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Rabat : Mourad Allioui
Organisé par l’Association marocaine des politiques publiques (AMPP), en partenariat avec le département de droit public et de sciences politiques, la Fondation Friedrich Naumann-Maroc et le Centre d’études doctorales, cet événement a réuni chercheurs, universitaires et étudiants autour d’une question aussi épineuse que stratégique : comment faire des MRE des acteurs à part entière du processus démocratique et du développement du pays ?
Une absence politique qui interroge
Les débats ont révélé un déphasage persistant entre les discours officiels et la réalité institutionnelle. Malgré les promesses constitutionnelles de 2011 qui garantissent la participation des MRE à la vie politique nationale, ces engagements peinent toujours à se traduire dans les faits. Les blocages législatifs et l’absence de volonté politique réelle ont transformé cette question en une véritable arlésienne de la scène politique marocaine.
Jamal Hattabi, ancien doyen de la Faculté de droit de Mohammedia et président de l’AMPP, a présidé cette rencontre pluridisciplinaire qui a permis d’explorer les dimensions politiques, économiques et culturelles de l’exclusion des MRE. Plus de six millions de Marocains vivent actuellement dans plus de 100 pays, porteurs d’expériences, de compétences et d’un potentiel immense, mais toujours marginalisés dans les grandes orientations politiques du pays.
Une richesse humaine et économique sous-valorisée
Dans son discours d’ouverture, le professeur Abdelaziz El Aaroussi, directeur du Centre d’études doctorales, a insisté sur le rôle stratégique des MRE dans le développement national. Il a souligné la nécessité d’une convergence entre les politiques publiques et les potentialités de cette diaspora à travers le dialogue académique et la recherche scientifique.
De son côté, le professeur Amine Mahzoud a présenté un rapport préliminaire mettant en lumière les principaux axes du débat, insistant sur l’impact multiforme des MRE, que ce soit sur le plan économique, social ou culturel.
Vers une nouvelle vision de l’inclusion
Cette journée a permis un véritable échange d’idées et de perspectives entre les intervenants. Il ne s’agissait pas seulement de dénoncer les dysfonctionnements existants, mais aussi de proposer des mécanismes concrets pour renforcer l’inclusion des MRE, notamment à travers la réforme du cadre juridique, la création de passerelles institutionnelles et une volonté politique assumée.
Les étudiants présents ont également pu participer activement aux discussions, confirmant que la question de la diaspora marocaine ne peut être reléguée à un simple enjeu conjoncturel, mais bien à une problématique structurelle au cœur de la refondation démocratique du Maroc.
La journée d’étude tenue à Agdal-Rabat a mis en lumière une évidence : le Maroc ne peut prétendre à un développement inclusif sans inclure pleinement ses citoyens établis à l’étranger. Leur contribution est déjà manifeste dans les transferts de fonds, l’investissement et le rayonnement culturel. Il est désormais urgent de leur accorder la place qu’ils méritent sur l’échiquier politique national.