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Violences faites aux femmes : un cri mondial pour la dignité et la justice


Rédigé par le Lundi 25 Novembre 2024

En ce 25 novembre, Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, nous devrions célébrer les progrès réalisés dans le combat contre ce fléau. Mais comment se réjouir lorsque les violences persistent, qu'elles soient physiques, psychologiques, économiques ou numériques ? Comment célébrer lorsque des femmes, partout dans le monde, subissent des agressions dans l’indifférence générale ?

La réalité est brutale : que ce soit dans les ruelles du Maroc, les camps de réfugiés palestiniens, les abris de fortune ukrainiens ou même les grandes capitales dites progressistes, les femmes continuent de porter le poids d’une violence systémique.



Au Maroc : une violence omniprésente malgré les réformes

Le Maroc, pays où les traditions cohabitent avec une modernité en quête d’équilibre, reste profondément marqué par les violences faites aux femmes. Malgré l’introduction de la loi 103-13 en 2018, visant à combattre les violences à l'égard des femmes, les défis sont nombreux. Certes, cette législation a permis des avancées, notamment en reconnaissant les violences psychologiques et économiques, mais son application reste problématique. Les lacunes structurelles, comme le manque de refuges pour femmes battues ou le faible nombre de plaintes réellement suivies d'effets, rendent la loi souvent inefficace.

Le harcèlement dans l’espace public reste une réalité quotidienne. Une femme ne peut pas marcher tranquillement dans les rues sans être exposée à des remarques déplacées, des regards insistants ou pire, des agressions. Dans le milieu conjugal, les violences domestiques continuent de détruire des vies, souvent justifiées par des normes patriarcales profondément enracinées.

Les violences numériques : un nouveau front de bataille

À l’ère des réseaux sociaux, une nouvelle forme de violence a émergé : les violences numériques. Les femmes marocaines, particulièrement celles qui s’expriment publiquement, sont devenues des cibles privilégiées de harcèlement en ligne. Insultes, menaces, diffusion de photos ou vidéos intimes : ces attaques visent à réduire au silence celles qui osent prendre la parole.

Les influenceuses, journalistes et militantes féministes sont particulièrement exposées. Pourtant, la réponse judiciaire à ces agressions est souvent insuffisante, laissant les victimes démunies face à une violence qui ne connaît ni frontières ni répit.

Les femmes dans les zones de guerre : victimes invisibles d’un chaos mondial

Les conflits armés exacerbent les violences faites aux femmes, transformant leurs corps en champs de bataille. En Palestine, les femmes vivent une double oppression : celle de l’occupation militaire et celle des structures patriarcales. Les maisons détruites, les familles séparées, et les arrestations arbitraires pèsent lourdement sur leurs vies. Les témoignages de violences sexuelles, d’exploitation et d’humiliations se multiplient, mais restent souvent ignorés par les instances internationales.

En Ukraine, la guerre a également transformé les femmes en cibles. Les viols utilisés comme arme de guerre, les abus dans les camps de réfugiés et le trafic humain sont autant de drames vécus par des milliers de femmes. Ces crimes, bien que documentés, peinent à susciter une réponse internationale forte.

D’autres zones de conflit, comme la Syrie, le Yémen ou la République démocratique du Congo, rappellent que la guerre amplifie toujours la vulnérabilité des femmes. Elles deviennent des victimes invisibles, reléguées au second plan des priorités politiques et médiatiques.

Une indifférence complice : où est la communauté internationale ?

Malgré les campagnes de sensibilisation, les hashtags viraux et les engagements des dirigeants mondiaux, la réponse à ce fléau reste largement insuffisante. Les budgets alloués à la protection des femmes sont dérisoires comparés à ceux dépensés pour des intérêts militaires ou économiques.

Les institutions internationales, bien qu’elles dénoncent les violences, peinent à mettre en place des mécanismes concrets pour soutenir les victimes, punir les agresseurs et prévenir les récidives. Les discours restent des promesses creuses lorsqu’ils ne sont pas suivis d’actions tangibles.

Un cri de révolte : il est temps d’agir

Les femmes n’ont pas besoin de journées symboliques, de campagnes publicitaires ou de lois non appliquées. Elles ont besoin de justice, de protection et de dignité.

Au Maroc, cela signifie renforcer les mécanismes de protection, former les forces de l’ordre et les juges à traiter les affaires de violences avec sérieux et empathie. Cela signifie aussi briser le silence dans les foyers, les écoles et les lieux de travail pour éradiquer la culture de la tolérance envers les abus.

À l’échelle mondiale, cela passe par une condamnation ferme et systématique des violences sexuelles dans les conflits, par un soutien concret aux réfugiées, et par la criminalisation universelle de toutes les formes de violences sexistes.

L’espoir d’un changement

Malgré ce tableau sombre, l’espoir réside dans la mobilisation des femmes elles-mêmes. Partout, des voix s’élèvent pour dénoncer, réclamer, agir. Ces voix, qu’elles viennent forment un chœur puissant que rien ni personne ne pourra réduire au silence.

Mais pour que ce cri devienne une révolution, il appartient à chacun de prendre sa part de responsabilité : hommes, femmes, gouvernements, institutions. Car la violence contre les femmes n’est pas une fatalité, mais une injustice que nous avons le devoir de combattre, ensemble.





Salma Labtar
Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Lundi 25 Novembre 2024

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