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35 % des marocains désirent quitter le pays


Rédigé par le Vendredi 19 Août 2022

Quelque 34 % des Marocains souhaitent quitter le Maroc. C’est ce qui ressort de l’enquête menée par le Baromètre arabe sur la migration .Pour qui sonne le glas !?



Écouter le podcast en entier :


Un peu plus, un peu moins .

35 % des marocains qui désirent quitter le pays cela correspond à peu près à 15 millions de citoyens. Sans doute un peu plus ou probablement un peu moins .

L’enquête a été menée en 2021 et 2022 auprès de plus de 23 000 personnes dans 10 pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) dans le cadre de la 7ᵉ édition du rapport annuel du Baromètre arabe, un réseau de recherche basé à l’Université de Princeton, aux États-Unis.
Elle révèle que 34 % des Marocains (un Marocain sur trois) souhaitent émigrer. 22 % des Marocains ont déclaré vouloir migrer vers la France, 21 % souhaitent s’établir au Canada, 19 % ont opté pour l’Allemagne et seulement 15 % souhaitent quitter le Maroc pour se rendre aux États-Unis, détaille le Baromètre arabe.

28 % des Marocains qui veulent émigrer ont plus de 30 ans, tandis que 47 % ont entre 18 et 29 ans, est-il précisé. Quid de leur niveau d’éducation ?
40 % des d’entre eux détiennent un diplôme universitaire, et 32 % possèdent un diplôme d’études secondaires ou moins.
L’enquête révèle par ailleurs que 66 % des Marocains veulent quitter le Maroc pour des raisons économiques, 19 % souhaitent poursuivre leurs études à l’étranger, seulement 3 % veulent migrer pour des raisons de sécurité et que 53 % des sondés souhaitent émigrer sans même posséder des papiers légaux.

Mais , ce chiffre de un Marocain sur trois est très alarmant , vertigineux et laisse perplexe !

Ne nous voilons pas la  face car il faut reconnaître que l'hémorragie avait débuté il y a quelques années déjà avec la fuite des cerveaux comme les ingénieurs et les lauréats des grandes écoles, une immigration massive de médecins et d'infirmiers avant même la crise du Covid et certainement pire après,  ainsi que d'autres cadres qui ont choisi de s'exiler sous des cieux plus cléments .

Sans oublier tous ces sportifs qui profitent de compétitions à l'étranger pour disparaitre dans la nature !

Si la tendance continue car apparemment elle va s'accentuer , le Maroc risque de se vider  et de se priver de centaines de milliers de ses meilleurs cadres et pour le moment cela n'a pas l'air d'alerter nos décideurs .

Normalement, cette situation aurait dû mettre la puce à l'oreille des responsables car l'heure est grave.

Et pire , elle menace de s'aggraver car même si les pays du Nord font semblant de se barricader ,  dans les faits ils accueillent à bras ouverts nos cadres les plus qualifiés dans le cadre de " l'immigration choisie " .

Il serait , effectivement , grand  temps de remuer le couteau dans la plaie et de regarder en face la triste réalité. 

Il n'y a pas de fumée sans feu et même si beaucoup d'économistes et de politologues vont avoir le cynisme d'affirmer que cela va faire des rentrées significatives de devises, il est temps pour tout ce beau monde de sérieusement faire une profonde remise en question.

Ainsi, le Maroc qu'on présentait comme un dragon, un exemple pour les pays émergents serait devenu très peu attractif pour une très grosse proportion de sa population.

S'agit-il d'une question de qualité de vie ou de niveau de vie !?

Pour le reste , nonobstant la conjonction des ingrédients du mécontentement que tout le monde connaît il y a un pas entre l'état d'esprit de ce pourcentage de la population qui souhaiterait quitter le pays et ceux qui vont véritablement réussir dans leur entreprise d'immigration.

Un flagrant désaveu pour la classe politique 

Il faut dire que les promesses non tenues, pour l'instant,  par le gouvernement ont sérieusement et durablement mis à mal le moral des ménages marocains perturbés par trois années d'état d'urgence sanitaire, par une conjoncture économique difficile et surtout par la menace omniprésente de la vulnérabilité économique et de l'insécurité sociale .

 Parmi les meilleurs dans les classements mondiaux sur la corruption ou la fuite des capitaux par exemple, le Maroc figure parmi les derniers dans tous les classements concernant l'éducation et le développement humain.
A un certain moment, il faudra savoir se poser les bonnes questions.

Avec tout ce que cela coûte aux ménages , l'enseignement, ou plutôt ce qui nous tient lieu de système éducatif, est en pleine faillite .

Fait très significatif, le 15 août dernier aucune université marocaine ne figurait dans le top 1000 du classement Shanghai des meilleurs établissements dans le monde .

Et le pire , c'est que plusieurs pays africains et arabes nous ont largement dépassé dans le domaine de l'éducation.

Plus récemment encore, la crise du Covid a révélé au grand jour ce que l'on savait déjà mais que beaucoup préféraient taire , à savoir la grande détresse et l'insoutenable vulnérabilité du système de santé ainsi que la précarité sociale de millions de défavorisés.

Cette situation est la conséquence de nombreuses et longues années de négligences , d'incompétence, d'évaluations biaisées des politiques publiques et surtout de responsables n'ayant pas servi l'intérêt général sans avoir eu à rendre des comptes.

C'est de la très mauvaise foi de venir aujourd'hui affirmer que cela est dû à la conjoncture actuelle car l'alibi du Covid et l'excuse de la guerre d'Ukraine ne sont absolument pas des arguments crédibles .

Même chose en ce qui concerne les inégalités croissantes , les disparités régionales du fait de la non- répartition des richesses et de l'ascenseur social qui est condamné à demeurer en panne faute de perspectives socio-économiques qui pourraient valoriser tout un chacun.

Il est très urgent de mettre au point une nouvelle offre politique car la situation actuelle est un véritable désaveu pour la classe politique paralysée par l'inertie du tourbillon des privilèges et des rentes .

Une offre politique  rénovée , novatrice et énergique où le Maroc aurait des projets pour tous ses enfants exactement comme tous les marocains ont des projets pour leur pays

.Une offre politique crédible et de nature à marquer les esprits car il faut absolument éviter le point de non-retour, celui où les marocains perdraient définitivement confiance en la classe politique, en leur démocratie, et malheureusement en leur pays .
Qu'on se le dise, le pire qui puisse arriver à notre pays ce serait cette grande évasion annoncée de tous ceux qui ont perdu foi en leur pays.

Par Hafid Fassi Fihri 





Hafid Fassi fihri
Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne,... En savoir plus sur cet auteur
Vendredi 19 Août 2022

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