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Par Pr Aziza Benkirane
Au Maroc, ce fut pire, il fallait casser un empire, avec son organisation administrative, le Makhzen, et sa croyance irrationnelle dans une protection divine (la baraka) de ses sultans et rois chérifiens, ainsi que son refus plus tard de division par le Dahir Berbère.
Alors on le subdivisa en 5 bandes successives de 3 langues de colonisation différentes, tout en le grignotant à l’est au profit de l’Algérie. Afin « de les aider à s’entretuer » - pour reprendre le mot du machiavélique Général De Gaulle – le Maroc d’un côté, et l’exécutant testamentaire du Général qu’est devenue l’Algérie « indépendante » de l’autre.
De nos jours encore, l’Afrique du Nord reste colonisée.
L’Afrique s’éveille au déclassement de la France. L’enjeu éducatif est important à présent, il ne s’agit pas de donner un coup de pied dans la fourmilière, seulement en remplaçant une colonisation linguistique par une autre, créer des écoles espagnoles au nord ou au sud du Maroc. Ni même arabiser à outrance. Quitte à choisir une 2ème langue, obligatoire dans le secondaire.
Mais qui aura le courage de capitaliser sur la langue de l’unité, la langue maternelle, parlé tous les jours, de Tanger à Lagouira ?
Zapper sur la Darija, la standardiser, dans un système éducatif actuellement en perdition, qui impose 3 alphabets différents à nos enfants – leur faisant perdre trois années d’âge mental - et qui s’acharne à fabriquer depuis « l’indépendance » des générations de lettrés analphabètes, bipolaires, avec la fuite des cerveaux qui s’en suit ?
Au Xème siècle, l’Europe a adopté les chiffres arabes pour pouvoir commercer. Ne pourrait-on pas au XXIème adopter la Darija en caractères latins pour servir nos intérêts économiques.
La Turquie l’a fait et a pu décoller. L’Indonésie l’a fait, même la Somalie l’a fait pour rattraper son retard économique.
Iwa Hna, chno kan tsenaou bach enneqdou bladna ?
Rédigé par Pr Aziza Benkirane