La FIFA est-elle en passe de transformer la Coupe du Monde en un gigantesque tournoi ouvert à (presque) toutes les nations ? C’est la question qui secoue actuellement le monde du football, alors qu’une proposition inattendue a surgi au sein du Conseil de la FIFA : porter le nombre d’équipes participantes à 64 pour l’édition 2030, organisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal. Une idée qui promet de bouleverser les équilibres et de redessiner la plus prestigieuse des compétitions internationales.

C’est lors d’une réunion du Conseil de la FIFA que cette proposition a émergé, portée par Ignacio Alonso, représentant de l’Uruguay. Une proposition glissée sous la rubrique "divers", qui a pris de court plusieurs acteurs du football mondial. La nouvelle a d’abord été rapportée par The New York Times, et elle ne cesse depuis d’alimenter les débats.

Gianni Infantino, président de la FIFA et grand architecte des réformes récentes du football mondial, ne semble pas opposé à l’idée. Lui qui a déjà orchestré l’élargissement de la Coupe du Monde à 48 équipes dès 2026 pourrait bien voir dans ce nouveau format une manière de renforcer l’inclusivité du tournoi... mais à quel prix ?

D’un côté, les défenseurs de cette expansion y voient une opportunité historique. Plus d’équipes, c’est plus de chances pour les petites nations de briller sur la scène mondiale. C’est aussi, évidemment, plus de matchs, plus de droits TV, et donc plus de revenus pour la FIFA, qui mise depuis des années sur l’internationalisation du football. De surcroît, l’année 2030 marquera le centenaire de la première Coupe du Monde organisée en Uruguay, et quel meilleur hommage que d’ouvrir encore plus grand les portes de la compétition ?

Mais tout le monde n’est pas convaincu. Une Coupe du Monde à 64 équipes risque de diluer le niveau de la compétition. Déjà critiquée pour son élargissement à 48 équipes en 2026, la FIFA pourrait voir son produit phare perdre en attractivité. Les diffuseurs, en quête de confrontations spectaculaires et compétitives, pourraient ne pas accueillir cette réforme à bras ouverts.

Autre problème : la logistique. Avec 64 sélections, le tournoi pourrait exploser en durée et en nombre de matchs. L’édition 2026 comptera déjà 104 rencontres. Imaginez maintenant une Coupe du Monde encore plus massive ! Où placer les matchs ? Comment gérer la fatigue des joueurs, déjà épuisés par des calendriers surchargés ? La rentabilité économique justifie-t-elle un bouleversement aussi radical du format ?

Infantino ne fait pas mystère de son ambition d’élargir le football à l’échelle mondiale. Son mandat a été marqué par des tentatives répétées de réformes, parfois controversées. Il y a quelques années, il avait tenté d’imposer un Mondial biennal, proposition vite torpillée par l’UEFA et d’autres instances influentes. Mais l’homme fort de la FIFA sait rebondir. L’élargissement progressif des compétitions, qu’il s’agisse de la Coupe du Monde masculine, féminine ou du Mondial des clubs, s’inscrit dans cette logique d’expansion permanente.

Mais jusqu’où pousser cette logique ? Certains observateurs y voient une dérive commerciale masquée derrière des arguments d’inclusivité. "Plus d’équipes, plus de diversité", certes, mais aussi plus de revenus pour une FIFA dont la manne financière dépend de la vente des droits de diffusion. L’équilibre entre spectacle sportif et considérations économiques semble de plus en plus ténu.

La question reste donc ouverte : la FIFA osera-t-elle une nouvelle révolution en 2030 ? Le débat est lancé, et les prochains mois seront décisifs pour trancher cette épineuse question. D’ici là, les supporters et les observateurs du football mondial scruteront avec attention les orientations prises par Gianni Infantino et son équipe.

Une Coupe du Monde à 64 équipes, est-ce la promesse d’un football plus universel ou le début d’une compétition dénaturée ? La réponse s’écrira dans les couloirs feutrés de la FIFA… et sur les terrains du Maroc, de l’Espagne et du Portugal.