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​M. Tebboune pour un retour à la case départ ou l’énergie du désespoir


La politique a ses saisons et si elles diffèrent entre l’hémisphère nord et l’hémisphère sud sur le plan interne, elles se rejoignent à l’international. En effet dès fin août les partis politiques européens entament leurs rentrées par des universités d’étés au cours desquelles les hommes politiques testent leurs arguments et les confrontent à leurs alliés avant d’affronter les nouvelles législatures. Ainsi va la vie politique dans les pays à tradition démocratique, un concept qui mérite une revue générale tant il est décrié aujourd’hui. Ce n’est pas le sujet.



Par Bargach Larbi

La rentrée c’est surtout à l’international avec l’Assemblée Générale de l’ONU, l’organe de gouvernance internationale le plus puissant depuis la deuxième guerre mondiale et l’instauration du Conseil de Sécurité et du droit de véto accordé aux Etats Unis, à la Russie, la Grande Bretagne, la Chine et la France. 

A l’occasion de cette Assemblée Générale les chefs de délégations, Chefs d’États, Premiers Ministres, Ministres des Affaires Étrangères ou Ambassadeurs auprès de Nations Unis prononcent des discours à travers lesquels ils expriment leurs préoccupations sur divers sujets, climats, environnements, sécurités, stabilités etc. Ce partage d’informations permet aux responsables onusiens de prendre la température du Monde et pour les sujets les plus importants un passage par le Conseil de Sécurité s’impose.

Ce Conseil se réunit régulièrement et se prononce immédiatement lorsqu’il s’agit de traiter un conflit grave, et chaque année il se réunit dans la foulée de l’Assemblée Générale pour se prononcer sur les missions initiées pour régler des litiges entre états.

Chaque année des résolutions sont prononcées à cet effet. Le Maroc est directement concerné par une d’entre elles, celles relative à la Minurso créé au lendemain de l’accord noué entre le Maroc et les indépendantistes du Polisario pour s’assurer de son correct suivi. Cet accord prévoyait un référendum des populations originaires de la région du Sahara anciennement colonisé par l’Espagne. La Minurso était lancée et un comité d’identification des populations originaires de la région était mis en place. Ce comité butera sur des désaccords majeurs. 

Cherchant à effacer l’histoire les représentants du mouvement indépendantiste ont voulu interdire l’accès aux urnes aux sahraouis ayant fui la région en 1958, au lendemain de « l’opération Écouvillon », cette opération militaire au cours de laquelle la France et l’Espagne ont tué dans l’œuf la première révolte visant le parachèvement de l’intégrité territoriale du Maroc.

Parallèlement le Polisario voulait intégrer toutes les populations d’origines algériennes, maliennes, nigériennes et tchadiennes aux quelques milliers de sahraouis ayant réellement fui le Sahara au lendemain de la marche verte.

Le régime algérien, parce que c’est de lui qu’il s’agit, refuse encore aujourd’hui le recensement des populations de Tindouf, objet pourtant des deux dernières résolutions de l’ONU pour deux raisons au moins. L’incapacité de prouver l’origine sahraoui de plus de 80% d’entre eux, selon des statistiques établies sur la base des populations qui ont quitté la région en 1975. Ces calculs tiennent compte des taux de fécondité et des taux de mortalité de la population.

La deuxième raison est encore plus sournoise, un recensement permettrait aux habitants de Tindouf de quitter leur camps grâce à leur nouveau statut de réfugié. Ceux qui sont partis, certains sont revenus via des circuits autorisés par Feu Hassan II qui leur a accordé son pardon, ont motivé leur départ par les risques de guerre à l’époque. Ils ont imité leurs anciens qui en 1958 avaient fui vers le nord du Maroc. 

Finalement cette confrontation n’a pas eu lieu, sauf si l’on qualifie de guerre, les batailles d’Amgala entre l’armée algérienne et l’armée marocaine. Par contre les actes de guérillas se sont multipliés financés par l’Algérie et la Lybie de Kadhafi par des milices encadrées par des cubains et depuis peu par le Hziboullah iranien. 

Ce blocage a obligé l’Onu à dissoudre le comité d’identification en 2000. Le problème était à nouveau sur la table, la solution référendaire écartée. L’ONU n’est pas restée les bras croisés et a proposé des solutions alternatives.

C’est ainsi qu’a germé chez les nouveaux responsables du dossier au sein de l’ONU l’idée d’une solution politique mutuellement acceptable par les parties. Maroc, Polisario, Algérie et Mauritanie se sont alors réunis sous l’égide de l’ONU.

A cette époque les Etats Unis sous Bush le fils, avaient sollicité la communauté internationale pour envahir l’Irak. La France avec Chirac et De Villepin s’y est opposée entrainant une grande partie de la communauté internationale. Le Maroc s’est rangé derrière la légalité, il en subira les conséquences.

En animal politique de premier plan Feu Bouteflika en profitera pour se rapprocher des américains et fera nommer son ami Cristopher Ross ex ambassadeur des USA à Alger, représentant du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara. Il multipliera les manœuvres diplomatiques pour affaiblir la position marocaine au point de proposer la création d’une république sahraouie à Dakhla contre la reconnaissance de la marocanité de la partie nord du territoire. James Baker se verra refuser cette démarche qui a eu pour seul mérite de démontrer que l’argument du référendum n’avait rien à voir avec les droits des peuples, c’était juste un clou dans la chaussure du Maroc. 

