Par Taoufiq Boudchiche
Le Maroc reste serein et des Sahraouis élus démocratiquement bientôt au Gouvernement.
En relations internationales l’attribut d’allié est un concept fort. Il indique une relation bilatérale et multilatérale à plusieurs dimensions politique, économique, sécuritaire, militaire, humaine et culturelle…
Le concept est apparu avec une emphase diplomatique particulière à l’occasion de l’alliance des pays de l’axe atlantique, ceux épris de liberté et de démocratie, pour conjurer le nazisme et contenir les velléités d’hégémonie de l’ex. Union soviétique sur l’Europe. Pour cela, ils ont même crée l’OTAN comme force militaire destinée à défendre l’Europe libre.
Or, selon cette définition et cette configuration, le Maroc devrait être considéré plus qu’un partenaire de l’Europe, mais comme un véritable allié. Il en a tous les attributs.
L’Alliance du Maroc avec l’Union Européenne est de fait d’ordre systémique
En plus d’être un partenaire économique des plus importants de l’Europe en Afrique, il est un gardien de la sécurité à ses frontières du fait de sa position géographique et de la responsabilité envers son voisinage, Il est aussi un acteur de poids aux portes de l’Europe dans le combat et la protection contre les trafics en tous genres (drogue, contrebande, êtres humains, etc.). Il a fait le choix historique, raisonnable et assumé d’être une « tête de pont » intercontinentale entre l’Europe et l’Afrique. Le Royaume en a fait une stratégie de positionnement international. Il est également de toutes les luttes contre l’insécurité et le terrorisme aux côtés des pays amis au cœur de l’axe Afrique-Europe-Etats-Unis.
Les chefs d’Etat qui se sont succédé ont su développer des relations personnelles, amicales et respectueuses à la hauteur de la relation spéciale qui lie le Royaume avec plusieurs pays européens (Espagne, France, Royaume Uni, Belgique…). Le Maroc a également épousé les normes européennes dans son droit et bénéficie à ce titre du statut avancé dans sa relation avec l’Europe. Il est parmi les pays au Sud de la Méditerranée qui ont le plus opté pour les mécanismes de convergence avec la réglementation européenne.
Le Maroc ne nourrit pas de ressentiment ni idéologique, ni culturel, vis-à-vis de l’Europe, malgré les excès subis pendant la période coloniale et dont il subit encore les effets négatifs sur sa souveraineté territoriale. La présence de la langue et de la culture françaises conservent une place de choix dans le pays. Comme celles de la langue espagnole ou de la langue anglaise dont l’influence ne cessent de grandir aux côtés des langues nationales.
Les instances européennes doivent contribuer à solder la période coloniale et non l’amplifier
Mais de cette période coloniale, les éléments de sa souveraineté territoriale en souffrent encore instrumentalisés par un voisinage cherchant à le fragiliser. Le Maroc qui ne possède ni pétrole, ni gaz à profusion pour en faire une arme économique contre l’occident, a plutôt fondé une grande partie de sa prospérité économique sur sa relation privilégiée avec l’Europe.
Or, malgré cette franche alliance, certaines instances européennes veulent, l’en éloigner par un cumul de malentendus, d’incompréhensions et peut être de maladresses. La dernière en date, est de donner l’occasion aux ennemis de son intégrité territoriale, d’y trouver une tribune juridique et d’exploiter les mécanismes judiciaires européens, à très mauvais escient.
Décision du Tribunal Européen, des armes pour fracturer le Maghreb, l’Afrique et la Méditerranée
La décision de justice du Tribunal Européen qui n’est pas définitif, a néanmoins signifié l’annulation d’accords de coopération touchant à des Etats souverains. Elle apparaît à tout le moins en décalage avec la réalité du terrain. Cette décision consacre dans cette affaire une lecture juridique tendancieuse quant au monopole de la représentation du peuple sahraoui au seul Polisario. C’est-à-dire à un mouvement séparatiste, dont on sait que sans le soutien d’un clan politique précis en Algérie, qui instrumentalise cette organisation, à tous vents, ce même Polisario aurait probablement choisi depuis belle lurette la voie de la paix.
Cela au lieu de laisser à l’abandon des tribus et des familles entières séquestrées dans des camps de fortune dans le désert. L’Algérie refuse même de les faire recenser malgré les appels incessants des organismes internationaux tels que le HCR. Ainsi, laisse-t-elle planer le doute au plan de la propagande internationale, qu’il s’agirait de vastes populations qui seraient démunies de leur territoire. Rien n’est vrai. Au départ, leur nombre était estimé à 90.000 personnes. L’équivalent d’un quartier d’une ville moyenne au Maroc. Ils revendiquent la souveraineté d’un territoire de 266.000 km2 la moitié du territoire français ou quatre fois la superficie de la Belgique. De qui se moque-t-on ? Mais ainsi est la réalité dont on parle.
