Je pleure
Quand je vois de l’herbe croître sur les flancs des tombeaux

Je pleure
Quand je vois des oisillons aux duvets pépier pour une becquée

Je pleure
Quand les vents d’hiver gémissent dans les fissures des murs

Je pleure
Quand j’entends le hennissement des chevaux  dans les aires à battage

Je pleure
Quand je vois des vapeurs fines s’exhaler des prés marécageux

Je pleure
Quand je fredonne les ariettes gracieuses  des cambrousards

 

Je pleure
Quand je vois les gens se recueillir sur les sanctuaires des marabouts

Je pleure
Quand les colombes picotent doucement mes mains

Je pleure
Quand je vois l’écorce des arbres s’empourprer sous le crépuscule

Je pleure
Quand je vois des visages innocents se consumer de souffrance

Je pleure
Quand je vois les ombres de la nuit draper l’univers

Je pleure
Quand je vois l’âme de la nature partir en automne
 

Je pleure
Quand les froidures de l’hiver bercent mon paradis rêvé

Je pleure
Quand les premières lueurs de l’aube illuminent les horizons du Levant

Je pleure
Quand je songe à ma solitude sous les pierres tombales

Je pleure
Quand je pense à ces chères personnes trépassées prématurément

Je pleure
Notre monde maudit
La bizarrerie des jours

L’étrangeté de notre Existence
 

Par Hachem Kacimi, ville de Midelt