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Aïsha KANDISHA, b'ent bladi




Pr Fouad ZAIM

Elle est d'une beauté envoûtante et d'un charme exceptionnel. Elle a la peau blanche, les lèvres rouges,  les yeux bleus et de longs et magnifiques cheveux noirs. On ne la rencontre que la nuit, jamais le jour. Son attrait est si puissant qu'aucun homme ne peut lui résister, sauf celui qui la reconnaît. Elle n'a d'intérêt que pour les célibataires et les bergers nocturnes.

On la connaît sous le nom de Aïsha KANDISHA. Son nom, qu'il ne faut surtout pas prononcer au risque de la voir apparaître, serait une déformation du terme "Condessa", qui signifie "Comtesse" en portugais.

Elle aurait vécu au XVIème siècle, près de l'eau, dans une rivière non loin de la mer, aux environs de MAZAGAN, à l'époque de l'occupation portugaise (1502-1769).

Elle est là, mi-humaine mi-démone, Aïsha Kandisha..une fée pour les uns, une ogresse pour les autres. Elle est sûrement l'ambassadrice des "Jnouns".

Elle hante les lieux solitaires à la recherche d'hommes célibataires et de vagabonds à dévorer.

Elle maîtrise l'art de la transformation. Elle prend l'apparence d'une jolie femme avec des jambes et des sabots de dromadaire et, d'autres fois, celle d'une chèvre avec de longues mamelles et de jolies jambes de femelle, pour séduire les hommes et les rendre fous d'elle.

L'histoire de Aïsha Kandisha est, à vrai dire, celle d'une belle histoire d'amour. L'histoire de la vengeance d'une femme meurtrie. Aïsha est une amazigh de la région de Mazagan. Elle perd son mari, et ses enfants, tués de façon atroce par les Portugais qui occupent la ville.

Elle se jure de venger l'homme qu'elle a aimé et tous les siens et se fait passer, afin de mener à bien sa vendetta, pour une fille de joie. Elle séduit les officiers ennemis et les égorge en pleine forêt.

Les Portugais qui la surnomment la "Condesa", la font passer pour un être démoniaque, qui erre la nuit et s'attaque à tous les hommes qui croisent sa route. En fait, Aïsha est sélective, elle n'égorge résolument que des Portugais 

Aisha Kandisha, b'ent bladi, ne nous a, en fait, jamais quitté. Son univers fantastique a donné lieu à de nombreux films, notamment celui de Ibrahim Chakiri, "Elle", en 2006, mais aussi celui de Jérôme Cohen-Olivar sorti en 2010, "Kandisha", et un troisième d'Alexandre Bustillo et Julien Maury qui reprend la légende, en situant l'histoire, il faut le faire, à Paris.

Dans les années 1970, le groupe Jil Jilala lui consacre une chanson intitulée  "Lalla Aïsha" et plus tard, en1987, un groupe de musique populaire,  le "Aïsha Kandisha's Jaring effets", est créé à Marrakech.

En 2007, la pianiste et compositrice Leïla Olivesi publie "L'étrange fleur", sur lequel elle met en musique des poèmes en hommage à Aïsha Kandisha.

Par ailleurs, la confrérie des Hamadha et les Gnawis n'ont cessé de lui vouer un véritable culte.

Enfin le personnage de la muse de "Harrouda" de Tahar Ben Jelloun est directement inspiré de celui de notre héroïne.

Au cas où vous souhaiteriez en savoir plus -ce qui peut se comprendre-  n'hésitez surtout pas à consulter le "Dictionary of Gods and Goddesses, Devils and Demons" de Manfred Lurker. vous en apprendrez encore de biens bonnes ...sur Aïsha KANDISHA, b'ent bladi.
 
Pr Fouad ZAIM



Dimanche 31 Octobre 2021


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