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Par Bargach Larbi
C’est ainsi qu’aujourd’hui l’Algérie dispose d’un Sahara de 1,5 millions de km², alors que l’Algérie en tant nation n’a vraiment existé que par à coup, il y avait la régence d’Alger, d’Oran de Constantine, le royaume de Tlemcen, la Kabylie autant « d’états » très différents les uns des autres. C’est la France qui crée l’Algérie actuelle en grignotant sur le Maroc, sur la Tunisie et surtout en unifiant l’ensemble du territoire.
La France ne l’a pas fait pour les beaux yeux des algériens, bien au contraire elle considérait l’Algérie comme un ensemble de départements français qui relevait administrativement du ministère de l’intérieur. Tunisie et Maroc sous protectorats dépendaient du ministère des affaires étrangères.
Il y a aussi la Lybie qui dispose de 1 million de km² de Sahara, l’Egypte 1 million aussi. Des étendus riches de leurs sous-sols.
Avant d’accorder l’indépendance à l’Algérie, la France a créé trois départements au Sahara qu’elle a voulu un moment séparer du reste de l’Algérie française. Elle a même tenté de négocier avec le Maroc, fraichement indépendant, des accords en vue d’obtenir la neutralité marocaine dans la guerre que lui menait le FLN, le mouvement de résistance algérien. Ce mouvement nationaliste est né des multiples vexations des colons français à l’égard des populations musulmanes. La nation algérienne c’est avant tout un ressentiment envers le colon français. La nation marocaine c’est un lien avec une dynastie, avec des révoltes quelques fois, Bled Siba.
L’idée de la France était d’amadouer le Maroc en lui restituant Tindouf et d’autres localités.
Le Maroc a bien entendu refusé la proposition française, préférant négocier des accords frontaliers avec Ferhat Abbas le Président du Gouvernement algérien en exil, le GPRA. Un accord a même été signé, il ne sera pas respecté, Ferhat Abbas a été renversé quelques jours après l’indépendance. Feu Boumediene, à la suite de Ben Bella ne s’est jamais senti concerné par cet accord.
Le Maroc finira par abandonner Tindouf. Un abandon pragmatique. Le pays est convaincu que le développement économique passe par la création d’un grand marché, et le grand Maghreb en est un. C’est pour ça qu’il a fini par accepter de reconnaitre ce fait accompli et signer un accord avec le régime algérien en 1969.
Par contre il n’a jamais renoncé à récupérer ses provinces du Sud. Occupés par l’Espagne depuis le 19ème siècle, Sakia El Hamra, Oued Dahab, Cap Juby (Tarfaya) et Sidi Ifni étaient des provinces marocaines depuis toujours.
Aussi, dès que la fin du protectorat a été actée, le Maroc les a réclamés officiellement. La raison pour laquelle ils ne faisaient pas partie des accords d’indépendances de 1956 est la suivante : Lorsque l’acte de protectorat a été signé en 1912, le Maroc, fragilisé par son soutien à l’Emir Abdelkader, avait déjà été conquis et plusieurs parties de son sol étaient déjà occupées par l’Espagne. Il s’agit des territoires formant le Sahara Atlantique (Sakia El Hamra, Oued Dahab et Cap Juby) ainsi que Sidi Ifni plus au nord.
Il fallait donc procéder à leur restitution. La France qui avait des visées sur le Sahara Algérien soutenait l’Espagne. Elle va tout même faire pression pour que le Maroc obtienne Cap Juby (Tarfaya en 1958). Elle cherchait le démantèlement de l’Armée de Libération, finalement intégrée aux FAR. Par contre elle soutenait l’Espagne sur le reste. Elle préférait le voisinage espagnol pour un accès à l’Océan Atlantique.
A l’indépendance de l’Algérie très vite confisquée par les militaires, notamment Boumediene, le chef de l’armée des frontières il est resté toutes les années de la guerre France FLN entre le Maroc et la Tunisie. Il se dit qu’il n’a jamais tiré une balle contre un soldat français, il se rattrapera avec l’assassinat ou la déportation de tous les héros de la guerre qui a duré 8 ans 1954-1962.
Au départ de la France d’Algérie, le Maroc pensait qu’il était débarrassé d’un obstacle au recouvrement de toutes ses terres. Il allait vite déchanter. On a vu avec le véritable coup d’état en Algérie, mais ce n’était pas fini.
En 1963, le nouveau régime algérien, issu de l’armée des frontières, est en difficulté à cause d’un soulèvement très important en Kabylie, soutenu par Ait Ahmed. Boumediene, poussera Ben Bella à déclencher une guerre contre le Maroc pour y mettre fin.
La guerre des sables, c’est son nom historique va très vite tourner en faveur du Maroc sur le plan militaire et permettre des avancées importantes sur le terrain. Ce sera toutefois un échec diplomatique, le Maroc étant contraint de revenir aux frontières d’avant la guerre, qu’il validera plus tard officiellement. L’Algérie meurtrie par 8 ans de guerre et adepte du camp des non-alignés, en réalité du camp socialiste dominant à l’époque avait la sympathie de l’ensemble du tiers monde.
Il restait Sakia El Hamra, Oued Dahab et Sidi Ifni. Le sort de cette province sera réglé dans le cadre d’un accord au même titre que celui de Cap Juby. Par contre les deux premiers vont rester en suspens.
C’est avec l’Espagne qu’il y avait un enjeu. Le Maroc qui a déposé le dossier du Sahara au niveau de la 4ème commission de décolonisation dérangeait ses plans. Elle a alors proposé l’organisation d’un référendum, sous son autorité, par lequel elle propose aux habitants de la région soit d’accepter un rattachement à l’Espagne soit leur indépendance.
Pourquoi un référendum alors que le Maroc avait récupéré Cap Juby et Sidi Ifni dans le cadre d’accords ?
En réalité, l’Espagne n’avait qu’un seul objectif écarter le Maroc et ses revendications. Le référendum lui donnait l’occasion soit d’avoir un aval définitif sur la propriété du Sahara soit de créer un état soumis. L’Algérie ne voyait pas d’un mauvais œil cette démarche espagnole mais elle restait à l’écart. Le Maroc venait de subir deux coups d’états militaires et ils pariaient sur une monarchie ébranlée. C’était sans compter sur l’attachement des marocains à leurs institutions.
La posture espagnole peut se comprendre, la colonisation a permis à un certain nombre de pays de s’imaginer puissants ce que ne reflétait ni leur économie ni leur position au classement mondial. Il se disait aussi que les sous-sols du Sahara occupé par l’Espagne regorgeaient de minerais et d’hydrocarbures.
L’Algérie restait aux aguets. Son objectif était clair obtenir une ouverture vers l’Atlantique afin de valoriser les importantes découvertes de son propre sous-sol.
Par la suite devant les pressions à l’international, le monde vivait les conséquences du deuxième choc pétrolier et l’Algérie disposait de moyens énormes, Hassan II a fini par accepter le principe du référendum. C’était en 1981 à Nairobi. Cette proposition avait rallié toutes les composantes de l’Afrique. M. Samora Machel, le Président du Mozambique, un homme de l’extrême gauche africaine, avait même déclaré « Nous saluons le Maroc, pour avoir eu le courage d’écouter la voix de la justice et de la raison. C’est un acte qui le grandit…L’Afrique se retrouve unie ».