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Commençons par le second… Cette affaire d’examen des (futurs) avocats qui a fait couler beaucoup d’encre, de salive, de sueurs froides et de chaudes larmes … cette affaire qui a fait monter le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi au créneau, qui lui a fait dire tant de choses, puis leur contraire… cette affaire qui semble être oubliée, et qui ne doit surtout pas l’être.
Elle ne doit pas être oubliée parce que nous autres, Marocains, avons peut-être la faiblesse de croire que nous sommes un pays où le droit n’existe pas seulement, mais qu’il est appliqué, même contre les Grands.
Tant de choses ont été dites, sur les réseaux sociaux et dans les cafés que M. Ouahbi semble tellement mépriser, mais tant de choses sont restées en suspens. Il est assez regrettable que tous les organismes, professionnels, politiques ou corporatistes, qui ont donné de la voix soient entretemps devenus muets. Le ministre n’a bien voulu répondre qu’aux questions gentilles de personnes gentilles, mais pas à des questions de fond, posées entre autres par notre confrère medias24, qui n’a eu que le silence comme réaction.
Ssi Ouahbi a, dans l’intervalle, décidé d’ester en justice contre un candidat qui aurait utilisé deux numéros différents d’identité pour son inscription. Fort bien, la justice doit se prononcer.
Mais, pour aller en justice, le ministre disposait d’informations, ce qui n’est pas (encore) le cas des dizaines de milliers de candidats qui contestent les résultats affichés. Pourquoi le minist(è)re n’ouvre-t-il pas les listes au public, aux associations qui voudraient apporter la lumière, rien que la lumière, toute la lumière sur cette affaire ? Pourquoi les noms des candidats admis ont-ils été publiés sur une liste, mais pas leurs notes ? Tant de pourquoi face auxquelles le ministre reste coi.
Renoncer à apporter tous les éclairages sur cette affaire maintient le Maroc dans la position de pays « opaque » de laquelle ses citoyens voudraient tellement le voir sortir. L’Etat voudrait-il donc devenir « blanc » et non plus « gris » aux yeux du GAFI mais demeurer dans les « 50 nuances de gris » sur le plan de l’éthique ? Il serait navrant de craindre, puis de constater, et enfin de déplorer que oui.
L’autre affaire...est, bien évidemment, celle des billets du Qatar. Fin décembre, le ministre du Budget mais surtout président de la Fédération royale marocaine de football, Fouzi Lekjaâ, avait dit et redit, appuyé et martelé, le regard méchant, le sourcil froncé et le ton fort courroucé, qu’il disposait de rapports sur ce qui s’était produit dans cette affaire dans laquelle des gens aux comportements « indignes et misérables » avaient abîmé la fête de notre équipe nationale au Qatar.
Selon des propos rapportés par le journaliste Redouane Ramdani le 24 janvier, M. Lekjaâ a assuré que l’enquête se poursuit et comme il l’avait promis, ses résultats seront portés à la connaissance du public, ajoutant que « le plus important est que le dossier ne soit pas fermé ». M. Lekjaâ est un homme qui mesure ses propos, et il est connu et apprécié pour cela ; pourquoi a-t-il alors affirmé, confirmé, asséné, qu’il disposait des « rapports des autorités en charge de l’affaire » ? Ces « autorités » établiraient-elles donc avec légèreté des dossiers, des dossiers qui nécessitent plus d’un mois pour en confirmer les éléments ?
Il serait bien possible que les agendas actuels du football international (CHAN en Algérie et Mondial des clubs au Maroc) puissent retarder la publication des résultats, comme on le susurre ici et là… mais en quoi la publication des résultats de l’enquête nuirait-elle au Maroc puisqu’il s’agirait de soumettre à la justice un dossier appuyé par des preuves et renforcé par des faits étayés ?
Cela serait à l’avantage du royaume plus qu’il ne le desservirait. Et quand bien même il faudrait du temps pour affirmer les choses et affiner les accusations, pourquoi Fouzi Lekjaâ n’en fait-il pas une annonce publique, au nom de ce qu’on appelle communément et sous d’autre cieux le respect dû à l’opinion publique ?
En ces temps où le Maroc est attaqué par ses voisins européens au nom de principes de justice (qu’il sont les premiers à bafouer, mais cela est une autre histoire), et après un mois de folie où les Marocains se sont vus au centre du monde grâce à une bande de jeunes gens souriants et percutants, il est vraiment navrant de voir que certains de nos dirigeants, par inconsistance et arrogance pour M. Ouahbi et par insouciance pour M. Lekjaâ, n’agissent pas comme la loi, le droit, l’éthique et le respect le voudraient. Toujours les 50 nuances de gris…
Un seul, ou deux, jugements vous manquent et tout est dépeuplé.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost