Par Adnane Benchakroun
Mes pieds foulaient le sable, brûlants et agités,
Cherchant un coin d'ombre, d'une allure nonchalante,
Sous un parasol vif, pour rêver, méditer.
Sangria en main, un livre aux pages jaunies,
Les mots de Spinoza dansaient dans mon esprit,
Quand soudain, vêtu d'une sombre hérésie,
Un homme s'approcha, d'un pas calme, indécis.
« Trouvez-vous mes pensées aussi brûlantes que ce feu ? »
Sa voix tranquille émergeait du souffle des vagues,
Je levai les yeux, surpris de ce vœu pieux,
Devant moi se tenait l’ombre d'un sage vague.
Spinoza, apparu comme sorti du néant,
Un sourire en coin, défiant le temps passé,
« N'est-ce pas là la nature de tout élan,
De transcender l'espace, de l'esprit dépassé ? »
Le réel s'effaçait sous ce ciel andalou,
Et les rires lointains se perdaient dans l'éther,
Je me trouvais soudain plongé dans un flou,
Où le mystique et le tangible se mêlaient, éphémère.
« Pourquoi ici, en Espagne, en cette ère banale ? »
Demandai-je, déconcerté par ce paradoxe,
« Mes idées n'ont nul besoin d'un lieu idéal,
Elles vivent à travers tout esprit sans équinoxe. »
Je cherchais dans ses mots une lueur de raison,
Dans ce monde moderne, si bruyant, si troublé,
Comment ces antiques pensées, hors de saison,
Pouvaient-elles encore en ces temps s’imposer ?
« Le tumulte n'est qu'une illusion passagère,
Tout est en Dieu, en Nature, en cette substance,
Le monde et ses méandres, sa course légère,
Ne sont que la manifestation d'une essence. »
« Où donc est notre liberté, dans cet ordre parfait ? »
Demandai-je, inquiet d'une vie sans choix,
« La liberté réside dans la clarté,
D'accepter la nécessité avec foi. »
Le sable sous mes pieds se faisait plus léger,
À mesure que je plongeais dans cet échange,
« Même ici, en vacances, tout est donc engagé,
Dans un fil invisible, un destin étrange. »
« Vos choix, vos actions, sont l’écho de votre être,
Sous ce parasol, vous embrassez votre essence,
Ce n'est pas une fuite, mais le vrai paraître,
Un dialogue profond avec votre conscience. »
« Et où placez-vous l'amour, la joie, l'imprévu ? »
Osai-je murmurer, dans l'ombre qui s'étire,
« Dans l'amour de la Nature, tout est vu,
La joie profonde est celle que rien ne peut circonscrire. »
Le jour s'effaçait, le soir tissait son voile,
Et le mystère d'un sage se dissipait en moi,
« Vivez en accord, laissez tomber le voile,
Soyez ce que vous êtes, comme l'univers en soi. »
Sur ces derniers mots, il se fondit dans l'air,
Me laissant seul, avec le murmure des vagues,
Mais en moi, pour toujours, ce dialogue sincère,
Résonnera, comme un parfum, doux et vague.