Je me trouvai soudain, à l’ombre d’un destin,
Victime du soleil, accablé par sa lueur,
Quand une ombre apparut, d’un autre temps, divin.
C’était Molière, vêtu d’un costume d’antan,
Son regard fatigué, mais l’esprit toujours vif,
Je m’approchai, surpris, le cœur battant,
« Que fais-tu ici, en ce lieu si lascif ? »
Il me sourit, ironique, sans trop d’émoi,
« La chaleur n’épargne point l’esprit le plus grand,
Même les plus grands penseurs doivent plier sous la loi,
Des maux du corps, qu’aucune pensée ne fend. »
Nous rîmes ensemble, malgré la chaleur,
Parlant de ses comédies, de ses satires mordantes,
« Vos œuvres, Molière, sont des miroirs sans leurre,
Où l’humanité contemple ses vanités troublantes. »
Il hocha la tête, pensif, l’âme en désarroi,
« Peut-être ai-je seulement peint la futilité,
Les travers des hommes, leur constant effroi,
Face à eux-mêmes, à leur propre fragilité. »
« Mais c’est là, cher maître, votre plus grand pouvoir,
Avoir su capter l’essence de l’humain,
Faire de la moquerie un art, et savoir,
Que vos leçons traverseraient les chemins. »
Il sourit, moins ironique, presque attendri,
« Croyez-vous donc que mes mots aient survécu,
À ces siècles où les hommes n’ont pas grandi,
Où l’hypocrisie reste encore sans but ? »
« Vos pièces, Molière, sont des éclats de vérité,
Elles montrent aux hommes leur image dans l’eau,
Même si les mœurs n’ont pas tant changé,
Vous leur avez offert un miroir, sans écho. »
Le silence régna, pesant comme l’air chaud,
Puis il se leva, comme regagnant vie,
« Si ce que vous dites est vrai, alors mon saut,
Sous ce soleil d’Espagne, n’aura pas été sans bruit. »
« Peut-être devrais-je écrire une nouvelle tirade,
Sur les absurdités de ce monde moderne,
Observer les hommes, sous cette mascarade,
Et révéler leurs masques, dans une pièce terne. »
Je ris, bien que la douleur fût encore là,
« J’adorerais la lire, cher Molière, mais pour l’heure,
Espérons qu’ils nous appellent d’un simple éclat,
Pour soigner nos corps, avant que l’âme ne meure. »
Il disparut soudain, tel un souffle de vent,
Me laissant seul, mais riche de ses pensées,
Ce jour-là, à Torremolinos, sous un ciel ardent,
J’avais vu l’esprit de Molière, par-delà les années.
Sous le soleil brûlant de Torremolinos, un esprit dérouté croit croiser Molière dans une salle d'attente.
Le poète, admiratif, lui rappelle la puissance de ses satires, révélant les travers de l'humanité. Dans un dernier souffle, Molière évoque l'idée d’une nouvelle tirade sur les absurdités modernes, avant de disparaître tel un rêve sous le vent chaud. Ce moment étrange et poétique fait écho à l'intemporalité de l’œuvre de Molière, reflétant toujours les mêmes questions essentielles sur la nature humaine.