serions en droit de recourir à d'autres  moyens".

L'essentiel cependant de la force d'Allal El Fassi dans la défense de l'intégrité territoriale n'était pas tant son sentiment juste d'être dans son droit, mais surtout dans la lucidité de l'analyse qu'il faisait de l'indépendance incomplète du Maroc : dans l'objectif et les desseins à court terme de l'occupation d'une partie des territoires marocains par des forces colonialistes, il voyait un plan destiné à empêcher le Maroc d'évoluer proportionnellement à ses forces réelles et potentialités naturelles afin de provoquer au Maroc une situation à même d'en faire un pays aliéné et néo-colonisé.

Le 20 mars 1957, il relate dans "Saharaâ Al Maghrib" le plan du colonialisme  et les étapes "naturelles" qu'il allait connaître : "La première étape du colonialisme consistera à créer un parti ou groupements locaux liés aux forces de l'occupation dont la principale tâche sera le rattachement à la métropole (...). La deuxième étape du plan consistera à inciter la création d'un "Etat indépendant", souverain mais n'en demeurant pas moins cordialement lié à l'ancienne puissance coloniale".

Un scénario qui a failli se produire 18 ans après, n'eut été la Marche Verte.

La suite est une tout autre histoire...

Par Jamal HAJJAM
 

NDLR : Allal El Fassi et le Sahara Marocain

Allal El Fassi était un homme politique marocain et l'un des fondateurs du mouvement nationaliste. Il a longtemps défendu la marocanité du Sahara dans une solitude politique pesante et a utilisé plusieurs arguments pour soutenir cette position.

L'un de ses principaux arguments était que le Sahara avait toujours fait partie intégrante du Maroc et que les revendications territoriales de l'Algérie et de la Mauritanie étaient injustifiées. Il a également souligné que le Sahara était peuplé de tribus marocaines et que la population locale souhaitait rester sous la souveraineté marocaine.

En outre, El Fassi a affirmé que le Sahara était une région riche en ressources naturelles, telles que le phosphate et le pétrole, et que le Maroc avait le droit de les exploiter. Il a également souligné l'importance stratégique du Sahara pour la sécurité du Maroc et de la région dans son ensemble.

En somme, Allal El Fassi a défendu la marocanité du Sahara en se basant sur des arguments historiques, culturels, économiques et géostratégiques.
 
Allal El Fassi a été moqué pour sa défense de la marocanité du Sahara car il avait une réputation d'être un nationaliste excessif et de vouloir imposer ses idées sans tenir compte des opinions contraires : les idées d'Allal El Fassi ont suscité des réactions diverses chez les politiciens marocains, reflétant la complexité de la question du Sahara et les divergences d'opinions sur la meilleure façon de la résoudre.

La problématique d'avoir raison avant les autres est un concept fascinant qui soulève des questions sur la perception de la vérité et le jugement des événements passés

Dans de nombreux cas, l'histoire finit par donner raison à ceux qui étaient en avance sur leur temps, mais cela ne signifie pas que c'est toujours le cas.

Il y a des moments où des idées novatrices et des opinions divergentes sont ignorées ou rejetées par la majorité. Des visionnaires et des penseurs en avance sur leur époque peuvent être critiqués, moqués ou même persécutés pour leurs croyances. Cependant, avec le recul du temps, il arrive souvent que leurs idées soient reconnues comme étant justes et influentes.

L'histoire est un processus complexe et évolutif. Les événements et les idées sont souvent réévalués à mesure que de nouvelles preuves, de nouvelles perspectives et de nouvelles analyses émergent. Les changements sociaux, politiques et culturels peuvent également jouer un rôle dans la réévaluation de ce qui est considéré comme vrai ou juste.

Il est important de garder à l'esprit que le fait d'avoir raison avant les autres n'est pas une garantie absolue de validation future. Parfois, les idées préconçues peuvent se révéler erronées et être réfutées par de nouvelles découvertes. La vérité est un concept complexe et évolutif qui peut être sujet à des interprétations et des changements au fil du temps.

Cependant, cela ne doit pas décourager les individus d'exprimer leurs idées et leurs convictions.

Les personnes qui osent penser différemment et remettre en question le statu quo peuvent apporter des contributions précieuses à la société et à notre compréhension du monde. Même si l'histoire ne leur donne pas toujours raison, leur engagement et leur persévérance peuvent ouvrir la voie à de nouvelles perspectives et à de nouvelles découvertes.
 





Samedi 13 Mai 2023

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