L’intelligence artificielle (IA), la robotisation et l’automatisation transforment profondément nos sociétés. Si ces avancées technologiques améliorent la productivité et réduisent les coûts pour les entreprises, elles posent aussi un défi majeur : la raréfaction de l’emploi humain. Face à cette mutation, un concept refait surface avec insistance : le revenu universel. Une mesure autrefois utopique qui devient aujourd’hui une nécessité sociale pour éviter une fracture économique grandissante.

Le progrès technologique a toujours modifié le marché du travail, mais l’essor de l’IA et de la robotisation pourrait supprimer davantage d’emplois qu’il n’en crée. Selon plusieurs études, près de 40 % des emplois actuels pourraient être automatisés d’ici quelques décennies.

Qui sont les plus exposés ?
 

• Les travailleurs peu qualifiés : Dans l’industrie, la logistique ou la grande distribution, les machines remplacent déjà les ouvriers et les caissiers.
• Les professions intermédiaires : Les assistants administratifs, comptables et employés de bureau voient leurs tâches être prises en charge par des algorithmes.
• Les travailleurs indépendants et précaires : L’essor des plateformes numériques et de l’IA réduit la valeur marchande de nombreux services.

Si ces transformations peuvent générer de nouveaux emplois dans des secteurs de pointe, il est peu probable que chaque emploi supprimé soit remplacé par un autre équivalent. Cela signifie que des millions de travailleurs pourraient se retrouver exclus du marché du travail, sans alternative viable.

Le revenu universel : une réponse à l’instabilité économique

Face à cette réalité, le revenu universel apparaît comme une solution sociale et économique pour garantir une sécurité financière à chacun, indépendamment de son emploi.

Le principe est simple : verser à chaque citoyen un revenu de base inconditionnel, suffisant pour couvrir les besoins essentiels (logement, alimentation, santé). Ce modèle présente plusieurs avantages majeurs :

Lutter contre la précarisation des travailleurs
Si l’emploi devient rare et incertain, un revenu universel permettrait d’éviter une explosion du chômage de masse et de la pauvreté.

Soutenir la consommation et la croissance
Avec un revenu de base assuré, les individus continueraient à consommer, garantissant ainsi la stabilité économique.

Favoriser l’innovation et l’entrepreneuriat
Libérés de la peur du chômage, de nombreux citoyens pourraient se consacrer à des projets entrepreneuriaux, artistiques ou sociaux, dynamisant l’économie d’une manière nouvelle.

Éviter une concentration excessive des richesses
L’automatisation profite principalement aux grandes entreprises et aux détenteurs de capitaux. Sans redistribution, l’IA risque d’accroître les inégalités. Le revenu universel permettrait d’assurer un partage plus équitable des gains de productivité.

Comment financer un revenu universel ?

Le principal obstacle au revenu universel est son coût. Toutefois, plusieurs solutions existent :
 

• Taxer les entreprises qui automatisent massivement : Une taxe sur les robots et les algorithmes pourrait compenser la baisse des cotisations sociales.
• Réduire ou fusionner certaines aides sociales : Un revenu universel simplifierait le système de protection sociale, réduisant les coûts administratifs.
• Redistribuer les gains de productivité : Une partie des bénéfices générés par l’IA pourrait être réinvestie dans un fonds public destiné à financer ce revenu.

Une nécessité sociale à anticiper dès maintenant

L’IA et l’automatisation ne sont pas une menace en soi. Bien encadrées, elles pourraient offrir à l’humanité une opportunité unique d’alléger la contrainte du travail et de permettre une vie plus libre et équilibrée. Mais pour cela, il faut repenser le modèle économique.

Le revenu universel n’est pas un luxe, c’est une réponse pragmatique aux défis du XXIe siècle. Dans un monde où le travail humain devient une ressource rare, il est impératif d’assurer un filet de sécurité économique pour éviter une société à deux vitesses, où seuls quelques privilégiés bénéficieraient des progrès technologiques.

L’heure n’est plus à la question de savoir si le revenu universel est souhaitable, mais comment et quand le mettre en place avant qu’il ne soit trop tard.