Par Aziz Boucetta
L’auteur de ces lignes n’est pas un spécialiste de football, et avec le temps, nos différentes équipes nationales en ont fait un indifférent total à leur sort. Mais l’appartenance nationale aidant, de loin en loin, en regardant les prestations et autres réalisations, on en arrive à cette terrible conclusion : les victoires ne sont rien de plus que des aubaines/heureuses surprises, vite estompées par la dure, amère et régulière réalité des défaites.
Sans revenir sur le douloureux débat « Marocains/pas Marocains », s’agissant des jeunes qui portent nos couleurs, force est de constater que ces couleurs sont mal portées et que leurs porteurs insupportent ceux qui attendent de la joie et de la reconnaissance. Et sans en arriver au comportement du public algérien, par exemple, qui fait de son équipe une raison de vivre, les nôtres nous donnent de moins en moins des raisons et une envie de les suivre.
Que manque-t-il à cette équipe ? Laissons aux sachants les analyses savantes des combinaisons de jeu ou des choix opérés par le sélectionneur, mais hasardons que cette formation pâtit d’un déficit de vie, d’envie et de furieuse pulsion de survie. On les a vus se balader sur le terrain, courir juste ce qu’il faut, réussir parfois quelques actions d’éclat, exposer des visages concentrés et se faire exploser par des Egyptiens semble-t-il plus motivés. Et aux vestiaires, ils ont voulu en découdre (selon le journal l’Equipe) avec leurs vainqueurs du jour.
Faut-il les accabler ? Ils ont fait ce qu’ils ont bien voulu car tout le monde aime la gagne mais ils auraient pu faire plus. Reprocher son incompétence au sélectionneur Vahid Halilhodzic? Il a coaché comme il a pu sans pouvoir créer cette étincelle de la victoire et de la gloire qu’il a su si bien faire naître ailleurs. Qui d’autre ? Fouzi Lekjaâ alors ? Oui. Cet homme, grand spécialiste (adoubé) des finances publiques et « politicien » madré et talentueux du foot continental, n’est peut-être plus à sa place à la tête de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), après l’avoir été quelques années seulement à la suite de son sacre de remplacement de son terne prédécesseur Ali Fassi Fihri, viré de la Fédération en 2013 avant d’être plus tard sévèrement reviré par le chef de l’Etat de l’ONEE qu’il dirigeait… pour être plus tard récupéré dans le privé, mais cela est une autre histoire qui concerne ledit privé.
Arrogant et suffisant, éternellement satisfait de lui-même et volontiers méprisant, Fouzi Lekjaâ préside aux destinées de la FRMF depuis 2014. Et depuis 2014, qu’avons-nous gagné ? Rien, ou du moins pas grand-chose dont cette grande nation autoproclamée du football pourrait s’enorgueillir. Ou plutôt si : nous sommes toujours prometteurs avec une équipe qui n’en finit plus d’être jeune et dont on ne peut plus d’attendre les futurs challenges qui, on le sait maintenant, seront toujours autant de déconvenues.
Qu’on se le dise une fois pour toutes, avant d’aller chercher ailleurs des motifs de fierté et de joie : entre les bons copains et les rudes coquins, les Arsène Lupin et les inévitables mesquins, les incompétents et autres indélicats, nous continuerons encore et toujours de nous contenter de la seule et unique CAN de notre histoire, remportée en 1976… aux points !
Poisse de l’équipe ou angoisse des joueurs ? Solide malchance ou piètre gouvernance ? On pourra gloser des heures et des jours durant, peut-être des semaines et même des années, mais le résultat est là, inchangé, et nous devons y résigner : nous sommes une petite nation de football, avec des ambitions démesurées mais à la mesure des budgets colossaux engloutis dans une formation à la déception éternelle, les rares moments de joie étant seulement l’exception qui confirme la règle.
Questions subsidiaires : pourquoi les locaux ont-ils remporté deux fois consécutive la CHAN, étant les seuls à avoir réussi cette prouesse ? Pourquoi Ssi Lekjaâ ne rend-il pas des comptes avant de s’en aller, piteusement, ou d’être maintenu, éventuellement ?
Allez, restons constructifs : place au Mondial… mais restons réalistes : en route pour une autre déception.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panora Post