Abdelouafi Laftit face aux défis du transport urbain : entre tensions des VTC et modernisation des bus
La question des tensions entre les taxis traditionnels et les opérateurs de VTC a été posée avec insistance lors d’une session parlementaire à la Chambre des conseillers. Abdelouafi Laftit a reconnu que le secteur du transport urbain est aujourd’hui confronté à une réalité incontournable : l’essor des applications de réservation de VTC, qui évoluent dans un vide juridique. Ces plateformes, bien qu’appréciées par une partie des citoyens pour leur praticité et leur modernité, sont perçues comme une concurrence déloyale par les chauffeurs de taxis traditionnels.
Le ministre a invité les parties prenantes à un dialogue constructif. « Il faut s’asseoir et échanger pour trouver une solution. Nous ne pouvons pas continuer ainsi », a-t-il déclaré. En soulignant l’importance d’intégrer les nouvelles technologies dans le paysage du transport urbain, Laftit a également annoncé qu’une étude approfondie est en cours pour réguler ce secteur. L’objectif est clair : légaliser les applications de VTC tout en garantissant une concurrence équitable et en répondant aux besoins des citoyens.
Cependant, cette régulation s’annonce complexe. D’un côté, les chauffeurs de taxis traditionnels exigent des protections contre ce qu’ils qualifient de "dérégulation sauvage". De l’autre, les opérateurs de VTC réclament une reconnaissance officielle pour exercer leur activité sans entraves. Pour Abdelouafi Laftit, la solution passera par un équilibre délicat entre innovation et respect des règles, afin de moderniser le secteur tout en apaisant les tensions.
Parallèlement à la question des VTC, le ministre de l’Intérieur a également abordé l’état préoccupant des bus dans plusieurs villes marocaines, notamment à Fès, où les transports publics sont souvent critiqués pour leur vétusté et leur inefficacité. Lors de son intervention, Abdelouafi Laftit a annoncé un programme ambitieux pour la période 2025-2029, visant à réformer en profondeur le transport urbain par bus.
Ce programme, doté d’un budget colossal de 11 milliards de dirhams, prévoit l’acquisition de 3.746 bus de haute gamme, dont 1.317 seront mis en service avant la fin de cette année. Ces nouveaux véhicules, qui s’inscrivent dans une vision durable et moderne, seront déployés dans des villes comme Fès, Marrakech, Tanger, Tétouan, Agadir et Benslimane. Le ministre a également insisté sur la séparation des fonctions d’investissement et d’exploitation : l’État se chargera de l’achat et de l’entretien des bus, tandis que leur gestion sera confiée à des entreprises privées.
Cette réforme marque une rupture avec les expériences précédentes, souvent critiquées pour leur manque de planification et leur incapacité à répondre aux besoins des usagers. À Fès en particulier, où les bus délabrés sont devenus un symbole des dysfonctionnements du transport public, cette initiative est perçue comme une bouffée d’air frais. En adoptant des méthodes modernes de suivi des contrats, telles que des plateformes numériques, le gouvernement espère garantir une qualité de service durable et adaptée aux attentes des citoyens.
Entre la régulation des VTC et la modernisation des bus, Abdelouafi Laftit s’attaque à deux défis majeurs du transport urbain au Maroc. Si la légalisation des applications de VTC pourrait offrir une alternative pratique et moderne aux citoyens, elle devra se faire sans marginaliser les taxis traditionnels, qui restent un pilier du transport public. De même, le renouvellement des bus dans des villes comme Fès représente une avancée significative, mais sa réussite dépendra de la mise en œuvre efficace des nouvelles politiques.
Ces deux dossiers illustrent une volonté de transformation profonde du secteur, mais ils nécessitent un équilibre entre innovation, régulation et prise en compte des réalités sociales. Abdelouafi Laftit, en tant que ministre de l’Intérieur, s’impose ainsi comme un acteur clé dans cette transition, où les attentes des citoyens et les résistances des acteurs traditionnels devront converger vers une solution commune.