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Joe Biden veut une conférence sur le Sahara : Le doute est permis, l’espoir aussi


Rédigé par La Rédaction le Mercredi 5 Juin 2024

A cinq mois des élections présidentielles américaines (5 novembre 2024), le Président Joe Biden semble tout d’un coup s’intéresser de près au conflit autour le Sahara marocain qui, simple rappel, dure depuis presque un demi-siècle.



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Par Jamal HAJJAM

L’intérêt subit de Monsieur Biden part certainement d’une bonne intention, mais ne manque toutefois pas de soulever quelques interrogations, d’abords sur le timing de la proposition, puis sur la forme de la plateforme proposée et ensuite sur la nature de la solution préconisée ou, du moins, imaginée. 

Le Président américain a en effet demandé au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, d’organiser une conférence avec les quatre parties identifiées par le Conseil de Sécurité comme directement concernées par la question du Sahara, à savoir le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le polisario, mais leur a ajouté l’Espagne, la France, les États-Unis et la Russie.

Autrement dit, une sorte de mini conférence internationale qui sort manifestement du cadre arrêté par la dernière résolution du Conseil de Sécurité -dont les USA sont le porte-plume-, résolution qui réitère la nécessité de la reprise des tables rondes abandonnées par l’Algérie.

La résolution 2703 du 27 octobre 2023 confirme également, faut-il le rappeler, la prééminence de la proposition d’autonomie marocaine, les qualificatifs de la solution politique de compromis, ainsi que le nécessaire recensement des populations des camps de Tindouf.

Fait donc remarquable, l’initiative de Biden ne suit pas les procédures habituelles de l’ONU qui préconisent des tables rondes entre les principaux acteurs. Le timing quant à lui, incite à voir dans la proposition, une manœuvre électorale par laquelle Biden chercherait à marquer des points sur la scène internationale à quelques mois des présidentielles.

C’est notamment l’avis du politologue et professeur des relations internationales, Mohamed Tajeddine El Housseini, qui y décèle également une volonté de repositionner les États-Unis face aux bouleversements géopolitiques, notamment avec la guerre en Ukraine et à Gaza.

Il est en outre indéniable que Washington tente de maintenir son avantage stratégique en Méditerranée, une région clé sur le plan sécuritaire, énergétique et politique. La conférence proposée pourrait donc être perçue comme un moyen de réaffirmer l’engagement des États-Unis dans la région, tout en renforçant ses alliances. Le président américain voudrait, dans la foulée, montrer que son administration n’a pas détourné son attention du Maghreb et qu’elle cherche à promouvoir des solutions politiques négociées sur plusieurs fronts, y compris au Sahara. 

Soit. Mais la question qui s’impose est de savoir si nous ne serions pas devant une simple opération de marketing intervenant dans un contexte international particulier, avec comme toile de fond les élections présidentielles américaines et des crises géopolitiques telles que la guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien. Dans ce cas, qu’en serait-il réellement de la volonté de vouloir chercher un règlement conséquent à la question du Sahara ? Sur quelles bases le résoudre et dans quelles conditions ? 

Ce sont là des interrogations légitimes que tout un Marocain devrait se poser sachant que l’Algérie, qui a toujours prétendu ne pas être concernée par le conflit et qui refuse de siéger aux tables rondes retenues par le CS de l’ONU comme passage obligé, aurait déjà donné son accord pour une telle rencontre. La célérité de l’acceptation algérienne ne peut être innocente et ne signifierait rien d’autre qu’une volonté de se présenter comme partie facilitatrice à l’instar des puissances proposées et non comme partie au conflit.

La proposition de Biden pourrait dans ce cas prendre la forme d’une perche tendue à l’Algérie qui en profiterait pour se dérober définitivement des tables rondes préconisées par les résolutions successives du Conseil de Sécurité, sous prétexte que la conférence de Biden est prépondérante au regard du rang et de la qualité des puissances la composant.

Toutefois, la médaille a un revers et la perspective d’une telle conférence peut, à l’opposé, jouer en faveur du Maroc en ce sens que le Royaume entretien des relations diplomatiques solides à la fois avec les USA, l’Espagne et la France, voire aussi avec la Russie avec laquelle il est lié par des partenariats économiques et commerciaux stratégiques qui placent le Royaume dans une position avantageuse. Avec ses alliances diversifiées, le Maroc pourrait en effet trouver dans cette éventuelle dynamique une opportunité de renforcer sa position sur la scène internationale.

Reste que la géostratégie a souvent ses raisons que notre raison ne connait pas. Et pour cause. Si les États-Unis cherchent à préserver leur influence en Afrique, et que Biden voit le Maroc comme un allié clé dans cette stratégie, la Russie veut de son côté maintenir une influence militaire croissante dans le continent africain, ce qui passe inéluctablement par l’entretien de rapports privilégiés, voire complices, avec les pays qui lui sont affidés, l’Algérie en tête. Vigilance, vigilance…





Mercredi 5 Juin 2024

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