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Et la recherche scientifique et la technologique ?


Le Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS) a été créé en application des dispositions de l'article 168 de la Constitution ; il a été organisé par la loi 105-12 du 16 mai 2014. Il a produit de nombreux rapports.



Par Mustapha Sehimi

Mais depuis près de deux ans, il se trouve dans une situation particulière : sa nouvelle composition n'a pas été décidée, les membres ayant achevé leur mandat en juillet 2020.

Impact de la pandémie Covid-19 ? Seule une institution spécialisée qui y est rattachée continue. Elle vient de publier un rapport sectoriel, ce mois-ci, intitulé : "La recherche scientifique et technologique au Maroc - analyse évaluative".

Qui a lu ce document d'une centaine de pages ? Et qui le lira prochainement ? Pourtant, ce serait une ardente obligation pour les décideurs publics, les parlementaires, la communauté universitaire et le grand public.

C'est qu'en effet, seule une recherche d'excellence au sein des universités pourra générer et promouvoir le développement. Que relève-t-on ? Que "le système est toujours dans une phase de construction et de transition " ; qu'il y a lieu de s'interroger sur la cohérence et l'efficience d'une dizaine d'institutions dédiées ; que la gouvernance de ce système ne s'est pas améliorée ; et que la stratégie nationale révisée en 2014 assortie de mesures en 2015-2016 n'avance pas," aucune d'elles n'a jusque-là vu le jour...".

La nouvelle loi-cadre 51-17, appliquée en août 2019, a prévu la création d'un Conseil National de la Recherche (CNRS). Cet organe est présidé par le Chef du gouvernement et comprend 22 membres (18 représentant les départements ministériels, Haut-Commissaire au Plan, Haut-Commissaire des Eaux et Forêts, Président de l'Association des Régions et le Président de la CGEM). Il s'articule autour d'un Comité technique permanent et de Comités thématiques spécialisés. 

L'état des lieux aujourd'hui reste problématique : une multiplication d'intervenants financiers alors qu'il faudrait une seule instance. Nécessité d'une valorisation de la recherche sur la base d'un écosystème et d'un cadre incitatif. Mobilisation de ressources pour porter la R & D, actuellement bien modeste avec 0,8 % à hauteur de 1,5 % en 2025 et 2 % en 2030, comme recommandé par la Vision stratégique de la réforme 2015-2030. Enfin, appréhension de nouvelles pistes de capitalisation d'appels à projets. Et Préparation d'une relève de doctorants engagés et motivés.

Le rapport sectoriel met bien le doigt sur "Les principaux défis du système de recherche marocain". Lesquels ? Ce qu'il appelle la pérennisation du cap stratégique : une stratégie dédiée, une convergence en amont des plans sectoriels de développement, des grandes thématiques, des mécanismes et des instruments.

Il faut aussi en citer d'autres: l'augmentation et la rationalisation du financement, avec des fonds de recherche ciblant les grands champs disciplinaires, les ressources propres des universités avec une fondation, le renforcement des incitatifs nationaux en R & D ; la prise en considération des particularités des champs disciplinaires et l'interdisciplinarité ; le développement du tandem université / entreprise ; enfin, la promotion du capital humain en recherche, le multilinguisme dans la recherche.

Sans oublier l'arrimage de la recherche aux priorités régionales et la collaboration internationale prenant en compte un équilibre entre les priorités nationales et la science universelle.

La productivité scientifique reste encore limitée et dissymétrique : il faut y remédier par une politique et des réformes qui n'ont que trop tardé. La recherche s'apparente aussi à une forme de bien de souveraineté.

Elle se traduit par "la production de la connaissance et du savoir» ; elle nourrit et éclaire le processus de développement ; elle positionne le Maroc dans le monde, l'économie et la société. Elle est une" ambition inspiratrice " dans la marche vers l'émergence et l'avenir.

Focaliser sur la croissance, comme le fait le gouvernement, oui sans doute. Mais celle-ci englobe aussi, au-delà des indicateurs macroéconomiques, l'éducation, la formation, la recherche fondamentale, la recherche - développement, l'innovation, la technologie et l'invention.

Autant de secteurs d'investissement devant être une composante d'une croissance endogène et du nouveau modèle de développement à l'ordre du jour. C'est en effet l'économie du savoir qui est aujourd'hui de plus en plus un facteur assurant un avantage compétitif.

Le défi de ce gouvernement est celui-ci : va-t-il entreprendre à bras-le-corps une grande réforme dans ce domaine ? Cela commande une priorité dans les politiques publiques. Il n'y a pas de gains "électoralistes" à en attendre ; il faudra des années pour imprimer une stratégie volontariste. De quoi enjamber la conjoncture actuelle, ses annonces de réforme et les postures qui les accompagnent souvent... Dix ans de gouvernement PJD n'ont pas conduit à des avancées à cet égard.

Le nouveau cabinet aura-t-il à cœur de rattraper le retard ?

Rédigé par Mustapha Sehimi sur Quid  



Lundi 25 Avril 2022


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