Cependant, la réalité a rapidement démenti cette vision : ce qui devait être une migration temporaire s’est progressivement transformé en installation durable, donnant naissance à de nouvelles générations nées et élevées en Europe.
Ces nouvelles générations, bien que rattachées à leur pays d'origine, y retournent principalement pour les vacances estivales.
Cette situation a représenté un défi majeur pour les parents, qui ont dû redoubler d’efforts afin de transmettre à leurs enfants des valeurs de citoyenneté, d’amour de la patrie et d’attachement à leur héritage culturel, religieux, social et même politique.
Dans un premier temps, l’État marocain a manifesté un intérêt limité pour sa diaspora. Cependant, il a progressivement reconnu l’importance du lien profond que les Marocains de l’étranger entretiennent avec leur pays d’origine. Ce lien s’est notamment illustré à travers les transferts de fonds, qui ont joué un rôle crucial, notamment durant la pandémie de Covid-19. De même, lors du séisme d’Al Hoceima, la communauté marocaine à l’étranger a fait preuve d’une solidarité exemplaire, incarnant les valeurs de soutien mutuel et d’attachement à la patrie.
Cette connexion s’est également reflétée sur la scène sportive, notamment lors de la Coupe du monde, où les joueurs de l’équipe nationale marocaine ont transmis un puissant message d’unité et de fierté, célébrant leur identité et rendant hommage à la figure emblématique de la mère immigrée marocaine. Bien plus qu’une simple migrante en quête d’un avenir meilleur, la femme marocaine installée à l’étranger est un véritable symbole de résilience, de solidarité et de transmission des valeurs culturelles et religieuses. Elle bâtit une famille, s’investit dans sa communauté et reste profondément attachée à ses racines, offrant ainsi un modèle de force et de patience.
À travers leurs réussites dans divers domaines, qu’ils soient professionnels ou sociaux, les Marocain(e)s du monde contribuent à améliorer l’image de leur communauté à l’international, malgré les défis persistants auxquels ils font face.
Selon Rachida Mezyaoui, alors que la société célèbre les femmes en ce mois de mars, il est essentiel de rendre hommage à celles qui, par leur engagement et leur persévérance, contribuent à façonner le monde. Elle tient particulièrement à saluer la femme marocaine migrante, qui porte en elle les préoccupations de son pays d’origine tout en affrontant avec courage les défis de l’exil. Bien plus qu’une simple migrante en quête d’un avenir meilleur, celle-ci incarne la résilience, la solidarité et l’attachement à ses valeurs.
Elle construit une famille, participe activement à la vie sociale et économique de son pays d’accueil et représente un modèle de force et de patience. Si elle a contribué à améliorer l’image des migrants marocains à travers ses réussites dans divers domaines, elle continue de faire face à des défis, aussi bien à l’étranger que dans son pays natal. Malgré les avancées notables réalisées au Maroc, certaines lois et mentalités freinent encore son accès à l’éducation, à l’entrepreneuriat et à l’égalité professionnelle. L’accès aux services de base, notamment en matière de santé et d’éducation, demeure inégal, surtout en milieu rural.
Toutefois, des progrès significatifs ont été accomplis ces dernières années, avec la modernisation du Code de la famille et la promotion des femmes en politique, témoignant d’une volonté de bâtir une société plus équitable.
En ce mois dédié aux femmes, Rachida Mezyaoui salue la femme marocaine migrante, symbole de réussite et de détermination. Malgré les avancées, des défis persistent. Elle appelle donc à poursuivre les efforts pour un avenir où chaque femme pourra s’épanouir pleinement.
Khadija Boussena, quant à elle, récemment installée en Italie, a vécu des premiers jours marqués par la difficulté de l’éloignement familial, le choc culturel et le poids des stéréotypes qui lui rappelaient que son intégration n’était pas évidente. Pourtant, elle s’est accrochée, soutenue par quelques ami(e)s précieux(ses) qui l’ont aidée à surmonter les défis académiques, à découvrir une nouvelle culture et à naviguer dans ses questionnements identitaires.
S’adapter à un nouvel environnement ne se limite pas aux études, mais implique aussi une immersion dans un cadre socioculturel différent, où l’individualisme est plus prononcé et où les liens sociaux se tissent lentement. Peu à peu, elle a pris conscience de l’absence des petites choses du quotidien marocain, et la nostalgie ne se réduisait pas à des souvenirs sensoriels : elle éveillait en elle une réflexion profonde sur son identité. Où était sa place désormais ?
Avec le temps, elle a appris à transformer cette nostalgie en force plutôt qu’en fardeau. Son identité n’est pas figée : elle est à la fois marocaine et européenne. Vivre entre deux cultures est une richesse, un apprentissage constant où elle doit jongler entre adaptation et affirmation de soi.
