Alors que le sport est confronté à des défis majeurs – inégalités salariales, violences sexistes et manque de reconnaissance des athlètes féminines – le Sénat choisit de prioriser un tout autre combat : interdire le port des signes religieux, et notamment du voile, dans les compétitions sportives. Une proposition de loi portée par le parti Les Républicains sera examinée ce mardi 18 février, avec le soutien du gouvernement sous réserve de certains amendements.
Une mesure inutile ou une volonté de contrôle ?
Jusqu’à présent, chaque fédération sportive avait la liberté de statuer sur cette question. Certaines disciplines, comme le football et le rugby, avaient déjà interdit le hijab sur le terrain, tandis que d’autres, comme l’athlétisme et le handball, ne voyaient pas la nécessité d’imposer une telle restriction. Cette autonomie semblait équilibrée, mais ne suffisait visiblement pas aux partisans de cette interdiction généralisée.
Selon Anne Andréa Vilerio, avocate en droit des libertés publiques du sport et ambassadrice pour l’association Femi’x Sport, cette mesure va bien au-delà de la laïcité. "Les fédérations, en tant que délégataires d’un service public, avaient jusqu’ici le droit de réglementer cette question. Cette loi veut leur retirer ce pouvoir de décision pour imposer une interdiction totale", explique-t-elle.
Une exclusion déguisée sous couvert de neutralité
En France, le débat sur le port du voile revient sans cesse, souvent non pour défendre la liberté de choix des femmes, mais pour leur dicter ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas porter. Cette proposition de loi illustre une fois de plus cette tendance. Alors qu’il n’existe aucun chiffre précis sur le nombre de sportives concernées, Michel Savin, sénateur LR à l’origine du texte, justifie la mesure par une formule évocatrice : "Un peu, c’est déjà trop."
Pour Béatrice Barbusse, handballeuse et sociologue, cette interdiction aurait des conséquences bien réelles pour les sportives concernées. "Elle risque de provoquer un déclassement, une perte de confiance et un sentiment d’injustice", analyse l’autrice du livre Du sexisme dans le sport.
Un détournement du sport à des fins politiques
Le sport devrait être un espace d’inclusion, de dépassement de soi et de cohésion sociale. Pourtant, il devient ici un terrain de bataille politique où des femmes doivent encore justifier leur présence non pas pour leurs performances, mais pour leur tenue.
Plutôt que de priver des sportives de leur passion sous couvert d’une neutralité à géométrie variable, pourquoi ne pas s’attaquer aux véritables urgences du sport ? Car à force de vouloir effacer toute identité visible de l’espace public, on risque d’aboutir à une pratique sportive qui exclut plus qu’elle ne rassemble.







Interdiction du hijab dans le sport : une obsession politique sous couvert de laïcité
Rédigé par Salma Labtar le Jeudi 20 Février 2025
Le Sénat étudie une proposition de loi visant à interdire le port de signes religieux lors des compétitions sportives. Officiellement justifiée par le principe de laïcité, cette mesure semble officieusement s’inscrire dans une volonté de contrôler une fois de plus la tenue vestimentaire des femmes.







Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 20 Février 2025
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