C’est dans ce centre international imposant qu’aura lieu sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la 3ieme rencontre du Forum des associations africaines d’intelligence économiques anglophones lusophones et francophones sur le thème « l’Afrique de l’innovation, politiques nationales et partenariats panafricains ».
Avec son nouveau port, Dakhla chef-lieu d’une région qui fait la jonction entre le Maroc et l’Afrique est appelé à devenir un hub régional ,qui avec sa situation intéresse les grandes puissances Etats Unis , Chine mais aussi l’Europe. Un projet, celui de la Verticale est actuellement dans les radars, un projet qui pourrait transformer avec bénéfice toute la région en apportant plus de croissance et de bien être aux populations ..Décryptage
Pour un axe EURO-Afrique
Au-delà des considérations économiques, la paix, la sécurité le développement économique sont les objectifs du Maroc, dans une région saharo sahélienne de zone de conflits et de trafics multiples des différents groupes. C’est en développant l’Afrique que l’on peut prévenir les conflits et anticiper l’impact du changement climatique qui touche frontalement les pays d’Afrique de l’ouest menacés de sécheresse et de désertification ce qui induit un fort impact sur les flux migratoires.
En sus de la communauté des intérêts développée avec l’Europe ,le Maroc a su préserver l’insertion du Sahara dans un cadre étatique stable et sécurisé. C’est aussi l’esprit et la lettre du projet de l’initiative d’autonomie qui préserve les droits des sahraouis : gouvernement, parlement, ressources locales préservées…
Le règlement de cette question qui a obéré durant près d’un demi-siècle le développement du Maghreb va permettre de resserrer les relations entre l’Europe et l’Afrique qui se sont relâchées cette dernière décennie. L’Europe a en effet perdu la moitié des parts de marché depuis l’an 2000 au profit des pays « émergents ».
Elle a perdu sa position de quasi-monopole sur le continent l’objet de compétition de la Chine, des Etats-Unis de la Russie, de l’Inde. L’Europe a perdu la moitié des parts de marché depuis l’an 2000 au profit de ces pays émergents. Les concurrents ont quant à eux modernisé leur réglementation. Adoptée en 2000 puis prorogée en juin 2015 jusqu’à 2025, l’Africain Growth and Opportunity Act - AGOA constitue la référence essentielle des rapports d’échanges entre les Etats-Unis et les pays subsahariens d’Afrique.
Elle permet d’accorder une exonération des droits de douane pour presque tous les produits exportés par les Etats subsahariens. La reconnaissance de la souveraineté du Maroc du Sahara par les Etats unis ouvre de nouvelles perspectives économiques. Le Maroc ayant opté pour une diversification de ses relations économiques garde cependant en tête le rôle primordial de la proximité géographique en ces temps de changement climatique.
La Chine qui occupait le 8ème rang parmi les partenaires de l’Afrique en 2000 (avec 3 % des échanges) se place aujourd’hui au premier rang. L’Inde passe du 9ème rang au deuxième devant la France. La Chine a annoncé l’accroissement de son aide à des niveaux jamais égalés et a décidé d’accompagner le processus d’industrialisation de certaines économies africaines, dans le cadre d’une approche de co-production et même de délocaliser de certaines activités.
Ce nouveau partenariat intègre la logique de la stratégie de « la route et la ceinture » annoncée par Xi Jinping en 2014. Cette nouvelle « route de la soie » qui passe par l’Afrique pour aboutir à la Méditerranée et l’Europe et travers Djibouti, l’Ethiopie, le Kenya, jusqu’au canal de Suez, en direction de l’Egypte, Al Hammadia en Algérie et Tanger au Maroc.
Une Verticale Afrique, Méditerranée, Europe
L’Afrique n’est certes pas la nouvelle frontière de l’économie mondiale, mais elle offre d’énormes opportunités par sa croissance, ses classes moyennes, la montée de sa population en zone rurale et urbaine, les besoins immenses des populations.
L’UE et les Etats européens devraient s’intéresser plus à l’Afrique du fait de ses potentialités en ressources naturelles, de la croissance de ses marchés et de son reclassement géopolitique, mais également en raison de ses nuisances potentielles ou réelles en termes de vulnérabilité et d’insécurité et de pression migratoire ; L’Europe subit et subira les « nuisances » venant de l’Afrique si elle ne favorise pas la transformation des risques et des défis en opportunités : l’explosion démographique en dividende et non en bombe à retardement ; les risques environnementaux, à commencer par les effets du réchauffement climatique en déboisement, stress hydrique et désertification, en agro foresterie, économie verte …
Pour transformer ces risques en potentialités ,l’axe « Eurafricain », selon une approche prospective, représente le scénario le plus plausible, d’alliances entre l’Europe et l’Afrique, pour faire face aux défis du Monde multipolaire et concurrentiel .Les atouts développés par le Maroc à la faveur de vastes réformes structurelles multidimensionnelles sont nombreux ,citons la régionalisation avancée, les différents plans sectoriels ,la mise a niveau territoriale et urbaine , la réforme du champ religieux , l’INDH le chantier du siècle…Ces reformes structurantes en plus de la géographie et de la profondeur historique de la relation avec l’Europe et l’Afrique, prédisposent le Royaume à se positionner au cœur de cet Axe « Eurafricain ».
