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Par Dr. Sanaa Eddiry
Selon une étude du Haut-Commissariat au Plan, près de 6,3 millions de femmes ont été victimes de violences physiques, psychologiques, économiques ou sexuelles. Les violences domestiques sont particulièrement répandues en milieu rural, mais elles existent aussi en milieu urbain. Le phénomène des féminicides est également inquiétant, avec 40 féminicides documentés en 2023, souvent commis par des proches.
Pour lutter contre cette violence, plusieurs avancées législatives ont été mises en place, souvent impulsées par la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Sous son leadership, la révision de la Moudawana en 2021 a marqué un tournant important en renforçant les droits des femmes, notamment en matière de protection contre les violences domestiques, de divorce et de garde des enfants. Cette réforme, bien qu’ambitieuse, reste confrontée à des défis d’application, en particulier dans les zones rurales où des résistances sociales persistent.
La loi n° 103-13, adoptée en 2018 pour la lutte contre les violences faites aux femmes, constitue également un pas en avant dans la consolidation des droits des femmes, en accord avec les orientations royales. Elle prévoit des mesures de protection pour les victimes, mais son application demeure parfois insuffisante. Le manque de formation des autorités, l'isolement des femmes dans certaines régions et la peur de représailles restent des obstacles majeurs.
Des associations comme l’Association Démocratique des Femmes du Maroc (ADFM) et l’Association Marocaine pour les Droits des Femmes (AMDF) jouent un rôle essentiel en offrant des services d’écoute, de soutien psychologique et d’accompagnement juridique. Elles œuvrent également pour sensibiliser les femmes aux ressources disponibles et les aider à comprendre leurs droits.
Sans oublier les Maisons des Femmes, présentes dans certaines régions, qui offrent un refuge et un suivi psychologique aux victimes. Ces espaces sécurisés où les femmes peuvent trouver un soutien pour sortir du cycle de violence sont très importants.
Une autre initiative significative est la mise en place de la ligne téléphonique d'urgence 191, dédiée aux signalements de violences domestiques. Bien qu’elle soit un outil précieux pour assurer un premier secours, cette ligne reste parfois sous-utilisée en raison du manque de sensibilisation et du manque de confiance des victimes envers les institutions.
Des actions de sensibilisation sont donc essentielles pour encourager un changement de mentalité et inciter les femmes à prendre conscience de leurs droits. L’Académie Internationale des Marocaines à l’Étranger (AIME) se mobilise également pour sensibiliser les femmes aux conséquences de la violence. AIME organise des campagnes de sensibilisation, des conférences et des ateliers pour informer les femmes, tant au Maroc qu’à l’étranger, des démarches à suivre pour sortir du cycle de violence. L'organisation met un accent particulier sur la solidarité féminine, l'importance de l'éducation et la mobilisation des femmes pour qu’elles puissent revendiquer leurs droits et briser le cycle de la violence.
Grâce à la vision et à l’engagement continu de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, pour la justice sociale et l’égalité des sexes, le Maroc a pu franchir des étapes importantes pour garantir un environnement plus sûr et plus respectueux pour les femmes. Cependant, en dépit des avancées législatives et des actions menées, il reste encore beaucoup à faire pour éradiquer la violence à l’égard des femmes.
La stigmatisation sociale reste un obstacle majeur, surtout dans les zones rurales où la violence est souvent minimisée. L’éducation et la sensibilisation doivent être renforcées pour changer les mentalités, encourager la dénonciation des violences et promouvoir une culture de solidarité et de soutien collectif. C’est en combinant les efforts de la société civile, des autorités publiques et des institutions que nous pourrons espérer construire un environnement où les femmes sont protégées, respectées et libres de vivre sans peur. Le Maroc a fait des progrès, mais la route reste encore longue pour garantir à chaque femme la sécurité et les droits qu’elle mérite.