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Balance des risques : le spectre de l’inflation l’emporte sur la croissance


le Lundi 3 Avril 2023

Tenue, le mardi 21 mars, la première session au titre de l’année 2023 du Conseil de Bank Al-Maghrib revêt une importance particulière. Elle intervient dans un contexte inédit ayant conduit, bon gré mal gré, à la décision de relever le taux directeur de 50 points de base à 3 %. Et ce, dans le but de prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues, cette fois.
Tel que défini par ses statuts, l’objectif de la Banque centrale consiste à maintenir la stabilité des prix.
Ce qui ne fait, nullement, référence à une inflation nulle, mais, plutôt, à son maintien à un niveau toléré et stable à moyen terme.



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Est-ce le cas aujourd’hui ?

Nullement. En dépit de trois hausses successives du taux directeur sur fond, ces derniers temps, d’une relative atténuation des pressions d’origine externe, l’inflation, poursuivant son envolée en interne, atteint les deux chiffres, soit 10,1 % en février 2023.
Un chiffre jamais atteint depuis les années 80. Les seniors en gardent de très mauvais souvenirs.


Ce n’est que trop, et les citoyens dont le pouvoir d’achat en fait les frais, ne peuvent plus suivre ou se contenter de sommaires déclarations gouvernementales qui ne reflètent aucunement ce qu’ils endurent ou subissent.

Les chiffres récemment dévoilés par Javier Diaz Cassou, Economiste senior principal à la Banque mondiale au Maroc cadrent parfaitement avec le ressenti de la majorité des Marocains.

Les autorités gouvernementales trop "sensibles " aux propos des Institutions de Bretton Woods, ne serait-ce que pour négocier leur demande d’un accord au titre de la Ligne de Crédit Modulable, ont tout intérêt à garder en tête le fait que "l’inflation annuelle a été pratiquement 30 % plus élevée pour les 10 % les plus pauvres de la population, par rapport aux 10 % les plus riches, principalement en raison de l’impact de la hausse des prix alimentaires qui représentent une part plus importante de dépenses chez les ménages les plus pauvres".

Qu’en est-il pour demain ?

A en juger par les projections de Bank Al-Maghrib, l’inflation, après avoir atteint 6,6 % en 2022, son plus haut depuis 1992, devrait rester à des niveaux élevés à moyen terme.

Déjà, au premier trimestre 2023, elle devrait poursuivre son ascension pour atteindre 9,1 % contre 8,3 % un trimestre plutôt, suite à l’accélération des prix des produits alimentaires à prix volatils qui devraient progresser de 22,4 % au lieu de 16,4 %.

En 2023, elle ressortirait à 5,5 % en moyenne et sa composante sous-jacente se situerait à 6,2 %, et ce, en raison essentiellement de la flambée des prix de certains produits alimentaires qui y sont inclus.

Bien plus, en 2024, sous l’hypothèse que les pressions aussi bien internes qu’externes continueraient de s’atténuer, la tendance fondamentale des prix se situerait à 2,3 %. Néanmoins, la décompensation programmée des prix des produits subventionnés devrait maintenir l’inflation globalement à un niveau élevé, soit 3,9 %.

Du coup, la Banque centrale estime que les risques entourant les perspectives demeurent très élevés, et peuvent, en cas de leur matérialisation, affecter la projection centrale, avec une balance orientée à la baisse pour la croissance et à la hausse pour l’inflation.

Les tensions géopolitiques, les chocs climatiques, la décélération de la demande étrangère et la dégradation de l’activité en zone euro sont autant de risques à prendre sérieusement en considération.





Lundi 3 Avril 2023

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