Par Bouchikhi Marouane
L'ombre de la main invisible, ce concept cher à Adam Smith, plane sur le Maroc, mais son action semble bien singulière dans le domaine des carburants. Alors que les cours du pétrole brut s'effondrent sur les marchés internationaux, les consommateurs marocains, eux, ne perçoivent qu'une brise légère, une illusion d'économie. L'essence et le diesel, ces sèves vitales de notre économie, résistent à la baisse, défiant toute logique économique.
Mais où se cache donc cette main invisible qui, au lieu de réguler, semble orchestrer une danse macabre ? Pourquoi les prix à la pompe, loin de s'aligner sur la chute des cours mondiaux, affichent un entêtement suspect ? Questionnons l'opiniâtreté des importateurs, ces gardiens autoproclamés d'un marché opaque. Est-ce l'avidité, la spéculation, ou d'autres forces obscures qui dictent leurs décisions ?
L'absence de la Samir, la raffinerie de Mohammedia, est une blessure béante dans le corps énergétique de la nation. Privés de cet atout, nous sommes à la merci des fluctuations internationales, otages d'une souveraineté énergétique fantomatique. Le silence assourdissant des autorités face à cette situation est plus qu'inquiétant.
Mais au-delà de l'inertie. La volonté politique, cette boussole qui devrait guider la nation, semble étrangement défaillante. Et si, par un funeste hasard, le chef du gouvernement, lui-même magnat des carburants, était le gardien d'un système où les intérêts privés se confondent avec l'intérêt général ? La connivence, ce cancer des démocraties, serait-elle parvenue à gangrener ce secteur vital ?
Le silence des médias, le mutisme des politiques, tout converge vers une même conclusion : le Maroc est le théâtre d'un scandale qui défie l'entendement. La main invisible, dans ce contexte, semble moins guider le marché que le manipuler, au détriment des citoyens et au profit d'une poignée de privilégiés..
Face à ce désolant spectacle, les Marocains, désabusés par un jeu politique devenu stérile, n’accordent plus foi aux partis. Toute tentative de leur faire confiance semble vaine, synonyme de désillusion et de perte de temps. Les promesses s’envolent, les discours se dissipent, et le peuple se retrouve seul face à une réalité de plus en plus dure.
Pourtant, au cœur de ce désordre, une constante demeure : la monarchie. C’est vers elle, vers leur Roi, que les Marocains tournent leurs regards, nourris d’espoir et de confiance. Car au-delà des querelles partisanes et des intérêts personnels, la monarchie représente l’unité, la continuité et la stabilité du pays. Elle incarne l’ultime recours, celui capable de restaurer la justice et de mettre un terme à l’injustice qui gangrène le système.
Mais le tableau serait incomplet sans évoquer l'absence d'une véritable force d'opposition, capable de contester efficacement les décisions et de défendre les intérêts du peuple. Où sont les élites, celles qui devraient faire leur travail avec courage et intégrité ? Le constat est amer : le Maroc souffre d'un manque de régénération de ses élites, et les mêmes visages, les mêmes leaders politiques, semblent bien ancrés dans le paysage, prisonniers d'un contexte et d’un système qui les dépasse. Il est grand temps de briser ce silence, d'exiger la transparence, et de restaurer la confiance dans un système qui semble avoir perdu toute boussole morale.
“Ne serait-il pas urgent aujourd’hui de repenser le modèle de gouvernance des partis politiques et des syndicats, afin de les sortir de cette léthargie structurelle ? Certes, les résistances au changement resteront fortes, et ce, pour une raison simple : l’élite actuelle tire pleinement profit de la situation
Comme le rappelle sagement l’adage, un peuple qui ignore son histoire risque de la revivre. Espérons qu’il ne s’agira pas, cette fois encore, d’une révolte sociale comme celle du Koumira qui a secoué Casablanca au début des années 1980.
A bon entendeur