L’idée d’une solution prônant l’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine va changer toute la donne.

Elle est réaliste, le Maroc exerce la pleine souveraineté sur ses terres ou sont organisés des élections régulières engageant tous les partis politiques, généreuse, elle satisfait toutes les parties, les indépendantistes sincères pourront, s’ils gagnent les élections gérés leur région à leur guise et conforme au droit internationale, l’autonomie étant reconnue comme une forme d’autodétermination. 

Cette proposition gagne du terrain et s’impose aujourd’hui comme la seule alternative à un règlement pacifique du dossier.    

C’est pour ça que le discours de M. Tebboune à la tribune de l’ONU sonne creux. Il est vrai qu’il a d’abord choisi de défendre la cause palestinienne, un fond de commerce dont les bénéfices politiques chez la plupart des pays arabes est fructueux, pour au final soutenir la proposition du sommet arabe, une solution à deux états avec Al Qods Est comme capitale pour la Palestine.

Une solution prometteuse depuis qu’elle a obtenue l’aval de l’administration américaine et que Netanyahou à la tête du gouvernement le plus extrême de l’histoire israélienne n’écarte plus d’un revers de la main.

Il s’est ensuite mélangé les pinceaux avec cette histoire de dessalement de l’eau de mer avant d’aborder son sujet favori le Sahara et son rêve de le voir indépendant à ses bottes.

Rien d’étonnant à cette attitude, l’Algérie s’est mise dans un véritable pétrin en accueillant, non pas les vrais sahraouis, mais les autres qu’elle a voulu assimiler pour grossir le rang des « réfugiés ». Ils constituent un poids non négligeable dans l’équation. Le Maroc ne les acceptera jamais d’autant qu’ils ont été nourris à la haine de la patrie et qu’elles lui sont étrangères.

Les vrais sahraouis ont gardé de la famille à Laayoune Dakhla et Samra, leur intégration sera facile, un peu comme celle des 300.000 marocains expulsés par Boumediene au lendemain de la marche verte. Pour les autres leur nouvelle patrie c’est l’Algérie ou plutôt Tindouf.

L’irresponsabilité des dirigeants algériens qui permettent à M. Ghali d’utiliser l’avion présidentiel, d’accueillir avec les honneurs d’autres chefs d’états à l’aéroport de Tindouf comme s’il était chez lui ne restera pas sans conséquences. La mise à disposition de moyens importants ambassades, gouvernements, administrations à une entité fictive qui produit 0 euro de PIB, comporte un risque énorme. Tout cela relève de l’énergie du désespoir. 

Cette énergie a poussé la diplomatie algérienne a sollicité ses alliés qui tous ont évoqué dans leur discours à l’ONU « l’affaire du Sahara ».

Cette affaire n’est même pas considérée comme un conflit potentiel. M. Pascal Boniface dans son livre « La Géopolitique 50 fiches pour comprendre l’actualité » ne cite même pas cette affaire comme un potentiel danger géopolitique. Pour lui les conflits principaux sont celui qui peut opposer la Chine aux Etats Unis à propos de Taiwan, le conflit Ukraine Russie, l’Etat Islamique, Israël Palestine, l’Iran, la Syrie, le Yémen, la Lybie, l’Afghanistan, l’Inde et le Pakistan, le Tibet, la Corée, le Mali et le Sahel, le Soudan. Aucune trace du problème entretenu par le régime algérien.

La proposition marocaine d’autonomie a été proposée par la France, un pays ami qui a longtemps soutenu le Maroc et qui continue malgré un froid glacial. Elle est soutenue par les Emirats, l’Emir est un ami d’enfance du Roi, les pays du golfe, les Etats Unis, difficile d’oublier que c’est le Maroc qui a été le premier à reconnaitre leur indépendance et d’autres. Leur pression a été amicale, l’autonomie est une concession marocaine et bénéfique pour le pays et la région. Les pays qui soutiennent l’Algérie ne lui rendent pas service. 

On peut dire sans risque de se tromper que le Maroc a des amis, l’Algérie des complices. 

Au Maroc une nouvelle dynamique s’est instaurée en 2000, avec un nouveau Roi, une nouvelle équipe et une gouvernance focalisée sur la mise à niveau des infrastructures, la démocratie locale et l’ouverture vers l’horizon africain.

L’alternance initiée par Feu Hassan II avec la nomination de Feu El Yousfi en tant que 1er ministre d’un gouvernement de gauche donnait un nouvel élan à la politique marocaine qui tournait définitivement la page des années sombres des révoltes et des complots associés à une répression féroce qui a longtemps ternie l’image du pays. Certes il y a encore des journalistes en prison mais c’est pour des affaires de viols pour lesquelles il est difficile de remettre en cause la véracité des témoignages. Il y a tout de même des vidéos qui ont circulé. 

En tous les cas quelque soit le niveau du curseur, la situation des droits de l’homme au Maroc n’a plus rien à voir avec celle des années dites de plomb.  

La démocratie dépend aussi du niveau du curseur. Le premier ministre actuel a été élu en toute transparence, cela ne l’empêche pas d’être le plus impopulaire de l’histoire, il est vrai qu’il a pris ses fonctions au lendemain du Covid et qu’il subit les conséquences de la guerre en Ukraine.

Bargach Larbi



Dimanche 24 Septembre 2023


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