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Par Abdeslam Seddiki
Il faut reconnaitre de prime abord que la tâche n’est pas facile. Et malgré les précautions méthodologiques que l’on pouvait prendre, on ne pourrait pas échapper à une certaine dose de subjectivité eu égard à la place qu’occupe la personnalité concernée dans le subconscient des gens et les interactions multiples entre le Prince et son milieu.
Comme tout être humain est le produit de son milieu, l’auteur n’a pas manqué d’analyser dans le détail ces interactions et ramifications en étudiant justement le milieu naturel et social dans lequel le prince a vu le jour tout en s’arrêtant sur la solidité des liens familiaux. Bien sûr, il y a l’intelligence innée qui se trouve dans les gènes, et l’intelligence acquise à travers la formation et l’expérience. Pour se hisser à la tête d’un grand pays comme les EAU, 20ème rang mondial sur la base du PIB, il faudrait sérieusement s’y préparer et « travailler » dur.
Le Dirigeant des Emirats n’a pas dérogé à la règle : il a suivi une formation dans plusieurs domaines et tout particulièrement dans le domaine militaire tout en restant proche du peuple et des gens modestes.
Dans l’exercice de ses pouvoirs, l’Emir a œuvré à mettre en place une conception propre de l’autorité, longuement analysée dans le chapitre 2 sous le titre « philosophie de la force ». Ainsi, la force, est vue par le Prince, comme une nécessité pour protéger le développement.
Mais elle doit aussi aller de pair avec la justice. Celle-ci passe par le développement de l’éducation et une formation de qualité. C’est ainsi que les Universités des EAU sont classées au top 10 dans le monde arabe et dans le premier tiers parmi les 1000 premières universités mondiales. C’est là le secret de la réussite : l’investissement dans l’homme.
Le chapitre 3 est consacré à l’action politique intérieure et extérieure. Sur le plan intérieur, il a été question de déclarer la guerre à l’extrémisme, représenté notamment par la faction des frères musulmans, et de bâtir une société de tolérance. A cet égard, le rôle de l’éducation, encore une fois, est fondamental en considérant la science comme une richesse et un rempart contre les idées obscurantistes.
C’est ainsi que le pays a vu naitre sous l’impulsion de Son Altesse l’Emir, « le Conseil des Emirats pour la quatrième révolution industrielle », ainsi qu’une série d’Instituts scientifiques et de centres de recherche de renommée mondiale. Ce qui a amené les Emirats à connaitre un véritable essor et une transformation économique axée sur la diversification sectorielle et l’investissement massif dans les énergies renouvelables, le numérique et l’intelligence artificielle. L’après-pétrole a bel et bien commencé comme on a pu le vérifier au cours de la COP28 organisée à Doubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023.
Dans ce sens, sont passées en revue les relations avec certains pays relevant de cette catégorie. Il en est ainsi des relations émirati-marocaines jugées parmi les meilleures historiquement. Rappelant que le Maroc a été l’un des premiers pays à reconnaitre l’Etat des EAU, l’auteur a fourni quelques indicateurs chiffrés et concrets sur les échanges bilatéraux entre les deux partenaires.
L’ouvrage se termine, comme l’indique le titre, sur les valeurs humaines (ou humanistes) de l’Emir, considéré comme l’Icône de l’action humanitaire tant au niveau local qu’au niveau régional et mondial, et ce en parfaite symbiose avec les traditions du pays et les pratiques de ses prédécesseurs. Le volontariat et la philanthropie font partie des constantes des Emirats.
Ces actions sont menées tout en cultivant et développant les valeurs de tolérance, de coexistence et de dialogue aussi bien au niveau du pays qu’entre différentes nations. A cette fin, un certain nombre d’instituions ont été créées afin de promouvoir de telles valeurs.
En lisant cet ouvrage de 270 pages, sans compter les annexes, il est permis d’en tirer quelques enseignements d’ordre général. Tout d’abord, la richesse n’est pas synonyme de développement et de progrès. Beaucoup de pays disposent de richesses colossales mais faute de projet de société mobilisateur et d’une volonté politique affichée, ils sombrent dans le retard et n’arrivent pas à décoller. Ensuite, le développement ne se limite pas à l’accumulation du capital physique.
Mais il passe avant tout par la transformation de la société à travers des réformes de structure et l’élévation du quotient intellectuel des citoyens. Enfin, le développement ne peut être que global : il englobe l’ensemble des indicateurs en intégrant notamment les facteurs non-économiques comme la culture entendue au sens large. En somme, le développement ne se réalisera que lorsque deux conditions sont réunies : un leadership éclairé et un peuple éveillé.
Rédigé par Abdeslam Seddiki