1. Introduction et Contexte

Le projet de tunnel sous le détroit de Gibraltar, visant à relier le Maroc et l’Espagne, revient sur le devant de la scène après plusieurs décennies d’études sporadiques. En 2023, les gouvernements des deux nations ont ravivé cette initiative, profitant d’un climat diplomatique favorable. Lors du sommet bilatéral de février 2023, ils ont réaffirmé leur volonté de concrétiser ce projet. Un an plus tard, en mars 2024, l’Espagne a renouvelé son engagement stratégique en appelant à une accélération des études techniques.

2. État d’Avancement et Faisabilité

D’un point de vue technique, une étude de faisabilité approfondie a été confiée en 2024 à une entreprise internationale, avec un budget de 296 400 euros (environ 3 millions de dirhams). La filiale espagnole du groupe allemand Herrenknecht, spécialiste du percement de tunnels, a été retenue pour livrer son analyse en juin 2025. Parallèlement, l’Espagne a mobilisé des fonds supplémentaires pour actualiser les données techniques et solliciter des experts internationaux, marquant ainsi la première relance complète des études depuis 2014.

Le tracé proposé relierait Malabata (Tanger, Maroc) à Punta Paloma (Tarifa, Espagne) sur une distance de 42 km, dont 27,7 km sous la mer. Le coût du projet est estimé à environ 6 milliards d’euros. Cette infrastructure pourrait accueillir 12 millions de passagers et transporter 13 millions de tonnes de marchandises par an, renforçant ainsi la liaison entre l’Europe et l’Afrique.

3. Défis Techniques et Solutions Innovantes

Le détroit de Gibraltar pose d’importants défis géologiques, avec des profondeurs atteignant 900 mètres et une activité sismique notable. Pour surmonter ces obstacles, des solutions innovantes sont envisagées, notamment l’usage de tunnels immergés et de foreuses de nouvelle génération. Des comparaisons avec le tunnel sous la Manche démontrent que, grâce aux avancées technologiques, la réalisation du projet est envisageable.

4. Impact Économique et Commercial

L’infrastructure renforcerait significativement les échanges entre le Maroc et l’Espagne. En 2024, le Maroc est devenu le 10e fournisseur mondial de l’Espagne, représentant 2,32 % des importations espagnoles et occupant la première place des fournisseurs africains (28 % des importations en provenance du continent). Par ailleurs, 61 % des exportations espagnoles vers l’Afrique et 79 % de celles à destination de l’Afrique du Nord sont dirigées vers le Maroc. Ce tunnel sous-marin favoriserait la fluidité des échanges commerciaux et stimulerait les investissements bilatéraux.

5. Tourisme et Grands Événements

Avec 17,4 millions de visiteurs en 2024, le Maroc a battu un record touristique qui pourrait être encore amplifié par cette liaison directe avec l’Espagne et l’Europe. Le port Tanger Med, premier en Afrique et en Méditerranée, tirerait parti de cette infrastructure pour renforcer son rôle de hub logistique international.

Par ailleurs, la Coupe du Monde 2030, co-organisée par le Maroc, l’Espagne et le Portugal, constitue une opportunité unique pour promouvoir ce projet. Le tunnel faciliterait les déplacements des supporters et des touristes entre les continents, dynamisant ainsi le tourisme marocain.

6. Perspectives et Conclusion

Les années à venir seront décisives pour finaliser les études techniques, mobiliser les financements et sélectionner les meilleures solutions de construction. Si ce tunnel voit le jour, il deviendra l’une des infrastructures les plus emblématiques du XXIe siècle, générant des retombées économiques, commerciales et touristiques considérables pour les deux rives de la Méditerranée.

Rédigé par Abdelghani El Arrasse