Cette déclaration, perçue par beaucoup comme un clin d’œil à l’électorat du Rassemblement national (RN), a immédiatement suscité des réactions enflammées, y compris au sein de son propre camp. En reprenant une rhétorique proche de la théorie du "grand remplacement", souvent associée à l’extrême droite, le chef du gouvernement semble vouloir séduire une partie de l’opinion publique préoccupée par les questions migratoires.

Le "sentiment de submersion" fait écho à une perception répandue chez certains Français, notamment dans les zones rurales et périurbaines, où la présence de populations immigrées est parfois perçue comme une menace pour l’identité culturelle et économique. Cependant, cette déclaration a également provoqué des réactions indignées, notamment à gauche. Le député socialiste Arthur Delaporte a dénoncé un "arrière-fond xénophobe", tandis que d’autres voix ont critiqué une tentative de normalisation des idées de l’extrême droite.

Cette sortie intervient à un moment délicat pour le gouvernement, alors qu’il cherche à faire passer des réformes controversées, notamment sur le budget 2025. Avec la menace d’une motion de censure portée par le RN et d’autres partis d’opposition, le Premier ministre semble jouer une carte risquée : celle de parler à l’électorat conservateur tout en espérant maintenir le soutien de son propre camp.

Le recours éventuel à l’article 49.3 pour faire adopter le budget pourrait encore exacerber les tensions. En décembre dernier, les députés RN avaient déjà surpris en soutenant certaines initiatives gouvernementales, montrant leur capacité à peser dans les décisions politiques. Cette nouvelle déclaration pourrait donc être perçue comme une tentative de courtiser cet électorat stratégique.

Au-delà du débat politique, ces propos soulèvent des questions fondamentales sur la gestion de l’immigration en France. Si certains estiment que le pays doit mieux réguler les flux migratoires pour préserver son modèle social, d’autres rappellent que l’immigration contribue également à l’économie, notamment dans des secteurs en pénurie de main-d’œuvre.

Le risque d’une polarisation accrue est réel. En reprenant une rhétorique clivante, le gouvernement pourrait alimenter les tensions sociales et renforcer les divisions entre les différentes composantes de la société française.

La rhétorique du "sentiment de submersion" n’est pas unique à la France. Dans d’autres pays européens, comme l’Italie ou la Hongrie, des dirigeants ont également utilisé des termes similaires pour mobiliser leur base électorale. Cependant, ces discours ont souvent conduit à une stigmatisation accrue des populations migrantes et à une montée des tensions sociales.

En reprenant des éléments de langage associés à l’extrême droite, le Premier ministre prend un risque politique majeur. À court terme, cette stratégie pourrait lui permettre de capter une partie de l’électorat conservateur. Mais à long terme, elle risque d’affaiblir la cohésion sociale et d’accentuer les fractures politiques. La gestion de l’immigration reste un défi complexe, nécessitant des réponses nuancées et inclusives plutôt que des déclarations polarisantes.