Les Marocains se tournent vers les viandes importées
Les étals des boucheries marocaines voient de plus en plus de viandes importées s’imposer dans les habitudes de consommation. Cette évolution, particulièrement visible dans les grandes villes comme Casablanca, est directement liée à la flambée des prix des viandes rouges locales, qui pousse les consommateurs à chercher des alternatives plus abordables.
Un boucher basé à Casablanca, interrogé par Le Site Info, a confirmé cette tendance en expliquant qu’il importe régulièrement des viandes ovines et bovines en provenance d’Espagne et de Belgique. Selon lui, ces produits offrent un rapport qualité-prix plus avantageux, répondant ainsi aux attentes des consommateurs marocains confrontés à des contraintes budgétaires croissantes. « Les viandes locales sont devenues trop chères pour une grande partie de la population. Les produits importés permettent de maintenir une activité stable tout en satisfaisant les clients », a-t-il déclaré.
La hausse des prix des viandes locales s’explique par plusieurs facteurs: la sécheresse persistante, qui affecte les pâturages et augmente le coût de l’alimentation animale, joue un rôle déterminant. À cela s’ajoutent les coûts de production élevés et les fluctuations des marchés internationaux, qui impactent directement les éleveurs marocains. Face à ces défis, les viandes importées apparaissent comme une solution de repli pour les consommateurs, mais aussi pour les professionnels du secteur.
Cependant, cette dépendance croissante aux produits importés soulève des questions sur l’avenir de l’élevage local. Les éleveurs marocains, déjà fragilisés par des conditions climatiques difficiles et un accès limité aux subventions, risquent de perdre leur compétitivité face à des produits étrangers souvent subventionnés dans leurs pays d’origine. Cette situation pourrait avoir des répercussions sur la souveraineté alimentaire du Maroc, un enjeu stratégique pour le Royaume.
Pour remédier à cette situation, des experts appellent à des réformes structurelles visant à soutenir l’élevage local. Cela inclut des investissements dans les infrastructures agricoles, une meilleure gestion des ressources hydriques et la mise en place de mécanismes de régulation des prix. En parallèle, des campagnes de sensibilisation pourraient encourager les consommateurs à privilégier les produits locaux, malgré leur coût parfois plus élevé.
En attendant, les boucheries continuent de jongler entre viandes locales et importées pour répondre à une demande en constante évolution. Si les viandes étrangères permettent de préserver le pouvoir d’achat des ménages, elles posent néanmoins des défis à long terme pour le secteur agricole marocain, qui devra trouver un équilibre entre compétitivité et durabilité.