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Par Najib Mikou
En premier, un facteur perturbateur dû à une reprise désordonnée de l’économie mondiale, après deux année de pandémie Coronavirus qui l’a mise en mode « somnolence ».
Et puis la ruée vers les sources d’approvisionnement de toutes les manières premières, a mis à mal aussi bien le transport international qui, beaucoup trop sollicité, a atteint des niveaux de prix dépassant l’entendement, que les grands ports internationaux qui se sont vus envahis, totalement encombrés, par des bateaux venant charger de partout et en même temps.
Ces deux phénomènes ont successivement et instantanément, provoqué le renchérissement des matières premières et un retard d’approvisionnement de plusieurs semaines, sinon de mois.
La suite de l’histoire est sans surprise : augmentation significative des prix à la consommation, doublée d’une rareté relative et artificielle des matières premières.
Si ceci suffisait amplement, à lui seul, pour induire une forte inflation, cette dernière ne devait être que ponctuelle, tant les carnets de commandes devaient retrouver leur rythme normal sous quelques semaines et les flux se calmer en conséquence.
Mais c’était sans intégrer l’imprévisible en ce moment précis du moins, qui a pourtant eu lieu.
Et bien sûr, un facteur amplificateur, dû à une guerre intervenue au mauvais moment et au mauvais endroit.
Le monde sortant à peine, délicatement et sur la pointe des pieds, d’une pandémie ravageuse, s’est retrouvé à plein subitement, dans un conflit armé frontal entre superpuissances qui, au-delà de tous ses effets induits sur les prix des matières premières, s’est aggravé par des sanctions économiques et financières dévastatrices.
Et par conséquent, l’inflation artificielle et ponctuelle de la reprise économique après le Coronavirus, s’est vite transformée en inflation structurelle.
Les prix des matières premières ont flambé davantage, les prix à la consommation ont naturellement suivi la tendance et le pouvoir d’achat s’est écroulé en conséquence.
Et le monde se retrouve aujourd’hui suspendu à la durée d’une guerre que personne ne veut arrêter avant de faire plier l’adversaire, quitte à ce que cela fasse effondrer l’économie mondiale et par là-même, que cela menace la stabilité sociale dans la plupart des pays.
Ceci dit, le mal « inflation » est-il irrémédiable ? Non, loin s’en faut.
Ce qu’il faut tout d’abord noter et déplorer dans l’état actuel des choses, c’est que les puissances qui détiennent la boîte à outils pour y faire face, agissent tous, sans exception, sur les conséquences et en aucun cas, sur les causes de cette inflation.
Relèvement des taux directeurs par les banques centrales, augmentation des quotas de pétrole par l’Opep, soutien du pouvoir d’achat, tentative de réorientation des sources d’approvisionnement …etc.
Tous ces outils très coûteux par ailleurs, peuvent très légèrement contenir la fougue de la demande mondiale, agir sur les prix à la consommation et faire baisser de quelques points, une inflation galopante, mais ne parviendront jamais à la juguler encore moins à faire retrouver à l’inflation ses niveaux du début de 2021.
Faire baisser l’inflation d’une façon rapide, saine et durable, passe inévitablement, par une action forte et immédiate sur ses véritables causes.
La guerre en Ukraine doit cesser dans des conditions qui garantissent les intérêts de tous les protagonistes.
Les sanctions doivent être intégralement suspendues de part et d’autre, d’une façon concomitante, dans une logique de gagnant-gagnant.
Les sources d’approvisionnement des matières premières doivent mieux organiser la logistique et les flux, pour éviter les encombrements et les retards.
Et les compagnies maritimes doivent mettre à la disposition de la demande mondiale, là où elle s’exprime le plus, la capacité de fret suffisante pour ramener le prix du transport international à son niveau normal et agir structurellement sur les délais d’approvisionnement. Ils en ont les moyens en nombre de bateaux et en organisation.
Grâce à ces mesures, l’indicateur « inflation » fondera à coup sûr comme neige.
À défaut, l’économie mondiale continuerait sa descente aux enfers, irait assurément et rapidement vers sa propre ruine et bien des États deviendraient chaotiques, ingérables.
Rédigé par Najib Mikou sur Maroc Diplomatique