Une décision judiciaire déséquilibrée aux dépens des sahraouis intégrés au Royaume
Car, il reste une interrogation fondamentale, associée à la décision du Tribunal Européen, celle de la qualité juridique et de l’avis de la majorité des populations sahraouies intégrées dans le Sahara au sein du Royaume. Ces populations qui viennent de participer en masse aux élections constitutionnelles du Royaume sont-elles concernées par la Décision du Tribunal Européen. En n’évoquant pas cette réalité, il est évident que la décision de l’instance européenne apparaît comme déséquilibrée. Elle fournit en sus un prétexte supplémentaire aux ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc de « fanfaronner à l’international » pour continuer à contester la souveraineté du Royaume sur son Sahara. Ce qu’ils n’ont pas manqué de faire depuis que la décision a été rendue publique dans le seul but de masquer leurs défaillances internes aux yeux de leur peuple désapprobateur et poursuivre dans une surenchère idéologique surannée.
Or, quand il s’agit de souveraineté nationale aucune instance internationale ne saura résoudre un conflit territorial d’ampleur sans une approche régionale apaisée et le cas échéant dans un climat de négociation non conflictuel. La solution de l’autonomie proposée par le Maroc, qui est d’ailleurs une forme d’autodétermination, a bien reçu l’assentiment des grandes puissances et celui du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Or, les protecteurs du Polisario ne sont pas à l’évidence dans cette logique. Tout au contraire, fracturer le Maghreb, la Méditerranée, après avoir divisé l’Afrique, pour justifier leurs dérives et leurs échecs historiques, semblent être leur agenda prioritaire depuis toujours.
Les instances européennes doivent contribuer à solder les vestiges du colonialisme et non les amplifier
La question du Sahara marocain pose la question fondamentale d’une souveraineté et d’une intégrité nationales non achevées, vestiges des découpages de la période coloniale. La décision de l’instance judiciaire européenne en entravant le partenariat de l’Union européenne avec le Royaume vient contrarier un équilibre essentiel de la relation entre les deux rives, sans pour autant contribuer à résoudre le problème de fond. Celui de faire raisonner le Polisario et son protecteur l’Algérie pour accepter les solutions viables pour toutes les parties, à savoir une autonomie avancée, dans un cadre régional apaisé et respectueux des souverainetés nationales. Il est loin le temps et l’esprit du processus de Barcelone lancé en 1995 pour réunir dans un même destin les deux rives de la Méditerranée. Avant qu’il n’explose face aux tensions du printemps arabe et guerres du Moyen Orient, Le rêve de faire de la Méditerranée, le « mare nostrum » de la paix et de la prospérité s’est évanoui depuis. Mais n’y a-t-il pas lieu de reconnaître que seul le Maroc est resté fidèle à l’esprit qui a présidé à ce processus en recherchant constamment à consolider sa relation avec l’Union Européenne.
Décision du Tribunal Européen, ajouter du « chaos au chaos »
La décision du Tribunal européen, comme si elle a ignoré et, le contexte historique et le contexte régional actuel, est venue s’ajouter aux bruits de botte des généraux algériens qui menacent d’attaquer à tout moment le Maroc en inventant des prétextes « abracadabrants », sortis de leur pure imagination. Par exemple, celui d’être coupable, avec la complicité d’Israël, des feux de forêts d’Algérie produits à des centaines voire des milliers de kilomètres des frontières terrestres marocaines fermées d’ailleurs depuis 1994 par Alger. Ou encore en prétextant de grotesques accusations d’être à l’origine des agitations des mouvements indépendantistes en Kabylie. Que dire alors des généraux algériens et de leur agitation diplomatique depuis des décennies au vu et au su de la communauté internationale pour empêcher l’intégrité territoriale du Royaume ? Quelle vanité indécente.
La décision européenne bien que circonscrites à une question sectorielle pour rappeler quelque peu le contexte, viendrait conforter certainement aux yeux des généraux algériens, la décision non moins attendue, même s’il n’y aurait aucun lien sauf dans la tête de ces mêmes généraux, de fermer le robinet du gaz algérien à l’Espagne qui transite par le Maroc. Ne dit on pas à juste titre que les chemins de l’enfer sont parfois pavés de bonnes intentions ? Après la décision du Tribunal Européen tout y ressemble. Dieu seul sait à quoi la prochaine étape ressemblera dans ce feuilleton sans fin voulu par une « nomenklatura algérienne » qui veut vouer le monde autour d’elle à la géhenne. Mais le moins que l’on puisse dire est que la décision du Tribunal Européen est venue ajouter du « chaos au chaos » régional en proie à l’adversité, la fragilité, l’insécurité régionale jusqu’aux frontières sahéliennes.
Le Maroc reste serein et des sahraouis bientôt au Gouvernement
Mais du côté marocain, la sérénité et le sang froid restent de mises. Le Royaume vient de clore des élections qui se sont déroulées dans de bonnes conditions. Les populations du Sahara se sont déplacées massivement aux urnes pour élire leurs représentants communaux, régionaux et parlementaires. Des Sahraouis seront bientôt au Gouvernement et pendant ce temps là l’Algérie et le Polisario agitent le chiffon de la frayeur vers les voisins. A vrai dire, ils se font plus peur qu’autre chose pour détourner l’attention de leurs peuples qui ne cessent de se révolter contre eux et contre leur mal-gouvernance endémique.
Taoufiq Boudchiche, Economiste