Selon la vision de Mounya Allali, malgré les avancées réalisées par le Maroc ces dernières années, certaines préoccupations demeurent, notamment pour la femme marocaine. Des lois et procédures administratives continuent de freiner son accès à certains secteurs, comme l’investissement et l’entrepreneuriat, tandis que la lutte contre les violences faites aux femmes nécessite des efforts accrus.
L’inégalité des services essentiels, notamment en éducation – avec la déscolarisation des jeunes filles – et en santé, en particulier les soins maternels, reste un défi, surtout en milieu rural. De plus, certaines mentalités traditionnelles limitent encore l’autonomisation des femmes, notamment en politique et en leadership, appelant à un profond changement.
Toutefois, cette analyse critique n’atténue en rien la fierté des progrès réalisés. Grâce à l’implication de Sa Majesté le Roi et des princesses alaouites, des avancées notables ont été accomplies pour améliorer la condition féminine et l’élever au niveau des standards internationaux. La réforme attendue du Code de la famille marocain enverra un message fort au monde entier.
Dans sa réflexion sur la migration, Bouthayna El Moradi souligne que ce phénomène est aussi ancien que l’histoire elle-même. Si les moyens ont évolué, le parcours migratoire demeure une épreuve complexe qui façonne profondément la vie des individus. Certains y trouvent des opportunités déterminantes, tandis que d’autres doivent surmonter de nombreux obstacles.
Son propre parcours illustre cette dualité. En tant que femme marocaine et mère d’un nourrisson, elle a pris la décision difficile d’émigrer seule, laissant derrière elle son enfant et son mari pour poursuivre son ambition académique et scientifique. Dès son arrivée, l’éloignement familial, la barrière linguistique et le choc culturel se sont imposés comme des défis majeurs. Elle a également dû faire face à la discrimination, notamment en raison de son voile.
Cependant, en s’entourant de réseaux de soutien et en s’impliquant dans des associations, elle a su surmonter ces obstacles, s’intégrer et créer de nouvelles opportunités. Aujourd’hui, elle porte un regard empli de fierté sur cette expérience, qui, malgré ses difficultés, a été une source d’apprentissage et d’évolution. De retour auprès des siens, elle mesure combien la migration est une aventure à la fois éprouvante et enrichissante. Sa réussite repose sur la capacité à s’adapter, à saisir les opportunités et à rester fidèle à son identité et à ses valeurs.
Enfin pour Sanaa Eddiry, certaines racines sont indélébiles. Où que l’on soit, elles continuent de nous habiter, de façonner nos rêves et d’influencer nos choix. Son ancrage, c’est le Maroc, cette terre qui l’a vue grandir, imprégnée de valeurs solides et de traditions porteuses de force et d’appartenance.
Un jour, elle a pris son envol vers la France, attirée par les opportunités académiques et scientifiques qu’elle pouvait y trouver. Là-bas, elle a découvert un nouveau monde, nourri sa passion pour la recherche médicale et construit un avenir. Mais jamais elle n’a cessé de ressentir ce lien indéfectible avec son pays d’origine. À chacun de ses retours, elle observe un Maroc en pleine évolution. Les infrastructures scientifiques et médicales se modernisent, et surtout, les femmes jouent un rôle clé dans cette transformation. Elles ne sont plus confinées aux rôles traditionnels : elles sont enseignantes, chercheuses, ingénieures, entrepreneures, affirmant leur présence et contribuant activement au progrès du pays. Ce changement est une source de fierté et d’espoir pour l’avenir.
Sanaa Eddiry se définit comme une femme marocaine et une citoyenne du monde. Si elle a choisi l’expatriation, son attachement au Maroc demeure intact. En ce mois où l’on célèbre les femmes, elle rend hommage à toutes celles qui, où qu’elles soient, portent haut les couleurs du Maroc et participent à façonner son avenir. Car c’est ensemble que se construit le Maroc de demain.
Ainsi, ces témoignages de femmes marocaines migrantes illustrent des parcours empreints de résilience, d’adaptation et d’un attachement profond à leur pays d’origine. Qu’elles évoluent dans la recherche, l’entrepreneuriat ou les études, elles portent haut les valeurs du Maroc tout en s’ouvrant au monde, transformant les défis en opportunités.
Leurs récits rappellent l’importance de poursuivre les efforts pour garantir une égalité des chances et un environnement propice à leur épanouissement, tant au Maroc qu’au sein des communautés expatriées. Car au-delà des frontières, ces femmes continuent de façonner l’image d’un Maroc en mouvement, ancré dans ses traditions mais résolument tourné vers l’avenir.