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​Chers ami(e)s, vous méritez mieux !




Par Mehdi TOUASSI

La brise marine qui autrefois caressait délicatement les rivages de Fnideq s’est muée en un souffle âpre et désenchanté, portant avec elle la désillusion d’une jeunesse qui ne rêve plus que de fuir. Chaque rafale, autrefois douce et apaisante, semble désormais porter l’amertume d’un espoir étouffé, une plainte lancinante. Ces vagues qui autrefois inspiraient le rêve s’écrasent désormais comme autant de promesses brisées. L’Espagne, si proche et pourtant si lointaine, apparaît tel un mirage pour ceux qui, lassés d’attendre des solutions qui n’arrivent jamais, tournent leur regard vers l’horizon, cherchant dans ces flots un avenir que leur terre ne semble plus pouvoir offrir.

Depuis 2012, le Rassemblement National des Indépendants (RNI) s’est installé dans les ministères vitaux du pays, promettant monts et merveilles. Mais aujourd'hui, ces promesses sonnent comme des échos vides dans l’immensité d’un désert économique. Qu’a-t-on vu depuis ces belles paroles sur le million d’emplois promis ? Ce chiffre, si souvent répété dans les couloirs du pouvoir, semble n’être qu’une illusion pour les habitants de Fnideq, Al Hoceima, et tant d’autres régions où le taux de chômage frôle des niveaux alarmants. À Fnideq, par exemple, le chômage atteint près de 30% chez les jeunes. Ce ne sont pas que des statistiques abstraites, ce sont des vies brisées, des familles désespérées, des rêves qui se dissolvent lentement dans l’attente d’un avenir qui ne vient jamais.

Et que dire du Rif, cette région au cœur du Hirak de 2016, où des milliers de voix se sont élevées contre la marginalisation et l’injustice. Le gouvernement avait alors promis un développement massif, des infrastructures, des emplois. Pourtant, quatre ans après, à peine 10% des projets annoncés dans le cadre du programme de développement du Rif ont vu le jour. Un chiffre dérisoire face à l’ampleur des attentes, et un affront pour une population qui ne demandait que la dignité. L’arrestation de plus de 150 jeunes militants, les longues années de réclusion infligées à ceux qui ont osé réclamer mieux, sont autant de cicatrices que ces vagues impuissantes ne pourront jamais effacer. Chaque vague qui s’échoue sur les côtes de Fnideq ou d’Al Hoceima porte avec elle le souvenir des espoirs déçus, des opportunités perdues, des rêves trahis.

Les réformes du RNI sont des mirages. Elles apparaissent à l’horizon, séduisantes, promettant des oasis de prospérité, mais lorsqu’on s’en approche, elles se dissipent, ne laissant que du sable entre les doigts. Où sont les infrastructures qui devaient revitaliser ces régions ? Où sont les usines, les écoles, les emplois promis à la jeunesse ? Rien de tout cela n’a été réalisé. Les vagues qui frappent les rochers des côtes marocaines ne sont plus une douce symphonie, mais un marteau qui s’abat sur les illusions d’un parti qui, depuis plus de dix ans, s’est montré incapable de répondre aux attentes du peuple.

Depuis leur arrivée au pouvoir, le RNI et ses alliés détiennent les ministères stratégiques de l’économie, de l’agriculture, et de l’industrie, mais leur gestion ressemble à une partie de dés hasardeuse. Chaque décision, chaque réforme annoncée semble aussi volatile que le vent qui balaie ces côtes désolées. Et les vagues, autrefois symboles d’aventure et de possibilités, ne sont plus que le bruit sourd d’une jeunesse qui regarde la mer non plus comme une source d’inspiration, mais comme la dernière porte de sortie. À Fnideq, comme ailleurs, il ne reste plus que des espoirs noyés, des vies piégées dans une attente interminable.

Le RNI s’est présenté comme un phare, mais au lieu de guider vers un avenir meilleur, il a laissé le pays sombrer dans une nuit encore plus obscure. Les habitants du nord, comme tant d’autres à travers le Maroc, méritaient mieux que cela. Leur slogan "Vous méritez mieux" résonne aujourd’hui comme une trahison, une ironie cruelle. En effet, nous méritons mieux : mieux que des promesses creuses, mieux que des réformes fantômes, mieux que des illusions perpétuelles. Nous méritons une vision claire, un avenir tangible, et non une série de discours vides et d’espoirs sans lendemain.

Et cette colombe, emblème du RNI, qui devait incarner la paix et la prospérité, n’est en réalité qu’un prédateur déguisé. Ses ailes immaculées cachent des serres acérées, prêtes à déchirer les derniers vestiges de rêves de notre jeunesse. Oui, nous méritons mieux que ces faucons déguisés en colombes, mieux que cette mascarade de réformes, mieux que cette trahison silencieuse. Chaque battement d’aile de cette colombe illusoire emporte avec lui les aspirations d’une génération sacrifiée.

À Fnideq, à Al Hoceima, et partout où le soleil brûle les rives de la Méditerranée, le murmure des vagues est devenu un chant funèbre, une complainte de l’abandon. Ce ne sont pas seulement des chiffres oubliés dans des rapports de cabinets ministériels, ce sont des destins en suspens, des vies piégées entre les promesses non tenues et la dure réalité d’un avenir qui s’éloigne chaque jour un peu plus. Nous méritons mieux, bien mieux. Que ce soit à Fnideq ou dans les montagnes du Rif, que ce soit en 2016 lors du Hirak ou aujourd’hui, la jeunesse marocaine ne demande qu’une chose : la dignité. Mais dans le sillage des vagues qui s’échouent, ce sont les promesses d’un avenir plus radieux qui continuent de se dissoudre, nous laissant seuls face à l’immensité de la mer.

Mehdi TOUASSI



Dimanche 22 Septembre 2024


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