Pour faire face aux défis de la globalisation, l’axe eurafricain, résultant d’une alliance entre l’Europe et l’Afrique est un des scenarios retenus par des analystes .Selon des études , il est aujourd’hui possible d’élargir le cadre des partenariats euro-afro-méditerranéens et de les rassembler autour d’un ensemble cohérent, une Verticale Afrique, Méditerranée, Europe où la Méditerranée serait en position de centralité, ensemble qui adhèrerait à une logique rénovée du partenariat fondée sur le co-développement et la co-production.
Cette verticale permettra à la Méditerranée de ne plus être un simple lieu de passage, mais de retrouver une partie de sa centralité perdue avec la mondialisation.
Cette approche doit s’ouvrir sur la rénovation des partenariats de l’Europe avec les espaces afro-méditerranéens et dépasser les rapports liés aux échanges et à l’aide pour adhérer à une logique de co-production et de co-développement permettant la diversification des tissus productifs en Afrique et en Méditerranée et en coopération avec les partenaires de Chine ou des Etats unis ;La coopération autour des problèmes de développement en Afrique pourrait ainsi intégrer des projets dans ce sens .
L’Europe construirait ainsi avec l’Afrique, un partenariat plus positif et plus proactif. Il ne s’agit pas toujours de ressources financières. Il s’agit de vision, de cohérence d’ensemble, d’engagement .Un premier pas a été franchi avec le nouvel agenda pour la Méditerranée dans le cadre de sa politique de voisinage, qui intervient six années après la dernière révision du partenariat euro-méditerranéen, Un programme indexé sur cinq thématiques piliers — la résilience économique et climatique, la transition numérique ou encore la question migratoire .Mais nul doute qu’il faudra aller plus loin.
L’Europe doit en effet comprendre qu’une présence plus forte des pays émergents, dans un cadre de partenariat équilibré, ne se fait pas nécessairement à son détriment. Elle se fait à l’avantage de l’Afrique. L’EuroAfrique sera un projet porteur lorsque les Européens comprendront qu’ils ont besoin d’Afrique comme les Africains ont besoin d’Europe
Le Maroc pour des intérêts économiques et stratégiques PARTAGES
Le think tank de Policy center évoque l’élaboration d’une doctrine, et d’un modèle singulier fonde sur synergie d’action avec les autres acteurs nationaux (privés, ONG, fondations..), ainsi qu’avec des partenaires privés étrangers, des institutions multilatérales, financières appuyée par des formules de partenariat triangulaires. En intégrant de nouvelles problématiques telles que le développement humain, la prévention des crises et la promotion du partenariat en lieu et place de l’assistance et de la « conquête » de marchés. En recherchant l’impact à long terme sur le développement par l’intégration de la dimension régionale..
Il considère que les enjeux de pays africains sur les questions majeures sont aussi ses propres enjeux (développement humain et inclusif, sécurité alimentaire, développement des infrastructures, migration…).
Aussi agit-il pour développer des relations en fonction d’intérêts économiques et stratégiques partagés. Il prône d’autre part une nouvelle dynamique dans la relation Maroc Afrique qui passe par une révision du cadre juridique et institutionnel du partenariat économique ,par des accords d’intégration plus profonds et par des accords de coopération plus diversifiés, dans des filières ou il a montré ses capacités et son expertise acquise à partir de sa propre stratégie de développement :énergie, agriculture, industrie, infrastructure….
On le voit le Royaume , peut jouer un rôle stratégique d’intermédiaire entre l’Europe et l’Afrique. Le pays se positionne comme intermédiaire dans la division internationale du travail. Il joue le rôle de hub comme intermédiaire des investissements étrangers notamment européens vis-à-vis des pays africains.
Il est bien outillé pour répondre à la logique de la verticale : son statut d’associé avancé dans l’espace euro-méditerranéen et son ouverture sur les pays africains subsahariens lui permettent d’être parmi les principaux relais entre les deux continents ; il intègre à la fois la logique de la verticale et celle de la stratégie de « la ceinture et la route ».Ses politiques de coopération, ces partenariats Maroc –UE ou Maroc –Afrique s’étalent sur plus d’un demi-siècle et doivent être analysé sur le temps long.
S’ils témoignent de convergence de points de vue sur des questions aussi importantes que celles de la migration , de la sécurité et du changement climatique , elles n’en nécessitent pas moins d’une nécessaire révision et adaptation aux nouvelles configurations géopolitiques .
En réintégrant sa famille africaine , le Maroc a entamé une approche fondé sur un partenariat win –win et sur la solidarité comme en témoigne le soutien apporté par le Royaume durant cette pandémie du COVID19… Mais du côté de l’UE, 25 années après les accords de Barcelone et à l’heure des discutions pour un Plan européen de développement pour le voisinage sud, il reste une question de fond sans réponse : à quand un véritable partenariat Maroc-UE qui puisse assurer une prospérité partagée en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud ?une position quoi donnerait du sens à cette vision Eurafrique et qui changerait le destin de toute la région.
Rédigé par Farida Moha