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Concubinage : 91% des Marocains opposés à la légalisation


Rédigé par le Jeudi 6 Juin 2024

Le débat sur la reconnaissance légale du concubinage au Maroc provoque des réflexions profondes et des discussions passionnées, révélant les tensions entre tradition et modernité dans un pays attaché à ses valeurs islamiques conservatrices. Bien que cette pratique soit illégale, elle est couramment adoptée par une partie des jeunes Marocains. On peut se demander à quoi servent des lois fréquemment contournées, alors qu'il serait plus pragmatique d'adopter des législations qui répondent aux réalités de toutes les composantes de la société marocaine.



Une étude menée par Sunergia Groupe pour L’Economiste examine les opinions des Marocains sur cette question délicate, révélant une société partagée entre le respect des traditions et l’ouverture au changement social.

Le concubinage, défini au Maroc comme la cohabitation d’un couple non marié, demeure un sujet tabou dans de nombreux pays islamiques, y compris le Maroc. La récente enquête de Sunergia Groupe s’est concentrée sur la question de sa légalisation, en particulier après les discussions au parlement marocain visant à reconnaître cette pratique.

La question posée aux participants de l’enquête était simple : « Êtes-vous favorable à la reconnaissance légale du concubinage au Maroc ? ». Les résultats montrent une opposition massive, avec 91 % des Marocains rejetant cette idée, tandis que seulement 6 % la soutiennent et 3 % restent neutres.

L’analyse des données révèle des disparités significatives selon l’âge, le sexe et le statut socio-économique des répondants. Les hommes sont légèrement plus favorables à la légalisation que les femmes, avec 8 % d’entre eux soutenant cette idée. Une surprise notable de l’étude est que les seniors âgés de 65 ans et plus montrent une plus grande ouverture au concubinage, avec 15 % en faveur de sa légalisation. Les jeunes adultes de 25 à 34 ans suivent avec un taux de soutien de 9 %.

Cependant, les jeunes de 18 à 24 ans affichent la plus grande résistance, avec un taux de désapprobation de 96 %. Cette opposition peut être interprétée comme une adhésion plus forte aux valeurs traditionnelles chez cette tranche d’âge, malgré l’influence croissante des idées modernes et des réseaux sociaux.

D’un point de vue socio-économique, les groupes les plus aisés (CSP A et B) montrent une attitude relativement plus ouverte, avec 11 % d’opinions favorables à la légalisation du concubinage. Cette tendance peut refléter une plus grande exposition aux valeurs occidentales et aux modes de vie urbains, souvent perçus comme plus libéraux.

Le Maroc, malgré son développement économique et son ouverture progressive sur le monde, demeure profondément enraciné dans ses valeurs islamiques. La question du concubinage touche directement aux principes de la famille et de la moralité publique, des piliers essentiels dans la culture marocaine. L’opposition écrasante à la légalisation du concubinage reflète une volonté de maintenir ces valeurs face à des influences perçues comme « étrangères et déstabilisantes ».

Cependant, l’existence même du débat et les pourcentages non négligeables de soutien indiquent que le Maroc n’est pas « monolithique ». Des segments de la population, notamment parmi les plus instruits et les plus aisés, commencent à embrasser des concepts de liberté individuelle et de choix personnels. Cela pourrait être le signe d’une évolution lente mais certaine des mentalités.

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Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 6 Juin 2024

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