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Par Majd EL ATOUABI
Rien ou presque, en revanche, concernant l’accompagnement sanitaire des personnes vulnérables du fait de leur âge ou d’éventuelles pathologies. Idem pour les permanences et les dispositifs d’évacuation qui étaient mis en place au sein et en dehors des établissements sanitaires des régions les plus affectées, notamment dans le Sud du Royaume. Tout au plus a-t-on eu droit aux habituelles alertes météo émises par la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) qui ne devraient pas être une finalité en soi, mais plutôt des déclencheurs d’autres dispositifs de vigilance, notamment sanitaire.
Est-ce la faute au Covid qui accapare depuis plus de deux ans tout le souffle et les moyens humains et matériels de notre système de santé ? A-t-on jugé qu’au Maroc, du fait d’une certaine prédisposition génétique, la canicule était plus supportable qu’ailleurs ? Pour ce qui est du Covid et en dépit de l’actuelle vague de contaminations, le seuil de criticité dont atteste le niveau d’occupation des lits de réanimation reste fort heureusement encore loin.
Par contre, en ce qui concerne la résistance à la chaleur, l’immunité relative procurée jadis par la jeunesse de la population marocaine est de plus en plus minorée par l’augmentation continue du nombre de seniors (60 ans et plus) qui représentaient, selon les dernières statistiques du HCP, plus de 10% de la population.
Au vu des dangereuses mutations climatiques qui s’opèrent sous nos yeux, les autorités sanitaires devraient prendre en considération cette évolution démographique pour anticiper les ravages de la chaleur sur les populations vulnérables du fait de leur âge, de leur maladie ou simplement de leur détresse financière.
Dans des pays comme la France par exemple où l’historique canicule de l’été 2003 avait été mal anticipée, la forte morbidité (15.200 morts), ainsi que la forte pression sur le système de santé comparable à celle du Covid que ce phénomène peut générer, ont été les déclencheurs d’importants mouvements sociaux, suivis de sérieux impacts politiques. S’il est vrai que les temps sont difficiles et que la liste des problèmes auxquels notre Exécutif doit aujourd’hui faire face est plus longue qu’un jour d’été sans eau, il n’en reste pas moins que les épisodes caniculaires comme celui que nous traversons actuellement ne peuvent plus être sous-estimés.
Rédigé par Majd EL ATOUABI sur L'Opinion