À qui mieux mieux !
Ne faudrait-il pas renverser la table ? Tel serait l’abrégé du clivage qui fractionne les sensibilités au sein de l 'hémicycle. Une poussée franche à l’encontre du mode de scrutin actuel. Un mode qui serait « archaïque », qui trancherait d’avec les exigences d’une démocratie représentative. Le lièvre fut levé, et ce fut à qui mieux mieux. Les partis de l’opposition ont émis l’hypothèse de revoir le seuil électoral. Lequel seuil, selon eux, empêcherait l’éclosion d’un large éventail, couvrant une multitude de voix citoyennes. Dit autrement, la première chambre , ne serait pas si représentative qu’elle ne laisserait voir, et qu’il manquerait des pans de la société, qui, de par leurs minorités, ne portent pas jusqu’aux oreilles responsables. Notons que le seuil actuel est de 3%. Si le sujet est d’actualité, c’est que le Maroc est à la porte des élections législatives. Et que le mode de scrutin qui fait loi, serait, selon certains, non seulement partiel, mais partial. En ce sens qu’il profiterait plutôt à la majorité en place, en l’occurrence le PJD.
Lequel PJD reste catégorique face à cette nouveauté qu’on croirait hérétique. Une nouveauté perçue comme une volonté d’affaiblir le parti. Et que la supposée moralité appliquée à la chose politique, sous couvert de servir Dame démocratie, ne serait qu’une perfidie vieillie de l’apanage de la « politique politicienne ». D’aucuns, renchérissent et rajoutent en marge de ce « Non », on ne peut plus majuscule, que le seuil serait déjà bas, et que le passage de 10% à 3% fut d’abord une aberration. Ceux-là même préconisent un modèle remis à neuf. Un modèle représentatif d’une majorité « plus légitime » de par le nombre . Partant de là, ils invitent les minorités à se chercher dans les blocs déjà établis. Ces protagonistes de la « majorité majoritaire », aiguisent leur défense en faisant miroiter les parlements anglais ou américains. Notons que le seuil représente la liste des votants, et non des inscrits. Nuance ! Une problématique sur laquelle nous reviendrons plus loin.
Le mode de scrutin est dit : Scrutin majoritaire plurinominal, à la proportionnelle.
Une déclinaison monstre mais qui s’entend comme suit :
Primo, la majorité l’emporte, cela va de soi.
Deuxio, l’électeur vote plutôt pour une liste, que pour un individu.
Tercio, La proportionnelle implique que le nombre des sièges échus aux élus est proportionnel aux voix qu’ils recueillent auprès de leurs électeurs.
On part du mauvais pied !
Compte tenu du seuil en place , et qui est de 3%, les élus doivent récolter au moins 3% de voix parmi la liste des votants. Et c’est là qu’un déplacement de problématique prend place et de sitôt. D’aucuns, considèrent que le seuil, exprimé, ici, en pourcentage et qui est de 3% devrait s’appliquer, non pas à la liste des votants, mais à celle des inscrits. Et partant de làbarrage serait fait à la surreprésentation parlementaire du parti au pouvoir.
D’autres, plus pragmatiques, plus en avant, tâtent de plus près le terrain, y voient un découpage territorial à même de confondre toute réalité. Ceux-là expliquent par a+b que certaines circonscriptions, plus denses que leurs voisines, seraient pourvues du même nombre de sièges. Donc, la proportionnalité entre la liste des inscrits et les sièges arrêtés, serait biaisée d’avance. En voici un exemple pour illustrer ce dilemme. À supposer qu’une circonscription puisse compter 50000 habitants, une autre 150000, soit un facteur de 3.
Selon le découpage en application, les deux circonscriptions auraient et pour l’une et pour l’autre le même nombre de sièges au sein de la première chambre. C’est dire que la première circonscription serait d’emblée sous-représentée. Ce qui serait : Partir d’un mauvais pied !
De bonne guerre ?
Si en 2002 le mode de scrutin dit plurinominal emboite le pas au mode uninominal , c’est pour ses présumés points forts . Pour rappel, le scrutin uninominal, consiste à voter pour une personne plutôt que pour une liste. Un mode contesté, en cela qu’il permettrait aux seuls notables de telle ou telle circonscription de prendre le devant. Des notables, parfois, adeptes de pratiques peu orthodoxes, telle la corruption par le biais de l’argent, en vue d’obtenir des voix.
Cela étant, le mode de scrutin plurinominal, ne règle pas l’affaire pour autant, car, souvent, l’on se contenterait de la tête de liste. Il est digne de souligner que certaines circonscriptions qui ne comptent pas plus de 35000 habitants, sont régies par un mode de scrutin uninominal. Certains préconisent de hisser ce seuil, de façon à contenir une frange plus large.
Ceci pour une raison démocratique : Éviter une éventuelle surreprésentation des uns par rapport aux autres. Qu’adviendra-t-il jusque-là ? Va-t-on changer les règles du jeu ? Si, oui, quelle alternative pour un mode de scrutin qui montre ses limites ? Que nous réserve les prochaines élections ? y verrait-on des voix contestataires criant à l’injustice, pour motif de mode de scrutin ? Ou, c’est maintenant que l’on devrait aligner toutes ces disparités ?
Hicham Aboumerrouane